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Les législatives à l’heure du 2.0

24 octobre 2019

Sur la Toile, les adversaires politiques se livrent une rude bataille et ce n’est pas toujours jolie à voir.

Ils sont là, un peu partout autour de vous. Ils ont toujours un smartphone à la main, pilotent des drones et passent des heures derrière un ordinateur. La prise d’images et le montage des vidéos n’ont plus aucun secret pour eux. Ces stratèges de l’ombre capturent, produisent et alimentent les comptes des partis politiques sur les réseaux sociaux. Si en 2014, leur utilisation a connu une nette percée, cette fois, nous sommes entrés de plain-pied dans cette ère numérique.

 

Les plateformes numériques sont submergées d’informations. Aujourd’hui, assister à un meeting en temps réel tout en étant confortablement assis dans son salon est chose commune. C’est l’une des joies du live streaming. Avec l’avènement des réseaux sociaux, l’affluence dans les congrès et autres rassemblements a pris un coup de mou. Du coup, tous misent sur les plateformes digitales. Sur Instagram, YouTube et Facebook, les partis politiques se livrent une rude bataille.

 

Derrière l’écran, des petites mains travaillent sans relâche pour inonder votre fil d’actualité à coups de hashtags, photos et vidéos. Au sein de la cellule de communication du MMM, lance Kheshaw Jhummun de MMM TV, cinq personnes s’occupent essentiellement du volet numérique et s’assurent qu’il y ait constamment du trafic sur les comptes. «Les réseaux sociaux ont joué un rôle dans les dernières élections et ce sera encore plus le cas cette année. Nous capitalisons donc sur nos plateformes car cela nous permet de toucher plus de personnes.»

 

Et ça marche ! Chez les principaux blocs, la diffusion d’un rassemblement peut atteindre les 70 000 vues. Si Facebook est un gros morceau, il n’est néanmoins pas question de perdre de vue l’essentiel. Pour Keshav Jokhun, coordinateur digital du Parti travailliste, il est important de travailler en étroite collaboration avec l’équipe qui se trouve sur le terrain. «Notre stratégie, c’est que le même message qui est donné en congrès passe sur notre plateforme.» Même si Facebook, souligne-t-il, est devenu un terrain à lui seul. «Nous avons commencé à labourer Facebook en mai avec la page Ramgoolam 2019. Nous faisons aussi du montage vidéo pour dénoncer les scandales de l’ancien régime. Récemment, nous avons lancé une vidéo sur le Metro Express et les fausses promesses du gouvernement. En une semaine, plus de 100 000 personnes l’ont vue.»

 

L’interaction que garantissent ces plateformes digitales est indéniable. Elle est instantanée, ce qui est impossible lorsque le public est uniquement récepteur du message. «Ça permet une communication à multiples voies. Les internautes envoient des questions et des commentaires que nous faisons remonter aux leaders.» Pour Manish Cushmajee, responsable digital du PMSD, pas question de négliger cette audience 2.0. Aujourd’hui, assure-t-il, le digital compte pour 40 % dans une campagne électorale. «Les jeunes ne viennent pas aux rassemblements. Le seul moyen de leur parler, c’est d’utiliser une méthode qui leur parle.»

 

Comme tous les partis politiques, le PMSD mise gros sur ses différentes plateformes. Dans les briefings, le volet numérique est indéniablement passé à la loupe. Mais attention, il y a aussi des pendants. Si les réseaux sociaux ont apporté une certaine liberté, que ce soit dans la livraison ou la réception d’un message, cet outil est aussi utilisé de manière abusive et dangereuse. En cette période de campagne électorale, les fake news se multiplient sur la Toile, tout comme les montages de vidéos, qui n’hésitent pas à mettre en scène des politiciens. Une méthode que certains n’hésitent pas à utiliser pour déstabiliser leurs adversaires. Toutefois, au PMSD, affirme notre interlocuteur, la prudence est de mise. «Nous traquons les fake news. Depuis le début de la campagne, 47 faux comptes ont été créés sur le nom de Xavier-Luc Duval. Nous avons été obligés de rehausser notre système de sécurité.»

 

Les petits partis politiques et les indépendants, qui ont des moyens plus limités pour faire campagne, usent eux aussi de ce bon filon. Mais hors de question, souligne Dev Sunnasy de 100 % Citoyens, de faire de la cheap politics. Sachant que 60 % des votants ont moins de 60 ans, les réseaux sociaux sont un canal d’informations à ne pas négliger. C’est Dev Sunnasy lui-même qui s’occupe du script et de la prise d’images avant que la vidéo ne soit montée. «Les thématiques choisies sont des sujets ludiques. Nos vidéos atteignent souvent entre 150 000 et 250 000 vues. On veut apprendre quelque chose aux gens. Facebook, où on retrouve les 18 à 44 voire 54 ans, permet d’interagir de façon simple. Cela permet d’estimer les pourcentages d’audience.»

 

Oliver Thomas, candidat indépendant au no 20, surfe lui aussi sur cette vague numérique. Il a lancé le #krwar et accumule les vidéos sur Internet. L’une d’elles (eski kapav viv ar Rs 200 par zour ? msg a nos minis) a dépassé les 361 000 vues. Si c’est un jeune qui parle aux jeunes, son message est aussi écouté par les moins jeunes. «J’ai environ 700 000 utilisateurs sur mes pages. Vous serez étonné du nombre de personne de plus de 40 ans qui regardent mes vidéos. Quand je fais mes vidéos et que j’atterris sur une chose aussi intime que le portable de quelqu’un, c’est comme si que je lui parlais en face-à-face.»

 

C’est un moyen, conclut-il, de créer un lien entre l’électeur et lui.

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