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Johanne Rannoojee : «On ne peut décider pour un peuple sans l’inclure dans les conversations-clefs»

Johanne Rannoojee : «On ne peut décider pour un peuple sans l’inclure dans les conversations-clefs»

«Les jeunes ne s’intéressent pas à la politique…» «Les jeunes ne s’intéressent pas à ce qui se passe dans le pays…» Des phrases qu’on entend souvent. Mais de plus en plus, il y a ceux de la jeune génération qui s’engagent et qui veulent contribuer à des changements dans le pays. Pour la première interview de 2020, nous donnons la parole à une jeune derrière la création de la plateforme La politique expliquée aux jeunes (LPEAJ) qui nous parle, entre autres sujets, de ses vœux pour le pays à l’occasion de la nouvelle année.

Une plateforme indépendante qui forme à la politique, faite par des jeunes pour des jeunes mauriciens, qui l’aurait cru ?

 

Cette idée a bourgeonné dans mon esprit à mon retour de mes études en Inde, en 2017. Deux ans plus tard, elle s’est concrétisée grâce à de longues heures de travail et au soutien sans relâche d’amis formidables sans qui cette ambition serait restée à un état embryonnaire. Nous comptons aujourd’hui trois vidéos, une communauté digitale qui réunit plus de 1 500 jeunes (et des moins jeunes aussi !) et bien trop de gens qui croient en l’utilité de cette initiative citoyenne pour en compter ! Depuis le lancement de LPEAJ en août dernier, un changement s’opère : beaucoup prennent conscience que comprendre le fonctionnement de notre système est important mais surtout que si on y met du sien, la politique peut être ultra-intéressante ! LPEAJ, ça a été des séances intenses de réflexion, d’études, des fous rires ; des souvenirs qui ont fait de 2019, une année inoubliable.

 

Et qu’en est-il de cette année ?

 

En 2020, nous souhaitons consolider notre présence sur les réseaux avec plein de vidéos en voie et vulgariser davantage l’éducation politique en allant à la rencontre des jeunes partout dans l’île. Nous restons à l’écoute de ceux qui nous suivent afin de fournir un contenu qui plaît et qui reste utile. Nous avons aussi en projet de lancer une première publication signée LPEAJ.

 

Lorsqu’on parle de jeunes révolutionnaires, on fait souvent référence à la jeunesse mauricienne des années 75. Peut-être qu’un jour, c’est de ma génération dont on parlera dans les livres d’histoire. De ceux qui se sont battus, ceux qui y ont cru, ceux qui se sont laissé porter par leurs rêves et leur amour de Nou ti zil.

 

2019 pour vous : une bonne ou une mauvaise année ?

 

2019, une année au-delà de nos espérances ! Il est courant à Maurice de se sentir dépassé, découragé lorsqu’on voit ce qui se passe autour de soi. Mais c’est l’accumulation de «petits riens», de petites victoires que nous retenons. Se lancer enfin, sentir l’intérêt de beaucoup, d’entendre et de faire entendre la voix des jeunes, être témoin de l’engagement de la jeunesse mauricienne, lire le message d’un jeune de 15 ans qui pour la première fois mettait de côté sa frustration pour se demander ce qu’il peut faire pour changer les choses… tant de petites réussites qui font de 2019, une année inoubliable !

 

Que retenez-vous de cette année sur le plan local ?

 

Localement, les accidents sur nos routes... Attendrons-nous que plus d’irresponsables et que l’abus d’alcool fassent encore plus de victimes pour réévaluer notre sens du civisme ? Sur une note positive, l’engagement écologique est en plein essor. Les événements à vocation culturelle émergent davantage donnant un nouveau visage à la capacité des Mauriciens à faire entendre leur voix tout en préservant leurs racines. Quelle joie de pouvoir célébrer le séga tambour chagossien reconnu comme patrimoine immatériel et un projet de graphie du créole rodriguais pour clore cette année !

 

Politiquement parlant, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

 

Sans conteste, les élections de cette année. Ce fut pour moi, par exemple, une première, et donc une expérience singulière étant donné ce que nous souhaitons faire à travers LPEAJ. Ces élections ont vu l’émergence de nouveaux partis, de nouvelles têtes, de propositions électorales intéressantes touchant à la jeunesse, l’entrepreneuriat, la culture, l’art et l’environnement, entre autres. Au-delà des résultats, l’on note un engouement plus significatif chez les jeunes d’être partie prenante des décisions prises pour le pays.

 

Quels conseils donneriez-vous aux autorités — à ce nouveau gouvernement — pour cette nouvelle année qui commence ?

 

L’UNDP vient de lancer officiellement son rapport sur le développement humain 2019, qui classe Maurice à la 66e place sur un total d’environ 190 pays. Cette année, cet organisme propose une approche différente des années précédentes en mettant en avant le fait qu’il soit essentiel d’étudier les inégalités au-delà des statistiques. Il ne suffit donc pas de mettre en place d’innombrables mesures mais bien de maîtriser et de connaître les réalités multiples culturelles, sociales, politiques et économiques des Mauriciens. On ne peut décider pour un peuple sans l’inclure dans les conversations-clefs. Nous attendons du gouvernement qu’il soit à l’écoute, qu’il intègre les diverses couches de la population dans les mesures à définir, qu’il soit proche de ceux qu’il sert. Il en va de même pour le secteur de la santé qui doit à tout prix être revu et à l’éducation. Il faudrait indéniablement éduquer et sensibiliser notre jeunesse au civisme, à l’engagement, à l’importance du patrimoine car notre pays n’a pas besoin que de jeunes avec des diplômes mais bien des jeunes capables de réfléchir, d’être critiques et d’agir.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué sur le plan international ?

 

Notre continent n’est pas léthargique… Le nombre d’entrepreneurs africains à avoir proposé des idées innovantes cette année est impressionnant ! Ailleurs, les nouvelles ne sont pas moins bonnes ; le nouveau Premier ministre finlandais est une femme de 34 ans, une première dans l’histoire moderne !

 

Que souhaitez-vous au pays pour la nouvelle année ?

 

Nous souhaitons que les organisations, les activistes, les jeunes se fédèrent davantage. Ce serait formidable qu’ils s’asseyent ensemble pour réfléchir aux problématiques sociales afin d’y trouver des solutions. Il ne faut pas l’oublier ; il y a bien une raison pour laquelle tant de pays se tournent souvent vers Maurice pour la prendre en exemple ! Les Mauriciens sont de véritables exemples d’engagement et de résilience. Nous serions heureux de voir que plus de personnes s’informent, agissent mais aussi s’attèlent à exiger des autorités qu’elles soient véritablement au service du pays dans l’intérêt de tous ses habitants.

 


 

Bio express

 

À 24 ans, Johanne Rannoojee est cofondatrice, brand face et aide au niveau de la création du contenu et des travaux de recherches au sein de La politique expliquée aux jeunes (LPEAJ). À découvrir la plateforme (le logo ci-contre) sur le lien suivant : https://www.facebook.com/LPEAJ/?modal=admin_todo_tour.