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Elections en France : Des Mauriciens rayonnent aux municipales

7 avril 2014

Lumière ! Interviews téléphoniques, rencontres avec la presse, félicitations… Face aux caméras, ils sourient. Depuis quelques jours, Naden Vythelingum, Pamela Muholee et Nasser Rumjaun brillent. Ces Français, nés à Maurice, ont été élus lors du deuxième tour des municipales qui ont eu lieu dans les localités de l’Hexagone, le dimanche 30 mars. Des éléctions municipales dont les résultats ont provoqué un mini-séisme au sein du gouvernement français, avec un changement de Premier ministre – Manuel Valls a remplacé Jean-Marc Ayrault – et l’arrivée de Ségolène Royal au sein du cabinet. Pour nos trois compatriotes, le tremblement qui a secoué leur vie a été une vague de joie et de fierté ! Dans quelques jours ou quelques heures, ils siégeront pour la première fois sur leurs différents conseils. 

 

Il attend ce moment avec impatience. Plus que quelques heures avant de se lancer. Naden Vythelingum se rendra, ce dimanche, à la première assemblée du Conseil municipal d’Armentières, là où il siégera en tant que conseiller du Parti socialiste (PS) : «La première réunion aura lieu à 10h30. Le maire souhaite me voir travailler dans le domaine de la santé et du handicap. Je serai appelé à présider des commissions.» Ce qui l’attend ? Il en a déjà une petite idée : «Il sera nécessaire de mettre en place des normes d’accueil. C’est un challenge, le mien et celui de toute la France qui a voté une loi allant en ce sens et qui expire en 2015.» 

Naden Vythelingum se rend à la première assemblée du Conseil municipal d’Armentières, aujourd’hui. 

 

Une nouvelle aventure, de nouvelles responsabilités, cet habitué de la vie associative – il œuvre au sein de l’Association des Mauriciens du Nord – a hâte ! Le travail social a toujours fait partie de son univers. Alors, pour lui, s’engager en politique était «un juste retour des choses» : «La ville a accueilli les premiers Mauriciens comme tout Armentiérois. Pour moi, être élu conseiller municipal, c’est faire tout ce que je peux pour ma ville et m’impliquer au service de tous.» Avec le PS, il a trouvé, dit-il, le parti où il se sentait le mieux, idéologiquement parlant : «J’ai toujours été sensible à la gauche. Je suis en parfait accord avec les valeurs d’humanité, de justice sociale et spirituelle, défendues par Jean Jaurès, l’un des pères fondateurs du socialisme moderne.»

 

Cela fait 28 ans que l’homme de 54 ans vit en France. Donc, qu’on parle de lui dans son île, ça le touche. Cette double reconnaissance, il l’attendait. Inconsciemment, celui qui a débarqué en France après des études tertiaires à La Réunion la désirait : «Je suis quelque part un déraciné. Alors, ça me fait du bien. Je n’oublie jamais d’où je viens.» Débarquer dans un pays «où le climat était rude pour un Mauricien», se trouver une place, se faire accepter et accepter ce nouveau monde, ce sont des étapes que Naden a franchies avec brio. 

 

Mais grâce à l’aide de la famille qui vivait déjà à Armentières et celle d’une habitante de la localité d’un certain âge, il a trouvé sa place : «C’est Mlle Hochart. Elle est née en 1903. Elle m’a entouré de toute son affection, ouvert les yeux sur l’enseignement du Christ, quoique je n’ai pas changé de religion. C’est vraiment grâce à elle que, finalement, il n’y a pas eu besoin d’adaptation, mais seulement la joie de faire des découvertes et d’apprendre.»

 

Aujourd’hui, il le sait, son élection est le symbole d’une parfaite intégration. Un bonheur pour ce père de famille, marié à une Mauricienne, Azaghee Curpen, qui vient de Belle-Rose et travaille comme assistante maternelle : «Les Mauriciens s’intègrent facilement. D’ailleurs, nous sommes bien accueillis. Et le travail d’acceptation se perpétue grâce à nos enfants et à l’éducation. Ils sont des bosseurs.» C’est avec fierté qu’il parle de ses fils Ameïndy, 17 ans, Dhiren, 15 ans, et Vassou, 9 ans. Il est visiblement heureux de la vie qu’il peut leur offrir : «En septembre, Ameïndy démarre des études de médecine à l’université de Lille 2, Dhiren va rentrer au lycée et Vassou entamera sa dernière année de primaire. Ils pratiquent également la musique : flûte traversière, guitare et piano.» 

 

Devoir de citoyen

 

Pamela Muholee, elle, a débarqué en France pour rejoindre ses parents et sa petite sœur, à l’âge de 9 ans : «Ça a été très difficile pour moi d’arriver dans cette France sans soleil, en pleine période hivernale. J’ai eu quelques difficultés d’adaptation alors qu’à Maurice, au sein de l’école du gouvernement Permal Soobrayen, à Souillac, j’étais une élève assez brillante. Fort heureusement, ma famille, en France, était là pour moi.» 30 ans plus tard, elle vient d’être élue dans la commune de Villetaneuse qui se trouve au nord de Paris. 

 

Pamela Muholee entourée de son époux Vikash et de leurs trois enfants.

 

Son parti ? Le Parti communiste français (PCF). Une orientation politique qui n’a pas été anodine pour cette responsable de gestion dans une agence publicitaire : «S’intéresser à la politique, c’est savoir ce que décident nos représentants, nos élus, et comprendre ce qu’ils font. C’est important. C’est un devoir de citoyen. Et j’ai choisi le PCF parce qu’il s’agissait d’une équipe unie, humaine et solidaire.» Aujourd’hui, elle écrit une nouvelle page de sa vie. Femme forte et engagée, elle ne redoute pas le challenge et souhaite apporter à son mandat une approche «audacieuse» : «Je suis toute émoustillée et fière de rejoindre l’équipe de Carinne Juste qui m’a fait confiance en me nommant conseillère à la culture et conseillère déléguée au conseil d’école.»

 

Pamela Muholee souhaite également faire découvrir son île aux habitants de Villetaneuse. D’ailleurs, elle n’a jamais coupé les ponts qui la relient à la culture mauricienne : «J’y retourne le plus souvent possible. Nous y étions en famille en décembre dernier. J’aime retrouver mes racines, ma famille et mes amis.» Maman de trois «garçons formidables» et épouse de Vikash Muholee, elle est née à Souillac et se décrit comme étant une grande passionnée de littérature et des danses du monde : «Le rire, le feng shui et ma famille font ma force. Que du bonheur !»

 

C’est à Boulogne-Billancourt que  Nasser Rumjaun a été élu. 

 

Du bonheur également pour Nasser Rumjaun, 46 ans, un tailleur d’origine mauricienne qui a été élu dans la région de Boulogne-Billancourt sous la bannière de l’Union pour le mouvement populaire (UMP). Mais également pour Marie Laure Harel, néede parents mauriciens – Yves, directeur de communication, et Caroline, qui travaille dans l’audiovisuel. Elle n’a pas été élue à Paris dans le troisième arrondissement.

 

Marie-Laure Harel n’a pas été élue, mais elle est fière de sa performance. 

 

Néanmoins, elle est heureuse de son parcours et de ses résultats : «Objectif pleinement atteint ! Dans le troisième, le score de la droite a tout simplement doublé par rapport aux dernières municipales (de 20 % à 40 %) et on a fait basculer de notre côté l’un des trois sièges de Conseiller de Paris du troisième arrondissement. Sacré chemin !» confie celle qui, il y a quelques années, était chargée de mission auprès du chef de cabinet de l’Élysée, alors que Nicolas Sarkozy était président.

 

 

Une défaite qui n’en a pas le goût d’une. Lumineuse idée ! 

 


 

Regard de politiques 

 

Suivent-ils la situation politique locale ? Nous leur avons posé la question… 

 

Naden Vythelingum : «Je ne suis pas vraiment au courant. Mais je commence à m’y intéresser. Je sais qu’il y a des élections générales qui sont prévues pour 2015. J’aimerais étudier le livre blanc sur la réforme électorale. Je sais que c’est le début des jeux des alliances. Je pense, sans prendre position, que le tandem Bérenger-Jugnauth représente un espoir pour l’avenir de Maurice.»  

 

Pamela Muholee : «Je suis l’actualité politique de Maurice de très près. La réforme électorale m’interpelle. J’aimerais être présente lors des prochaines élections à Maurice.»

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