Publicité
31 mars 2022 14:26
MALADE. Une dizaine de jours avant le début du premier confinement, je suis tombé gravement malade ! Un problème respiratoire qui m’a fait admettre d’urgence en clinique pendant cinq jours ! Je ne sais pas si c’était la Covid mais il y avait tous les symptômes du virus. En tout cas, le confinement m’a donné l’occasion de me reposer et de me remettre sur pied. Ç’a été une longue convalescence durant laquelle je ne suis pas sorti du tout. C’est mon épouse qui allait faire les courses et tout le reste. Bien sûr, comme tout le monde, nous avions peur de cette maladie qui faisait des ravages à travers le monde. Nous prenions toutes les précautions pour nous protéger. Et nous avons passé encore plus de temps ensemble, à regarder la télé, à cuisiner. Heureusement aussi qu’Internet nous a permis de garder le contact avec le monde extérieur et nos proches à l’étranger !
ÉCONOMIES. D’un autre côté, comme nous sommes self-employed mon épouse et moi, ça a été dur car nous ne pouvions pas travailler. Nous sommes éducateurs indépendants dans le domaine de la prévention des addictions. Nous avons dû puiser dans nos économies en attendant de reprendre le travail. Depuis, nous faisons beaucoup plus attention à nos finances au cas où il y aurait un nouveau confinement, de nouvelles restrictions qui nous empêcheraient de travailler.
AIDER. Autant durant le premier confinement, on était restés à la maison, autant durant le second, nous avons passé notre temps à sillonner l’île, munis de nos WAP, pour aller prêter main-forte là où on avait besoin de nous. Avec un groupe de personnes, dont nos voisins, nous avons aidé des gens dans le besoin aux quatre coins de l’île, avec le soutien de généreux donateurs de tous bords, de toutes communautés. Dans ces moments-là, nous avons vraiment pris conscience à quel point il y a de la misère à Maurice et à quel point aussi les gens peuvent être généreux, solidaires !
VACCIN. Heureusement aussi que le vaccin est venu très vite pour nous protéger de ce virus. Moi, ça m’a sauvé la vie car j’ai des comorbidités et que j’avais été très malade précédemment ! C’est vrai que ça n’a pas bien fonctionné pour tout le monde, qu’il a fallu du temps pour savoir lequel est le meilleur et tout. Je respecte aussi ceux qui ne veulent pas se faire vacciner pour une raison ou une autre.
ENTRAIDE. Ce que je retiens le plus de cette pandémie, c’est justement cette générosité des Mauriciens, cette solidarité, cette entraide… Dans l’épreuve collective que nous vivons, ce bel élan du coeur s’est accentué en même temps que la pauvreté. Et nous avons vu que cela dépasse nos différences, nos religions, nos communautés. La majorité des Mauriciens ne s’arrêtent pas à ça. C’est que pour une minorité que c’est un problème et nous ne devons pas laisser cette minorité étouffer notre sens du partage, de l’unité, du patriotisme. Voir cette générosité extraordinaire nous pousse aussi à réfléchir sur notre rapport avec les autres.
AUTREMENT. Cette pandémie nous a aussi poussés à trouver une façon de faire les choses autrement. Par exemple, à travers le work from home, les réunions via Zoom, etc. Des pratiques qui se sont installées durablement. Aujourd’hui, je ne suis pas tout le temps obligé de me déplacer pour aller à une réunion. L’école à distance aussi est une belle avancée, même si ce n’est pas toujours idéal pour les enfants, surtout ceux qui n’ont pas d’ordinateur ou de laptop, ou encore qui ont une seule télévision pour une famille de plusieurs. Mais grâce à la technologie et à l’inventivité de tout un chacun, on arrive à trouver des moyens de continuer à travailler, à apprendre, à communiquer…
DIFFICULTÉS. Bien sûr, il y a eu aussi d’énormes problèmes qui ont surgi avec la pandémie, surtout chez les personnes en situation de précarité, qui se retrouvent encore plus en difficulté avec les pertes d’emploi, les prix qui n’arrêtent pas d’augmenter, les fléaux qui s’accentuent à cause de l’oisiveté et du stress. Certains ne trouvent d’autres moyens que de se tourner vers la drogue ou l’alcool pour essayer d’oublier leur triste réalité. Il est un fait que les inégalités sociales renforcent les risques d'addiction chez les personnes précaires. Pas mal de gens qui vivaient confortablement avant se retrouvent aussi en difficulté aujourd’hui car ayant perdu leur emploi, et c’est terrible pour eux. Il y a eu beaucoup de licenciements. Dans certains cas, c’était inévitable mais dans d’autres, les patrons en ont profité pour mettre un maximum d’employés à la porte.
PAUVRETÉ. La pandémie a mis encore plus en lumière cette extrême pauvreté dans laquelle vivent certaines personnes. Mais que peut-on faire concrètement pour améliorer la vie de ces gens qui n’ont pas de maison, doivent squatter, vivre dans des endroits abominables ? L’ONG Drwa a enn lakaz, née en plein confinement après qu’on a mis des squatters à la rue, milite pour que chacun ait une maison. Ce serait bien si les autorités pouvaient, sur la base d’une enquête très sérieuse, accorder une maison à certaines familles très pauvres, sans qu’elles aient à faire un dépôt. Nous avons les moyens de réduire ce gap entre les riches et les pauvres, il suffit d’avoir la volonté politique de le faire. Les ONG le font bien non ? Alors pourquoi pas le gouvernement ?
ACTIVITÉS. Ce serait bien aussi qu’on rouvre les centres de jeunesse et communautaires ainsi que les village councils à travers l’île car ce sont des lieux où les jeunes notamment, surtout les plus défavorisés encore une fois, ont accès à certaines activités, à des endroits où ils peuvent faire autre chose que de s’ennuyer et d’avoir recours à des produits et comportements illicites pour tromper leur oisiveté…
RÉFLÉCHIR. Et il faut absolument que les gouvernants s’asseyent avec les partenaires sociaux, économiques, éducatifs et autres pour réfléchir ensemble et mettre des protocoles/stratégies en place afin que nous ne soyons pas pris de court par une autre catastrophe et puissions mieux la gérer. Il faut réfléchir, prévoir, planifier… Et cela, dans nos vies individuelles également. Car nous devons tous prendre nos responsabilités, que ce soit en lien avec la pandémie ou autre. Le gouvernement, les ONG, les entreprises, doivent faire leur part mais chacun, à son niveau, doit faire sa part pour l’amélioration de nos vies, de notre société, de notre pays… C’est la chance que nous avons aujourd’hui avec cette pandémie qui a bouleversé notre existence.
ENSEMBLE. Il y en a plein, à commencer par ce formidable élan de générosité et de solidarité dont je parlais plus haut. Ces nouvelles façons de faire aussi, de gérer notre travail, nos études, nos finances, nos relations et autres. Cette pandémie nous invite à réfléchir sur ce qu’il faut changer, améliorer, laisser tomber, accueillir. Faisons-le ! Nou bizin kontinie viv ek viv bien !
Avec mon épouse Isabelle, nous avons une petite entreprise sociale à but non-lucratif qui s’appelle DRIP (Développement, Rassemblement, Information et Prévention) et qui a pour vocation d’éduquer les gens aux méfaits de la drogue, de l’alcool, de la cigarette et sur comment s’en sortir. Nous travaillons avec des adultes, des enfants, des ONG, des entreprises… De plus, je suis très engagé depuis de très nombreuses années dans le social, auprès des personnes en situation de précarité, de celles atteintes du virus du Sida, de celles souffrant d’addictions diverses, des enfants maltraités, abusés... J’ai fait partie de plusieurs ONG dont LEAD, le Centre de Solidarité, PILS, le Collectif Urgence Toxida (CUT) dont je suis un des membres fondateurs. Je suis aussi parmi ceux qui ont introduit les Candlelights à Maurice pour mettre un visage humain sur cette maladie qui terrorisait les gens à l’époque et qui est mieux acceptée aujourd’hui, heureusement. Avec nos voisins, nous avons également monté un groupe de volontaires, qui s’appelle One Love Maurice, pour aider ceux qui en ont besoin. Sinon, je suis l’heureux papa de deux grands enfants, Pascale et Stéphanie, qui vivent à l’étranger, et d’un petit garçon de 9 ans, Raphaël. Et aussi l’heureux grand-père de sept petits-enfants !
Publicité