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Les familles mauriciennes en question

19 mai 2014

Cette semaine, le monde a observé la Journée mondiale de la famille. Quel constat faites-vous de la situation à Maurice ?

 


Said Ameerbeg : Hélas, nous constatons que les valeurs familiales se perdent de plus en plus. Il y a maintenant beaucoup de familles éclatées où les parents n’assument plus leur rôle. Il y a alors un manque d’autorité parentale. Les parents se disputent souvent et les enfants assistent à ces scènes de violence. Livrés à eux-mêmes, ces enfants ou adolescents ne font que reproduire ces actes de violence.


Sangeet Jooseery : Cette année, nous célébrons également le 20e anniversaire de l’Année internationale de la famille. C’est l’occasion pour nous tous de réfléchir au rôle de la famille, non seulement comme une unité de socialisation, mais aussi dans la promotion du développement durable, un domaine qui n’est pas bien discuté dans le monde en développement et à Maurice. L’ONU, cette année, a exhorté tous les gouvernements à prendre des mesures concrètes pour améliorer le bien-être de la famille en veillant à ce qu’elle soit prise en compte dans l’élaboration de la politique nationale. Et il ne s’agit pas de la responsabilité d’un seul ministère, mais bien de tous.

 


L’évolution des familles est-elle en phase avec l’évolution de la société ?

 


Said Ameerbeg : Je dirai que le développement à Maurice se fait de façon trop rapide et c’est souvent calqué sur ce qui se fait ailleurs, en Europe ou en Amérique. Or, on vit dans une petite île et notre réalité, nos mœurs et nos sensibilités ne sont pas les mêmes que celles de ces grands pays. Ce qui fait que la perte des repères est souvent au cœur de bien des conflits familiaux.


Sangeet Jooseery : Nous avons assisté en effet à une transition lente, mais très importante concernant les rôles familiaux. Cependant, nous devons être prudents dans notre analyse et ne pas extrapoler par rapport aux récents cas de violence rapportés dans la presse. Nous devons distinguer le mythe de la réalité. Il existe, par exemple, des mythes puissants qui envahissent notre société. Le divorce, la violence domestique et les grossesses précoces sont des phénomènes récents.

Il faut cependant reconnaître que la famille ne fonctionne pas bien tout le temps. Par exemple, malgré les efforts du gouvernement pour lutter contre l’exploitation et améliorer le bien-être des enfants, l’existence de lois pour rendre l’éducation obligatoire, les restrictions au travail des enfants, entre autres, nous avons encore un nombre important d’enfants de rue et d’enfants non scolarisés. La plupart de ces familles sont prises dans des pièges économiques et sociaux et elles ont besoin d’une attention particulière.

 


Que proposez-vous pour une meilleure santé des familles mauriciennes ?

 


Said Ameerbeg : Nous vivons dans un pays où se côtoient plusieurs religions. Et chaque Mauricien a sa croyance. Je crois donc que les religieux pourraient être ceux qui ont la possibilité, de par leurs discours, de faire évoluer les choses et de raviver les valeurs familiales. Certes, ça ne va pas se faire du jour au lendemain, mais la religion à Maurice est quelque chose qui rassemble.


Sangeet Jooseery : Il faut accorder de l’attention aux personnes âgées. Une nouvelle politique de santé reproductive doit être développée, centrée sur la gestion familiale plutôt que sur le planning familial. La qualité de notre société se traduit par la façon dont nous traitons nos enfants et les personnes âgées.

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