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Par Elodie Dalloo
12 juin 2023 15:51
C’est une affaire qui avait suscité la consternation. En mars 2020, rappelons-le, le cadavre partiellement calciné de la petite Fareeda Jeewooth avait été retrouvé dans un champ à Résidence Onyx, Quatre-Cocos. Appréhendé, son beau-père Deven Chiniah avait reconnu l’avoir frappée avec un morceau de bois à la tête. Après s’être aperçu qu’elle ne respirait plus par la suite, il avait tenté, avec l’aide de Pallavi Khedoo, sa compagne et la mère de la fillette de 7 ans, de se débarrasser de son corps sans vie, notamment en y mettant le feu, puis en tentant de le découper en morceaux, pour enfin se résigner à l’enfouir sous un tas de fumier dans une plantation de pommes d’amour. Trois ans après le drame, soit le 18 mai 2023, au terme du procès en Cour d’assises, le juge Lutchmeeparsad Aujayeb a tranché : il a condamné Deven Chiniah à 40 ans de prison pour l’assassinat de la fillette alors que Pallavi Khedoo a écopé de trois ans de prison pour avoir aidé son concubin à se débarrasser du cadavre. Une sentence qui ne fait pas l’unanimité, tant au sein de l’entourage de la petite victime qu’au niveau de certaines institutions.
L’organisation SOS Papa n’est pas restée insensible à cette bouleversante affaire. Après avoir approché l’entourage de Fareeda Jeewooth, qui avait fait part de son intention de faire appel de la sentence infligée à Pallavi Khedoo, jugée insuffisante, son fondateur Darmen Appadoo a envoyé une correspondance au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) ce mercredi 7 juin pour lui demander une révision de la décision du juge. S’il considère les 40 ans de servitude pénale imposée à Deven Chiniah comme une «well-deserved punishment for such an atrocious crime», comme il l’indique dans cette lettre, il trouve que les trois ans d’emprisonnement imposés à la mère sont «hard to swallow».
D’après lui, cette sentence «does not reflect the gravity of the offence committed in as much as she has admitted that she has clearly and actively participated in the killing of her own child». Il s’interroge par ailleurs : «Why have authorities shown so much leniency against the mother who is as much guilty as the principal murderer? Is that because of the fact that they are women and that they are not supposed to be evil doers? Clearly it’s not the right signal sent to some irresponsible mothers who mostly have custody of children.»
Dans cette même correspondance, Darmen Appadoo fait état de plusieurs points qu’il qualifie de «disturbing» dans le jugement de la cour. D’abord, il estime que la charge ayant été logée contre Pallavi Khedoo dans cette affaire, soit celle de «concealing corpse», ne suffit pas car l’accusée avait admis avoir tabassé sa fille et l’avoir mise au lit sans lui prodiguer des soins alors qu’elle se plaignait de douleurs à la tête : «This is enough evidence for me to put a charge of “conspiracy” against her.» Puis, il fait ressortir que Pallavi Khedoo n’a pas seulement tabassé sa fille ; elle n’a pas, non plus, agi lorsque son concubin a tenté de découper son corps en morceaux sous ses yeux. «The distressing question arises as to how a mother who gave birth to a child could witness, accept and even participate in such an atrocity inflicted upon her own child? Simply saying that she was forced to do so is not a valid excuse.»
Faisant ressortir que l’accusée avait déclaré souffrir de dépression depuis le décès de sa fille, il poursuit : «But it was never confirmed by any medical expert that she was on antidepressants, at least not in the judgement.» Il se demande aussi : «How can a person say that she was undergoing depression, but she has enough sense to think of concealing a body?» Enfin, il est d’avis que «the principle of proportionality should be once again taken into consideration bearing in mind that Pallavi Khedoo has actively participated in the killing of her own child. The proportionality does not only apply to the accused but to the victim who has lost her life too. An innocent young soul who had barely enjoyed the gift of life».
Pour toutes ces raisons évoquées dans sa lettre, et jugeant que justice n’a pas été rendue à Fareeda Jeewooth, il formule une demande au DPP : «It is my humble request to you to use your power vested upon you by section 72 of the Constitution to consider filing an appeal against the sentence pronounced against Pallavi Khedoo in this case.»
Dans cette correspondance, Darmen Appadoo a également partagé ses observations sur certaines anomalies dans le fonctionnement de nos institutions. Il évoque le fait qu’avant le drame, la Child Development Unit (CDU) avait été «formally notified, notwithstanding multiple complaints that have been brought to their attention» mais que «no clear actions were taken to protect the child. Even after calls from neighbours, no officer from the CDU ever came to assess the toxic situation». Il se demande pourquoi ces officiers n’ont pas, non plus, été appelés à témoigner dans cette affaire. Il s’interroge aussi sur l’enquête policière conduite car «despite clear and concrete proof of violence and sexual assaults and with a helping hand given to the murderer by the mother», cette dernière n’a pas été jugée comme une «active accomplice». Enfin, il qualifie d’«inexplicable» le fait que la Family Court avait, dans le passé, confié la garde de l’enfant à sa mère contre son gré. «Her prayer for safety has been denied, resulting in her barbaric death.»
Pour conclure, Darmen Appadoo est d’avis que «distressed and ill-treated children should be very disappointed by this so-called adult justice».
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