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Ces nombreux jeunes partis trop tôt

4 janvier 2025

Quatre morts et deux miraculés à Beaux-Songes

 

Cet accident de la route a été le plus meurtrier de l’année, ayant coûté la vie à quatre jeunes et laissé des séquelles aussi bien physiques qu’émotionnelles aux deux seuls survivants de la tragédie. Le samedi 12 octobre, cette collision mortelle survenue aux petites heures du matin, à Beaux-Songes, a endeuillé toute la population. Darel Agathe, 19 ans, Phoebe Nina, 19 ans, Dylan Sans Souci, 20 ans, et Wakeel Timol, 32 ans, n’ont pas survécu après que la BMW blanche à bord de laquelle ils se trouvaient a quitté sa voie pour aller percuter de plein fouet un camion, un drame qui continue de peser sur la conscience des membres de leur famille.


Ce n’est qu’après près de deux mois d’hospitalisation que Bradley Henry, 19 ans, l’unique rescapé de la BMW, a pu regagner son domicile. Il lui faudra du temps pour se remettre des blessures corporelles et morales que lui a infligées cet accident qui l'a plongé dans le coma pendant plusieurs semaines. Il n’a aujourd’hui plus aucun souvenir de la collision, apprend-t-on, mais se remet encore du choc d’avoir perdu ses quatre amis. Pendant plusieurs jours, après qu’il a ouvert les yeux, il a cru que ses amis se remettaient comme lui de leurs blessures, mais son entourage n’a pas pu lui cacher la vérité bien longtemps.

 

L’autre survivant est Heetesh Bhujun, le conducteur du camion, âgé de 23 ans. Les séquelles que lui a laissées cette collision continuent encore d’impacter sur son quotidien. Pour cause, l’habitant de Paillotte, qui se rendait dans la plantation de son père lorsque son véhicule au moment du drame, est toujours en fauteuil roulant après une intervention chirurgicale au tibia et a dû mettre ses projets en suspens. Il a dû décaler d’un semestre les études supérieures en management qu’il était sur le point d’entamer. Il s’estime tout de même chanceux que sa ceinture de sécurité l’ait épargné de blessures plus graves, même s’il se désole de ne pouvoir reprendre le cours normal de sa vie avant longtemps. 

 


 

 

Sohil Choytooa, 21 ans, meurt coincé sous la voiture qu’il conduisait

 

Il était le benjamin de sa famille. Il avait deux sœurs aînées. Il est décrit comme ayant été un bon vivant, très jovial et apprécié de son entourage. Ce jeune homme de 21 ans caressait le rêve de devenir taximan comme son père, mais le destin en a, hélas, décidé autrement. Sohil Choytooa a succombé à ses blessures après un tragique accident de la route survenu à Isidore-Rose dans la soirée du 27 août. Cet habitant de Trou-d’Eau-Douce est mort coincé sous la voiture qu’il conduisait. La police l’a retrouvé sous le véhicule lendemain matin au moment du remorquage. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à un «shock due to multiple injuries».


La victime revenait de Flacq ce soir-là lorsque l’impensable s’est produit vers 23h40. Sa famille avance qu’il était sorti pour aller déposer un ami. Son père, Ajay, a appris la terrible nouvelle 15 minutes plus tard. Paniqué, ce taximan de 52 ans explique qu’il s’est rendu sur les lieux du drame à Isidore-Rose en compagnie d’autres proches. La voiture que conduisait Sohil Choytooa «ti anbaloa». La police était déjà sur place. Le jeune homme était, lui, introuvable. Un ami avait retrouvé son portable sur l’asphalte.


Sa famille a alors cru qu’il avait pu s’en sortir en passant par la vitre de la voiture. Son père et ses autres proches avaient aussi pensé qu’il s’était peut-être caché dans un champ de canne «akoz li per». Ils avancent que la police les avait empêchés de «koste ek so loto dan sa moman-la». La police a précisé, peu après la découverte du corps que tous les protocoles avaient été respectés ce soir-là.


La voiture n’avait pas été remorquée en pleine nuit pour des raisons de sécurité. C’est le lendemain, vers 8h20 que le corps du jeune homme avait été retrouvé coincé sous sa Toyota alors que la police procédait au remorquage du véhicule. Au grand dam de sa famille qui est persuadée que si elle avait été autorisée à approcher la voiture accidentée la veille, elle aurait peut-être pu le retrouver vivant. 

 


 

 

Amputé des jambes après un accident, Brandon Arlapen décède quatre jours plus tard

 

Sa compagne Kimberly perd leur bébé deux semaines après sa mort

 

Cette famille a connu une succession de drames. Le 1er février, jour férié dans l’île à l’occasion de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, Brandon Arlapen, un habitant de Chebel âgé de 20 ans, avait été retrouver ses amis, tous des motards, pour un road trip. C'est en route pour Blue-Bay, plus précisément à hauteur de Gros-Billot, à New-Grove, que le drame est survenu. D’après des amis du jeune homme, celui-ci a perdu le contrôle de son deux-roues qui a dérapé, le propulsant sur l’asphalte. Au même moment, un camion qui passait par là lui a roulé sur les jambes avant de poursuivre sa route. Ayant subi de graves blessures, Brandon Arlapen a été conduit à l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle, en ambulance. Les médecins n’ont eu d’autre choix que de lui amputer les deux jambes. Malgré cela, le jeune homme est décédé quatre jours plus tard, succombant à des problèmes respiratoires. Ce qui avait permis aux membres de sa famille de s’accrocher, c’est le fait que sa compagne, Kimberly, alors enceinte de six mois, devait donner naissance à son premier enfant. Pouvoir retrouver une partie de Brandon Arlapen dans ce petit être les avait, d’une part, rassuré. Mais ils n'imaginaient pas que deux semaines plus tard, un autre malheur allait s’abattre sur eux lorsque Kimberly a perdu son petit ange. 

 


 

 

Pramevesh Sunyasee, 18 ans, meurt après une virée nocturne en voiture

 

Ses nombreuses blessures ont eu raison de sa jeunesse et de son courage. Pramevesh Sunyasee a poussé son dernier soupir à l’hôpital Jeetoo après cinq jours à l’unité des soins intensifs. Le jeune homme de 18 ans, habitant Hermitage, avait été grièvement blessé lorsque la voiture dans laquelle il se trouvait avait fait une violente sortie sur l’autoroute à Réduit, tout près de la station essence qui mène au Tribeca Shopping Mall. L’accident s’est produit vers 00h10, dans la soirée du samedi 1er au dimanche 2 juin.

 


Pramevesh Sunyasee était le cadet de sa famille. Il était en Grade 12 dans un établissement secondaire privé de Curepipe où il étudiait, entre autres, le Travel & Tourism et le droit. Il aspirait à faire carrière dans le domaine des ressources humaines. Mais le destin en a décidé autrement.


Le soir fatidique, le jeune homme avait quitté son domicile vers 20 heures avec deux autres amis. Ils étaient sortis pour aller voir la finale de la Ligue des Champions au Tribeca Shopping Mall. Ils ont quitté le centre commercial à la mi-temps pour ensuite y revenir. C’est sur le chemin du retour que l’impensable s’est produit. Selon la police, au moment de l'accident, Pramevesh voyageait dans une Subaru conduite par un jeune homme de 21 ans, habitant Vacoas.


Un autre ami âgé de 24 ans, habitant Hermitage, avait pris place sur le siège passager avant alors que Pramevesh se trouvait sur le siège arrière. La voiture a violemment heurté un parapet en métal avant de s’écraser contre un pylône électrique. Grièvement blessés, les occupants ont tous été transportés à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo. L’alcootest du conducteur s’est révélé négatif.


Après l’accident, Pramevesh Sunyasee avait raconté à ses parents les circonstances du drame. Selon ses dires, son ami aurait perdu le contrôle de la Subaru en voulant doubler un véhicule, pour ensuite essayer de tourner à gauche pour prendre la voie qui mène vers Tribeca Shopping Mall. Le jeune homme avait même demandé à son médecin traitant s’il allait pouvoir rejouer au football. Sa famille a cru qu’il allait s’en sortir mais ses nombreuses fractures ont fini par avoir raison de lui.

 


 

 

Yohan Bundhoo périt le jour de son 16e anniversaire

 

L’histoire de sa vie ne compte que 16 années. Le plus dramatique dans tout cela, c’est qu’elle a pris fin sur une note horrible. Yohan Bundhoo, un habitant de Mont-Ida, a succombé à ses blessures après un accident d’une rare violence, survenu sur la route principale de Bel-Étang dans la soirée du 25 avril, soit le jour de son 16e anniversaire. Le jeune homme pilotait une moto lorsque l’impensable s’est produit. Ce tragique accident de la route a fait deux autres victimes.


Il s’agit de Bilall Hossany, un habitant de Petit-Paquet âgé de 18 ans qui pilotait également une moto au moment des faits, et d’Akhil Rohomatally, 16 ans, un habitant de Médine-Camp-de-Masque qui voyageait, lui, avec Yohan Bundhoo. Ce dernier a poussé son dernier soupir après cinq jours d’hospitalisation à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Flacq. Ses deux amis, Yohan Bundhoo et Bilall Hossany, sont, eux, morts sur le coup.


Le soir fatidique, Yohan Bundhoo avait enfourché une motocyclette pour aller déposer son ami Akhil Rohomatally chez lui après moment festif à son domicile pour fêter ses 16 ans. Selon la police, ce soir-là, l’adolescent pilotait une Haojue qui ne portait pas plaque d’immatriculation et n'avait pas de phare. Les images des caméras Safe City ont montré que le deux-roues doublait un autobus à toute vitesse lorsqu’il est entré en collision frontale avec une autre moto pilotée par un ami de Yohan Bondhoo, Bilall Hossany.


Les trois jeunes ont été violemment projetés au sol. La police de la région est arrivée sur place vers 19h25 ce jour-là et décès de Bilall Hossany a été constaté sur place peu après. Celui de Yohan Bundhoo a été certifié à son arrivée à l’hôpital de Flacq. Akhil Rohomatally, âgé de 16 ans également, avait, lui, été admis aux soins intensifs ce soir-là après avoir reçu les premiers soins.


Les premières personnes arrivées sur place parlent d’une scène horrible. Les trois blessés baignaient dans une mare de sang. Les rapports d’autopsies indiquent que les trois amis ont succombé à leurs multiples blessures respectives. Yohan Bundhoo était étudiant en Grade 9 au State Secondary School de Camp-de-Masque. Il était orphelin de mère. Cette dernière est décédée d’un cancer il y a huit ans. Bilall Hossany a, lui, connu le même destin funeste que son père décédé dix ans plus tôt dans un accident de la route. Le jeune homme travaillait dans le département de la maintenance d’un hôtel de la région. Il venait d’acheter la Pulsar qu’il pilotait au moment du drame.


La vie n’avait pas non plus fait de cadeau à Akhil Rohomatally. Il était encore petit lorsque ses parents s’étaient séparés. Depuis, il était sous la responsabilité de sa grand-mère paternelle. Sa mère a refait sa vie et vit dans le Nord alors que père est en prison. Akhil Rohomatally avait mis fin à sa scolarité après la Grade 8. Il vivait seul depuis le décès de sa grand-mère trois mois plus tôt. Il travaillait dans une station-service pour gagner sa vie. Un voisin l’aidait en lui donnait un repas chaque soir. 

 


 

 

Christephen Mootoo, 17 ans, fait une sortie de route mortelle à Roche-Bois 

 

Il est rentré chez lui dans un cercueil après être sorti pour aller passer du bon temps dans un resto-pub de sa localité. Lui, c’est Christephen Mootoo, un jeune homme de 17 ans, qui a été victime d’un terrible accident de la route aux petites heures du matin du 3 novembre. Selon la police, cet habitant de Résidence Briquetterie pilotait une moto qui a terminé sa course contre un mur à la route Abattoir, à Roche-Bois. L’autopsie a révélé qu’il a succombé à des «cranio cerebral injuries».


Ses parents, Stephen et Pamela, ne digèrent toujours pas la perte tragique de leur cadet. Le chagrin et les interrogations rongent le couple depuis. Quand nous lui avions parlé après le drame, Stephen nous déclaré qu’il ignorait à qui appartenait la moto accidentée que pilotait son fils. Le soir fatidique, Christephen, qui travaillait sur un car wash à Ste-Croix,  avait dîné en famille avant de sortir vers 21h30 pour aller «kas enn poz dan sime». Sa mère avance qu’il était rentré vers 22h45 pour se préparer à sortir. Il avait dit à ses parents qu’il allait danser dans un resto-pub de la région. C’est par le biais d’un ami que son père Stephen a appris l’horrible nouvelle vers 2h30.


Il s’est rendu sur le lieu, non loin de la Mauritius Meat Authority, peu après et a découvert, avec horreur, son fils gisant inconscient sur l'asphalte avec des blessures à la jambe et à la tête. Des images qui le hantent toujours. À l’arrivée du SAMU sur place, un médecin de ce service n’a pu que constater le décès de Christephen.


Les circonstances de ce terrible drame laissent, toutefois, Stephen et Pamela perplexes. Le couple ignore ce que faisait son fils sur une moto à Roche-Bois alors qu’il était sorti pour aller s’amuser dans un resto-pub. Selon la police, Christephen ne portait pas de casque au moment des faits. Une caméra Safe City de la région avait filmé un motocycliste sans casque quelques secondes plus tôt sur cette route. Toujours selon la police, il n’y a pas de caméras à l’endroit où le drame s’est produit. Et aucun témoin indépendant ne s’est manifesté pour en éclaircir les circonstances. De plus, la route était en parfait état et le lieu de l’accident était bien éclairé. Ces éléments accablent davantage la famille endeuillée.


Christephen Mootoo projetait de construire sa maison au premier étage de la maison familiale. Il caressait aussi le rêve de prendre l’avion pour aller visiter Dubaï en compagnie de son père. Deux projets qu’il n’a, hélas, pu réaliser. 

 


 

 

Il avait été heurté par une voiture à Coromandel

 

La famille du policier Beekharry réclame des dommages à une compagnie d’assurance

 

Le procès intenté par les Beekharry à une compagnie d’assurance a démarré en septembre. Cela, afin que les membres de cette famille soient dédommagés à la suite de l’accident de la route ayant coûté la vie à l’un des leurs. Le 19 mars, le policier Ackbar Beekharry, affecté à l’Emergency Response Service Metro South, n’avait pas survécu après qu’une voiture l’avait balayé en début de soirée en face du Chantier de Plaisance, à Coromandel. La conductrice de la voiture impliquée, une habitante de Beau-Bassin âgée de 41 ans, avait été testée négative à l’alcootest. Cependant, dans une plainte en réclamation déposée contre la compagnie d’assurance, la famille du jeune homme reproche à la quadragénaire d’avoir «fail to stop at the white line, emerged abruptly and imprudently in front of him and in doing so, fatally collided with the motorcycle of the deceased». Ils estiment que cet accident est survenu «as a result of the sole and exclusive fault and/or negligence and/or imprudence of the defendant’s insured, that is, the driver of the car». Ils veulent ainsi être dédommagés de Rs 42,4 millions pour les dommages moraux subis. Le policier était marié depuis seulement deux ans lorsqu’il a été arraché à la vie. Sa veuve, Shifa, a raconté dans cette plainte être privée de «the love and affection of the deceased» et avance qu’elle ne pourra jamais «be able to achieve her dream and ambition to have a normal couple and family life».

 


 

Elle avait été accidentellement renversée par son grand-père

 

Adieux déchirants à la petite Lia, 15 mois

 

Il s’agit d’une tragédie qui les hantera certainement toute leur vie. Le 27 juin est une date qui restera gravée dans la mémoire des membres de la famille Bundhooa. C’est le jour où leur petite Ashiva, affectueusement appelée Lia, a poussé son dernier soupir. La veille, elle avait été victime d’un terrible accident à son domicile, à La Porte-Providence. Alors qu’avait lieu une session de prières chez elle, elle n’avait pas résisté à l’envie d’aller accueillir son grand-père lorsqu’elle l’avait entendu arriver dans son taxi. La tragédie s’était jouée en une fraction de seconde. Renversée accidentellement par la voiture, elle avait subi de graves blessures à la tête. Lia avait d’abord été conduite à l’hôpital Dr Bruno Cheong, à Flacq, où elle avait reçu les premiers soins. Elle avait ensuite été transférée à celui de Dr A. G. Jeetoo et avait été admise au département Neuro Intensive Care Unit. Malheureusement, elle n’a pas survécu aux atroces blessures subies lors de l’impact, succombant à des cranio cerebral injuries. La famille Bundhooa se remettra-t-elle un jour du départ subit, injuste et tragique de celle qui était la prunelle de ses yeux ?

 

Textes : Jean Marie Gangaram & Elodie Dalloo

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