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Dharam Haurdhan, 57 ans, meurt coincé à l’arrière de son camion

Son fils Akash : «J’ai perdu celui qui a fait de moi l’homme fort que je suis»

20 juillet 2025

Akash ne cache pas son désarroi ; il est anéanti après le décès tragique de son père.

Il a trouvé la mort dans des circonstances brutales et tragiques ce jeudi 17 juillet. En débarquant de la terre sur un chantier de construction à Grand-Baie, Dharam Haurdhan, 57 ans, n’a pas survécu après qu’il s’est retrouvé coincé entre son camion et une muraille en béton. Son fils Akash, orphelin de mère depuis qu’il a 3 ans, se remet difficilement de cette douloureuse perte. Il nous confie son immense chagrin.

On dit souvent qu’enterrer un parent est dans l’ordre naturel des choses, mais cela n’enlève rien à la douleur ressentie lors de cette expérience déchirante. Pour ses deux enfants, Jaykissoon Haurdhan, plus connu sous le nom de Dharam, âgé de 57 ans, était un pilier, un mentor ; encore plus depuis le décès de leur mère, survenu il y a plus d’une vingtaine d’années. Ils n’avaient pas encore envisagé la vie sans celui qui leur était d’un soutien inconditionnel en toutes circonstances, qui était présent à chaque étape importante de leur vie, et qu’ils considéraient comme un héros, un modèle. Ils ont dû faire face à un violent tourbillon d’émotions lorsqu’ils l’ont perdu subitement ce jeudi 17 juillet dans des circonstances brutales et tragiques, rendant leur deuil encore plus compliqué. Pendant qu’il effectuait une manœuvre avec son camion, Dharam Haurdhan est resté coincé entre le véhicule et une muraille en béton ; un accident qui lui a, hélas, coûté la vie.

Lorsqu’il a perdu sa mère, Akash n’était âgé que de 3 ans. Bien qu’il garde quelques précieux souvenirs d’elle, ce dont se souvient essentiellement le jeune homme, aujourd’hui âgé de 29 ans, ce sont des sacrifices qu’a faits son père Dharam au fil des années pour les élever sa grande sœur et lui. «Nous ne sommes pas issus d’un milieu aisé, mais mon père a toujours travaillé dur pour que nous ne manquions de rien», relate-t-il, ému. Depuis que sa sœur aînée avait fait sa vie et s’était installée à Rivière-du-Rempart, le jeune homme vivait seul avec son père dans leur modeste demeure à Roche-Terre. «Nou ti pe viv kouma de kamarad. Nou finn boukou rapros nou, sirtou depi ki mo’nn koumans travay laz 18 an, parski nou ti dan mem domenn.» Il y a environ trois mois, des problèmes de santé ont contraint le jeune homme à s’installer chez sa sœur pendant quelque temps. «Vu que mon père était souvent pris par son travail, j’ai dû séjourner chez elle pour qu’elle puisse s’occuper de moi, mais mon père et moi étions régulièrement en contact.» Se sentant légèrement mieux depuis peu, Akash avait prévu de rentrer au domicile familial ce dimanche 20 juillet mais c’était sans compter ce drame qui allait changer à jamais l’atmosphère de cette maison.

Ne manquant pas à leurs habitudes, père et fils s’étaient appelés ce mercredi 16 juillet. «Habituellement, je travaille tous les jours de la semaine, mais j’avais exceptionnellement eu un jour de congé le lendemain et je lui en avais fait part. Il s’en était réjoui et m’avait demandé de venir le rejoindre dans la matinée pour que nous puissions passer un peu de temps ensemble.» Ainsi, très tôt le jeudi 17 juillet, le jeune homme est allé retrouver son père et ils ont eu l’occasion de discuter. «Nounn bien koze, riye, badine. Li ti pe dir mwa vinn avek li lor enn santie, ki apre sa travay-la nou ti pou al manz enn minn, me mo pa ti pe santi mwa bien. Mo’nn dir li mo pou retourn lakaz ek ki mo pou zwenn ek li apre. Li’nn kit enn ti kas ek mwa lerla li’nn ale.» Il ne s’était pas imaginé que ce bref mais agréable moment en sa compagnie serait le dernier.

Sentiment de vide

De son côté, Dharam Haurdhan, camionneur de profession, a pris la route pour se rendre sur un chantier de construction à la rue Sottise, à Grand-Baie. D’après nos renseignements, le quinquagénaire aurait stationné le véhicule sur une route non-asphaltée près d’une villa et en serait descendu pour enlever la goupille du conteneur afin de débarquer de la terre. C’est là qu’un terrible accident s’est produit. Pendant cette manœuvre, le véhicule se serait soudainement déplacé, le frein à main n’ayant pas été tiré correctement. Pris au piège, coincé entre l’arrière du véhicule et une muraille en béton, Dharam Haurdhan est mort sur place, n’ayant pas été en mesure de se libérer.

Quelques instants seulement après qu’il a vu son père, Akash a reçu un coup de fil dont il se souviendra toujours : «C’est un cousin qui m’a appelé pour m’informer de l’accident. Il avait, à son tour, appris la nouvelle de la police de Grand-Baie. J’avais du mal à y croire puisque je venais à peine de le laisser.» Hélas, lorsqu’il s’est rendu au poste, les policiers lui ont confirmé la mauvaise nouvelle. «Mo’nn bizin donn enn statement, lerla mo’nn al lor sit-la. Kan mo’nn arive, lapolis ek ponpie ti ankor pe esey tir mo papa. Il aura fallu environ trois heures pour que les secours parviennent à déplacer le camion et à le libérer», souligne le jeune homme. Le médecin du SAMU avait déjà constaté le décès du quinquagénaire entre-temps. Akash a dû procéder à un exercice d’identification du corps sur les lieux avant que celui-ci ne soit transféré à la morgue. Une autopsie a été pratiquée le même jour par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médicolégal de la police, et a attribué sa mort à un fracture dislocation of the neck.

Lorsque nous le rencontrons à son domicile, quelques heures après les funérailles de son héros (NdlR : le vendredi 18 juillet), Akash ne cache pas le sentiment de vide qu’il éprouve depuis le départ soudain de son père, dans cette maison où il se retrouve seul désormais. «Tanki bann fami pou la, mo pa pou santi li. Me seki pou pli dir, se bann zour kot mo pou retrouv mwa tousel dan sa lakaz-la. Tou seki ena isi pou kontign rapel mwa mo papa. Li pa fasil ki sa laz-la mo nepli ena ni mama ni papa», lâche-t-il, le regard rempli de chagrin. Il esquisse tout de même un sourire lorsqu’il parle de cet homme qu’il admirait tant. «Li ti enn dimounn amikal, korek, popiler ek ki finn toultan ena bon manier. Tou dimounn ti pe apel li Madingo. Li ti kontan koze, fer konesans, badine ek li ti bien kontan so travay.» Son père, relate-t-il, exerçait le métier de camionneur depuis ses 18 ans. «C’était bien plus qu’un métier pour lui ; c’était une véritable passion. Mis à part son travail, il n’avait aucune autre activité.» Ne pouvant jamais tenir en place, «kan li pa ti ena travay lor camion, li ti pe al fer banian poisson», poursuit Akash.

Bien que son père fut souvent pris par ses obligations professionnelles, dit-il, il était toujours présent pour ses enfants à qui il a tout donné. «C’est grâce à lui que je suis l’homme fort que je suis. Depi lamor mo mama, li’nn bien get nou, li’nn touzour prezan pou nou. Li’nn travay dir pou ki nou pa mank nanie. Nou pa enn fami ki ena boukou, me zame nou finn mank kitsoz gras a li.» L’amour qu’il avait pour ses enfants, il le vouait également à ses neveux et nièces. «Se akoz manier ki li finn touzour tret nou tou ki mo bann kouzin, kouzinn ek mwa viv kouma frer ek ser azordi. Il ne fait, certes, plus partie de ce monde mais il a rendu notre famille plus soudée que jamais», confie Akash avec gratitude, même si la mort de son père lui a brisé le coeur.

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