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Journée internationale contre l’abus et le trafic des drogues illicites : la toxicomanie reste un problème majeur dans la société mauricienne

26 juin 2023

Conceal Sewraz, coordinateur du National Drug Secretariat, explique qu’il y a 50 000 consommateurs de produits illicites dans notre île.

Les chiffres du National Drug Observatory donnent froid dans le dos. En 2021, il y a eu 927 admissions à l’hôpital pour des complications liées à l’usage de drogue. Les deux plus jeunes admis avaient entre 10 et 14 ans. Ils étaient au nombre de 100 dans la tranche d’âge de 15 à 19 ans. 65% des cas sont dans la tranche d’âge de 20 à 34 ans. 10% des cas concernent ceux âgés entre 35 et 39 ans, de même que ceux âgés entre 40 et 49 ans. 3% des cas concernent ceux qui sont âgés de plus de 50 ans. Fait marquant : 11% des cas concernent les jeunes âgés de 10 à 19 ans. «Les jeunes restent toujours vulnérables», souligne Conceal Sewraz, coordinateur du National Drug Secretariat (NDS). Cet organisme opérationnel depuis 2020 assure l’implémentation du National Drug Control Master Plan 2019-2023 proposé par le gouvernement.

 

Selon ses attributions, le NDS doit faire des études et produire un rapport annuel sur la situation de la drogue à Maurice. Il doit aussi assurer le suivi des recommandations de la commission d’enquête sur la drogue de 2018. Les récentes grosses saisies font penser que notre pays a déjà perdu le combat contre le trafic des drogues. «Maurice fait face à un problème qui date de plusieurs décennies. Selon une étude faite en 2020, le pays compte entre 10 000 à 12 000 injecteurs de drogue. Selon cette étude toujours, il y a 50 000 consommateurs de produits illicites sur notre île. Les drogues les plus prisées sont le cannabis, l’héroïne et les diverses drogues de synthèse. Il y a très peu de cas où la cocaïne ou le crystal met sont privilégiés», souligne Conceal Sewraz. 

 

Face au nombre grandissant de la prévalence du VIH-Sida chez les injecteurs de drogues, le gouvernement est venu de l’avant avec le programme d’échanges de seringues. Il y a aussi eu le traitement à la méthadone. Ces deux mesures n’ont, toutefois, pas fait baisser les chiffres. Le gouvernement a alors proposé un plan d’action après consultation avec différents partenaires. Il comprend quatre stratégies. «Il y a d’abord le supply reduction qui concerne tout ce qui touche à la répression en général pour réduire l’offre au maximum. Puis, il y a la réduction de la demande par la prévention, le traitement et la réhabilitation. Ensuite, il y a la réduction des risques, surtout depuis l’émergence du VIH. Des gens vont continuer à consommer de la drogue», explique le coordinateur du NDS.

 

Le but est aussi de diminuer les risques sur la santé. Un High Level Drug & VIH Council a également été mis sur pied. Il est présidé par le Premier ministre et plusieurs ministres y siègent. La mise en opération du NDS est l’une de leur décision. L’organisme doit faire la liaison avec le bureau du Premier ministre. Il doit collecter des données et proposer des rapports sur la situation de la drogue à Maurice. Le NDS a déjà sorti trois rapports. Celui de 2022 est actuellement en préparation. «Il n’y avait pas de données avant. Aujourd’hui, nous pouvons vous dire qu’il y a entre 800 à 900 personnes qui sont admises à l’hôpital chaque année pour des complications liées à la prise de drogue. Tous les cas ne sont pas des overdoses. 95% des personnes rentrent chez elles après», affirme Conceal Sewraz.

 

Selon ses dires toujours, le NDS a mis sur pied un mécanisme bien huilé comprenant le Chief Police Medical Officer ainsi que le Forensic Scientific Laboratory et le ministère de la Santé pour répertorier tous les morts liés à la consommation des drogues. «On note 44 cas d’overdose en 2020. Il y a eu 46 cas en 2021. Tous ces cas ont été confirmés par la police. En 2020 toujours, on note que 4 garçons âgés entre 15 et 19 ans ont eu une overdose après avoir pris un cocktail de substances comprenant de  l’héroïne. Il y a eu 17 cas dont 2 femmes dans la tranche d’âge 20 à 29 ans. Chez les 40 à 49, il y a eu 9 cas, dont une femme. Les chiffres indiquent une augmentation de cas chez les jeunes et les femmes», soutient le coordinateur du NDS. Une triste réalité qui interpelle également le travailleur social Danny Philippe.

 

Le chargé de prévention chez Drip (Développement, Rassemblement, Information et Prévention) lâche sur un ton laconique : «Nepli kone ki pou dir. Sityasion-la ti deza alarman. Linn vinn katastrofik. Lepok Gayan ti minis, ti ena ka kot inn servi zanfan kouma bann mule pou fer trafik. Ti ena enn ka an 2019 kot 2 zanfan ti rant dan Moris ek konprime Subutex dan valiz. Ti fek ena ousi sa ka kot enn zanfan 6 an inn sarye ladrog dan La Caverne. Ti ousi ena enn ka kot 1 garson 13 an inn vann kokain dan enn kolez. Bann trafikan evolye par rapor a bann risk. Paralelman finn ousi ena razenisman bann konsomater ladrog, lalkol ek sigaret. Akoz sa mem Drip inn met an plas enn kanpagn prevension ek ledikasion pour la petite enfance. Prinsip primordial ladan se intervenir boner dan lanfans pou kapav ede pou modifie trazektwar parkour lavi.»

 

C’est son épouse Isabelle David-Philippe, la directrice de DRIP, qui s’occupe du dossier «Petite Enfance». Elle propose sept principes de prévention comprenant, entre autres, les risques des drogues et la résistance face à la pression, surtout lorsque les diverses drogues de synthèse sont facilement accessibles à des prix incroyables. Le mélange de plusieurs produits dans la fabrication des drogues synthétiques est, d’ailleurs, à l’origine de certains cas d’overdose. Dans d’autres cas, c’est le taux de pureté des drogues mises sur le marché qui peut causer mort d’homme. Il y a aussi des cas où un trop-plein de drogue dans le corps peut causer une overdose, surtout pour ceux qui sont déjà dans la phase d’addiction. Malgré la répression des autorités, le trafic de drogue reste lucratif.

 


 

Conférence-débat à l’ICJM

 

Quelles nouvelles politiques pour un monde qui change ? C’est le thème d’une conférence-débat organisée par l’Institut Cardinal Jean Margeot ce lundi 26 juin à l’occasion de la Journée internationale contre l’abus et le trafic des drogues illicites. Quatre intervenants animeront la salle de 18h30 à 21 heures. Ils sont Kunal Naik, psychologue et addictologue, Danny Philippe, chargé de prévention et de plaidoyer chez Drip, Jacques Achille, du réseau des journalistes spécialisés en SRHR - Afrique subsaharien, et Vel Moonien, journaliste et consultant chez Global Initiative Against Organized Crime (GI-TOC). Ils aborderont l’urgente et douloureuse question des drogues et de tout ce qui les entoure, tenant compte de leurs ravages au sein de la société, de la géopolitique de la région océan Indien mais aussi de ce que cela suscite comme réflexion nouvelle en matière de politiques face aux défis de notre monde qui ne cesse de muter.

 


 

Vrai ou faux ? : le nombre de décès par overdose aurait augmenté de 300% de 2000 à 2019

 

Selon les résultats d’une recherche effectuée récemment par MedicalAid.com de l’Afrique du Sud, le nombre de décès par overdose aurait augmenté de 300% de 2000 à 2019, à Maurice. Ainsi, le nombre de victimes est passé de 4 à 16 cas. Le pays prend la 5e place dans le classement mondial, derrière le Qatar, qui compte une augmentation de 500% suivi des États-Unis avec 396%, le Kuwait avec 322% et Oman avec 314%. MedicalAid.com s’est basée sur des données fournies par l’Organisation for Economic Co-operation and Development, le G20, l’Union européenne et des pays développés du Fonds monétaire international pour réunir un éventail de pays à analyser. Certains pays n’ont pas été inclus dans cette liste, en raison de l’absence de données.

 

MedicalAid.com précise qu’elle a utilisé Our World in Data pour recueillir un éventail de statistiques sur les décès attribuables à la consommation de drogues dans le monde. Les augmentations en pourcentage ont été calculées en soustrayant le nombre de décès en 2000 du nombre de décès en 2019. MedicalAid.com a ensuite divisé ce chiffre par le nombre de décès en 2 000, avant de le multiplier par 100 pour avoir le pourcentage. Le chiffre avancé par MedicalAid.com concernant Maurice laisse toutefois perplexe Conceal Sewraz, coordinateur du National Drug Secretariat. «On ne sait pas sur quelles données elle s’est basée pour arriver à cette conclusion. Nous venons de commencer à collecter les données. Il n’y en avait pas officiellement avant», dit-il.

 


 

Ally Lazer : «Mo pe aret mo kolaborasyon avek lotorite»

 

Les fameux «Vimen Leaks» où on entend des policiers faire de troublantes révélations sur les méthodes pratiquées par la Special Striking Team et l’Anti-Drug & Smuggling Unit ne laissent pas insensible Ally Lazer. «Mo pe aret mo kolaborasyon avek lotorite ziska nouvel ordre. Antan ki enn edikater prevansyon kont ladrog mo pou konsantre mo zefor selman pou konsiantiz sirtou bann zenn lor konsekans ladrog ziska mo trouv bann sanzman vre mem o nivo lotorite. Problem polisie mafia ripou pa regle kan transfer zot SMF», précise le président de l’Association des Travailleurs Sociaux de Maurice qui mène une lutte acharnée depuis plusieurs décennies.

 

«Mo an kontak ek bann paran ki zot zanfan dan lanfer ladrog. Mo ousi an kontak ek bann konsomater ladrog ki vinn get mwa pou dezintoxikasyon medikal ek swivi sikolozik. Mo an mezir dir ou ki ena boukou lamor par overdoz. Sitiasyon from bad to worst sirtou akoz razenisman ek feminizasyon bann konsomater depi lintrodiksyon ladrog sintetik. Ena ousi boukou swisid ki bann konsekans ladrog sintetik», affirme Ally Lazer qui vient de faire un exposé sur l’abus et le trafic de drogues illicites à 25 membres du groupe Les Maillons de l’Espoir de la Réunion. Ces derniers étaient en vacances chez nous. Jean-Claude Franchin, président de cette association, l’a invité chez lui en septembre pour animer deux autres conférences.

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