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23 avril 2023 09:12
La douleur des proches est toujours vivace. Une douleur qui, disent-ils, ne s’estompera pas malgré les années qui s’écoulent. Les mêmes questions les hantent toujours malgré les deux années qui sont passées : comment le virus s’est-il retrouvé dans un hôpital qui accueille des patients vulnérables, en sus d’abriter un centre de dialyse ? Y avait-il des lacunes dans le protocole du centre hospitalier ? Pourquoi tant de décès ? Autant de questions qui, pour l’heure, demeurent sans réponses, malgré le Fact-Finding Committee. «C’est pourquoi, nous avons voulu rendre hommage à ces personnes. Car le rapport dénombre deux cas de négligence seulement, alors que nous, nous avançons qu’il y en a eu 11. Au moment de leur décès, ces personnes-là étaient sous la responsabilité du ministère de la Santé. Toute la population connaît ce drame, donc pourquoi ne pas rendre public ce rapport financé par l’argent du contribuable ? C’est pourquoi, nous voulons aujourd’hui rendre hommage à ces personnes décédées dans des conditions atroces», explique Bose Soonarane, secrétaire de la Renal Disease Patient’s Association.
La marche, dit-il, débutera à 14 heures devant l’hôpital de Souillac pour se diriger vers le Jardin Telfair. «C’est un petit parcours car nous aurons aussi des patients dialysés qui seront des nôtres. Nous commençons devant l’hôpital de Souillac car c’est là que tout a commencé. L’hôpital a été témoin de ce drame humain inacceptable. D’ailleurs, c’était le devoir du ministère de prendre une telle initiative», avance Bose Soonarane. Il ajoute : «Nous cherchons un lieu pour ériger une stèle en mémoire de ces personnes. Car le projet du ministère de faire cela dans la cour de l’hôpital de Souillac n’a jamais abouti et selon les renseignements, seuls les noms des Frontliners décédés y figureraient.»
Mais le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, qui intervenait sur les ondes d’une radio privée le jeudi 20 avril, a non seulement confirmé sa non-participation à cet hommage car, selon lui, le département a fait son travail, mais il a aussi affirmé que le ministère de tutelle travaille actuellement sur un mémorial à l’hôpital de Souillac pour toutes les personnes décédées de la Covid-19 à Maurice. «Je suis plus favorable à un mémorial pour tous les patients décédés à cause de la Covid. Et ce projet se fait dans l’enceinte de l’hôpital de Souillac. Une fois qu'il sera réalisé, nous pourrons commémorer comme il se doit la mémoire de ces patients qui ont perdu la vie depuis le début de la Covid-19.»
Pour Kevin Hanzary, qui a perdu son beau-père Neman Jeebun, 57 ans, décédé le 11 avril alors qu’il était dans un centre de quarantaine sous la responsabilité du ministère de la Santé, rendre hommage à ces 11 personnes est primordial. «Je participerai à cette marche aujourd’hui en solidarité avec toutes ces familles qui ont vécu le même drame que moi. D’ailleurs, même si je n’avais pas perdu un proche, j’aurais apporté mon soutien car il est inconcevable de perdre un proche dans de telles conditions.» Ce dernier rejoint le point du secrétaire de la Renal Disease Patient’s Association, Bose Soonarane, en affirmant que c’était au ministère de la Santé d’avoir une telle initiative. «Mais comme ce n’est pas le cas, nous, en tant que proches, nous prenons l’initiative.»
Quant à Mary*, qui a perdu sa mère dans ce drame humain, elle souligne qu’elle ne participera pas à la marche mais salue l’initiative. «Je trouve cela très courageux de la part de ces proches qui, comme moi, ont vécu ce drame. Mais ma famille et moi voulons garder que de bons souvenirs des instants passés avec ma mère. Car ces deux dernières années ont été éprouvantes, surtout pour mon père dont la santé s’est détériorée. Il avait espoir que justice sera faite, surtout qu’il a été là pour les comités d’où il revenait en larmes. Mais recevoir une simple lettre pour dire qu’il n’y a pas eu de négligence l’a anéanti. Je respecte beaucoup l’initiative de cette marche en hommage à ces victimes mais pour ma famille et moi, c’est trop douloureux.»
Bose Soonarane, de son côté, lance donc un appel au public, de se joindre à lui et aux proches des victimes pour cette marche symbolique aujourd’hui. «Nous voulons que cette marche fasse un déclic dans la tête des gens et qu’ils n’oublient pas le drame qui fait encore souffrir des familles. Mais surtout, nous voulons que la vérité éclate. C’est pourquoi, au nom de l’association, je lance non seulement un appel au public pour une solidarité collective mais aussi pour l’aide volontaire des personnes dans la profession légale, pour faire éclater la vérité.»
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