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29 septembre 2014 01:13
Est-ce que le suicide est une problématique qui touche tout le monde, indépendamment du statut social ?
Le suicide constitue un problème de santé majeur, phénomène mondial qui existe dans tous les pays et toutes les communautés du monde. D’après un rapport de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), publié cette année, on estime à 804 000 le nombre de suicide survenu dans le monde en 2012, ce qui représente un taux de suicide global standardisé selon l’âge de 11,4 pour 100 000 habitants (15 ans chez les hommes et 8 ans chez les femmes). Toutes les 40 secondes, une personne se suicide quelque part dans le monde et bien plus tentent de mettre fin à leurs jours. Étant donné que le suicide se révèle un sujet sensible et qu’il est parfois même considéré comme illégal dans certains pays, il est susceptible de faire l’objet d’une
sous notification.
Aucune région ni aucune tranche d’âge n’est épargnée. Dans les pays plus riches, trois fois plus d’hommes que de femmes décèdent par suicide, contre 1,5 fois dans les pays à revenu faible et intermédiaire, toujours selon l’OMS. Il manque des recherches approfondies, valides et scientifiques sur cette problématique à Maurice.
Après le cas de l’étudiante de 13 ans qui s’est donnée la mort, cette semaine, nous avons eu un autre cas de suicide impliquant un jeune de 24 ans. Comment expliquer ce qui se passe dans la tête d’une personne qui décide de mettre fin à ses jours ?
Selon l’OMS, le suicide touche particulièrement les jeunes de 15 à 29 ans, et constitue la deuxième cause de mortalité à l’échelle mondiale. Une personne qui pense à se donner la mort ne veut pas mourir, mais arrêter de souffrir. Cette personne ne décide pas de mettre fin à ses jours, mais perçoit le fait de se donner la mort comme l’unique solution pour mettre fin à sa souffrance.
C’est un sujet qui divise. Faut-il parler du suicide ? Est-ce tabou ?
Le suicide est un sujet qui est source de souffrance. L’impact et la souffrance d’un suicide sur les familles, les proches et les communautés, sont profondément dévastateurs, y compris longtemps après la perte de l’être cher.
Toutes les recherches sur la problématique du suicide ont démontré que parler de suicide ou poser des questions n’augmentent pas le risque de suicide. Il importe de ne pas porter de jugement/d’évaluation sur les pensées suicidaires qui habitent la personne, par exemple en lui disant que c’est mauvais de penser à cela ou lui dire que c’est contre la religion.
Quels sont les facteurs à risques dans une crise suicidaire ?
Aucun facteur ne peut expliquer à lui seul pourquoi des personnes mettent fin à leurs jours. Certains médias ou certaines communautés associent le suicide à un seul facteur comme une affaire de cœur, un manque de communication au sein de la famille ou l’endettement, entre autres. Selon l’OMS, il existe plusieurs facteurs interdépendants.
Ceux liés au système de santé sont les difficultés d’accès aux soins de santé et la prise en charge, l’accès facile aux moyens de suicide, les descriptions inappropriées ou sensationnalistes du suicide dans les médias, la stigmatisation des personnes qui recherchent de l’aide pour faire face à leur comportement suicidaire. Les facteurs liés à la communauté et aux relations comme la guerre et les catastrophes naturelles, le stress, la discrimination, le sentiment d’isolement, la maltraitance, la violence, les relations conflictuelles. Et les facteurs individuels sont les antécédents de tentative de suicide (individuel ou familial), les troubles mentaux, la consommation nocive d’alcool, les pertes financières, la douleur chronique et les antécédents familiaux de suicide.
Quels sont les signes qui sont associés à une crise suicidaire ?
Le suicide survient rarement spontanément, sans avertissement, même s’il peut parfois donner cette impression aux proches qui n’ont vu aucun signe annonciateur. Sur dix personnes qui se suicident, huit donnent des messages sur leur intention, si minimes soient-ils. La plupart des adolescents font part de leurs intentions morbides avant d’effectuer une tentative de suicide à leurs amis, confidents privilégiés. Les parents/enseignants ou autres adultes sont rarement «informés».
Selon le rapport Pommereau de 2005, ces signes peuvent être verbaux – des allusions directes –, par exemple : «Je veux mourir, ça ne vaut pas la peine de se battre…» Les signes sont plus sérieux et la personne a un plan suicidaire élaboré (quand, comment et où elle va se donner la mort). Ou des allusions indirectes, par exemple : «Vous seriez mieux sans moi…» avec des pensées suicidaires fréquentes et le début de l’élaboration d’un plan suicidaire et comportemental : changements radicaux dans l’attitude/les apparences, isolement, consommation excessive d’alcool/de drogues/médicaments, baisse du rendement et des résultats scolaires, démotivation pour les loisirs, maux de tête/ventre et affectifs : faible estime de soi, irritabilité, apathie, brusques changements d’humeur, anxiété accrue et hyperactivité.
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