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Par Yvonne Stephen
23 juin 2014 12:49
Mais ils ne sont pas sympas ! Pas sympas du tout, les autres-là. Alors que Paul Bérenger veut discuter à tout-va, meubler le temps, parler de réforme électorale, de mini-amendement, de manifestation et de motion de censure. Eux ne veulent pas. Alors qu’il veut Breathe Again, remplacer son ancien amour (il serait néanmoins en mode Unbreak My Heart, selon certains observateurs) par de nouvelles rencontres. Eux font les difficiles et parlent de manque de crédibilité, de différence d’idéologie et de crise de Confians. Dans l’Eye of the Tiger, le chef de file des Mauves se doit de trouver une stratégie. Même s’il chantonne qu’il est Better Off Alone, son parti – si les hypothétiques législatives anticipées deviennent réalité – tente, quand même, de se trouver des alliés.
Et le comité central du MMM s’est réuni, hier, samedi 21 juin, pour décider du maintien (ou pas) de la réunion – regroupant les partis d’opposition, les syndicats et les «groupuscules» de gauche (dixit Paul Bérenger) – qui devait mener à une manifestation devant le Parlement dans les prochains jours (voir la décision en hors-texte). Des initiatives signées Paul Bérenger, afin de forcer la main à Navin Ramgoolam pour qu’il rappelle le Parlement (la fin de la prorogation pour faire voter le mini-amendement* devrait avoir lieu en juillet, selon
les rumeurs).
Malgré son enthousiasme affiché, le leader des Mauves a essuyé plusieurs refus. Cette soudaine solitude politique a de quoi lui faire hurler un S.O.S. d’un terrien en détresse.
Après Lalit, le Mouvement 1er Mai, les syndicalistes, le Front solidarité mauricien de Cehl Meeah, le PMSD (malgré la rencontre qui a eu lieu entre Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger), c’était au tour de Rezistans ek Alternativ et du MSM de décliner l’invitation du chef de l’opposition, samedi 21 juin. Ashok Subron, lors d’un point de presse, a fait part de la décision de sa plate-forme, en ces termes : «Paul Bérenger a cautionné la prorogation du Parlement. Et il a utilisé la réforme électorale comme paravent pour des discussions d’alliance.»
Le porte-parole a également fait part de trois demandes aux députés (voir hors-texte). Pravind Jugnauth, lui, a pris la même route qu’Ashok Subron. Et il l’a confirmé après une rencontre de son bureau politique. C’est le End of the Road pour le leader du parti soleil : «Le MMM utilise cette manifestation dans son propre avantage, afin douvrir à nouveau les discussions avec Navin Ramgoolam.» L’homme accuserait-il Paul Bérenger d’avoir un Poker Face ? Absolument : «Paul Bérenger est le complice de Navin Ramgoolam, qui a décidé de proroger le Parlement. Ils ont fait un hold-up de la démocratie.» Et sir Anerood Jugnauth, en mode Mon Fils, Ma Bataille, est du même avis.
Il n’a visiblement pas encore digéré la rupture du Remake initié par Paul Bérenger. Et il sent bien que se rabibocher avec le leader des Mauves (pour l’instant) n’apporterait que des embrouilles. I Knew You Were Trouble semblait vouloir dire l’ancien leader de l’alliance MMM-MSM quand il a déclaré, cette semaine, ne pas être prêt à pardonner à celui qui a fait «(so) leker fer mal». Ah, Souffrans Lamour ! Néanmoins, chaque histoire a son refrain et SAJ n’est pas – totalement – contre un accord. Alors, il n’ose pas encore le Hit the Road Jack et n’écarte pas un Fallin’ («Sometimes I love you, sometimes you make me blue) : «Telle que la situation se présente, chacun doit travailler de son côté. Le futur nous dira s’il y a la possibilité d’œuvrer ensemble.»
Malaise des Mauves
Ces tergiversations ont de quoi donner aux membres du MMM et du MSM l’impression d’être dans un Rollercoaster. Ceux du MMM ont le tournis depuis quelques semaines. Merci au rythme désordonné de Mon manège à moi, c’est toi que fredonne Paul Bérenger. Et même si la direction des Mauves refuse de reconnaître le malaise, il y en a bien un : «Je suis Paul Bérenger depuis des années. Mais là, je me demande vraiment pourquoi il se ridiculise de cette façon. Le MMM a décidé de se présenter seul aux élections. Allons-y ! Assez de koz koze», lâche un militant qui ne se retrouve plus dans les décisions de son leader et qui cherche, avec une once de désespoir, à trouver Somewhere (He) Belong(s).
Le temps est à la construction des idées et des prises de position, estime un jeune membre de ce parti : «Je ne crois pas que Paul Bérenger souhaite relancer les discussions avec Navin Ramgoolam en essayant de réunir les membres de l’opposition sur une même plate-forme afin de l’impressionner. Il s’inquiète vraiment pour le pays. Mais bon, il faut qu’il réalise que nous devons nous concentrer sur notre parti. C’est le moment d’avancer et de faire nos preuves.» De nombreux observateurs politiques seraient tentés de lui répondre : «Tant qu’on rêve encore.»
Si notre interlocuteur n’est pas contre une éventuelle alliance avec le MSM (mais pas avec le PMSD), les Oranges ne sont, eux, pas tous de cet avis. Pour certains membres du parti du soleil, Paul Bérenger est Unstoppable. «Je ne sais pas ce que va décider notre leader, mais, pour moi, c’est un homme dangereux. Il est capable de tout. Il peut vous encenser, aujourd’hui. Et ensuite vous insulter, demain. Ou les deux, dans la même journée. Il a prouvé qu’il en était capable», explique un député du MSM. Son parti, dit-il, est sur la bonne voie, accueille de nouveaux membres et gagne en popularité, et n’a donc pas besoin d’une alliance avec le MMM : «Mais je ne suis pas contre le fait de travailler avec le PMSD.»
Le parti de Xavier-Luc Duval semble provoquer un Burning Desire de la part des deux anciens alliés. Mais les Bleus ont décidé de reprendre un Donne-moi le temps général (voir hors-texte : «Le PMSD papillonne»). Du côté des Rouges, on se frotte les mains. La déconvenue de Paul Bérenger rend Happy : «C’est bien fait pour lui. Il se ridiculise tout seul. Nous n’avons rien besoin de faire. Nous avons notre majorité au Parlement et nous avons du travail à faire. Nous nous concentrons dessus», précise un député rouge qui espère, néanmoins, que Paul Bérenger ne viendra pas «quémander» une nouvelle fois, une alliance. Larg mwa, laiss mwa ale !
Pas sympa ! Et Paul Bérenger, même s’il veut se montrer Strong Enough, ne peut pas ignorer qu’il n’a pas une position des plus confortables. Pour se rattraper, se lancera-t-il dans un énième rapprochement avec le Labour Party, une sorte de Knockin’ on Heaven’s Door revisité ? Ou quelqu’un écoutera-t-il finalement sa prière, Send Me an Angel, d’unification des partis de l’opposition ?
Grâce au mini-amendement qui consistera à remplacer le mot shall par may dans l’article 3(1) de la première annexe de la Constitution, les candidats n’auront pas à déclarer leur appartenance communale lors du Nomination Day. Une nécessité pour Navin Ramgoolam car le gouvernement mauricien s’est engagé auprès des Nations unies concernant cette réforme électorale. Cet organisme international avait estimé qu’il s’agissait d’une violation des droits fondamentaux de tout candidat en vertu de l’article 25 de l’International Covenant on Civil and Political Rights.
(Voir ci-contre la playlist des chansons utilisées dans le texte)
La politique en musique
«All By Myself» - Céline Dion
«Breathe Again» - Linzy Bacbotte
«Unbreak My Heart» - Toni Braxton
«Confians» - Blakkayo
«Eye of the Tiger» - Survivor
«Better Off Alone» - Alice Deejay
«S.O.S. d’un terrien en détresse» - Daniel Balavoine
«End of the Road» - Boyz II Men
«Poker Face» - Lady Gaga
«Mon fils, ma bataille» - Daniel Balavoine
«I Knew You Were Trouble» - Taylor Swift
«Souffrans Lamour» - Alain Ramanisum
«Hit the Road Jack» - Ray Charles
«Fallin’» - Alicia Keys
«Rollercoaster» - B*Witched
«Mon manège à moi, c’est toi» - Edith Piaf
«Somewhere I Belong» - Linkin Park
«Tant qu’on rêve encore» - Le Roi Soleil
«Unstoppable» - Rascal Flatts
«Burning Desire» - Lana Del Rey
«Donne-moi le temps» - Jenifer
«Happy» - Pharrell Williams
«Larg mwa, les mwa ale», «Laparans» - Blakkayo
«Strong Enough» - Cher
«Knockin’ on Heaven’s Door» - Guns N’ Roses
«Send Me an Angel» - Scorpions
Le leader du MMM n’est plus aussi loquace. Pourtant, ces dernières semaines, il nous avait habitués à de longues déclarations. Néanmoins, à l’issue du comité central qui devait décider si, oui ou non, le parti irait de l’avant avec sa réunion et sa manifestation devant le Parlement, le leader des Mauves a préféré ne pas faire de déclaration. Selon nos informations, le MMM n’écarte pas l’idée d’aller seul manifester devant le parlement alors qu’il aurait abandonné l’idéé de la réunion élargie. Plus tôt, lors d’une conférence de presse, Paul Bérenger avait fait un point sur la situation. Il avait avancé que le MMM pourrait bien manifester en solo, tout en critiquant les «tergiversations du MSM» et la «bouderie» de certains «grouspucules de gauche et d’extrême gauche».
Par ailleurs, il est revenu sur les spéculations autour de «koz koze» : «Il y a des rumeurs infondées. Depuis le vote massif de notre assemblée des délégués pour une rupture avec Navin Ramgoolam, je ne discute d’alliance avec personne.» Il a également ajouté que le MMM continue à se préparer à aller seul aux législatives, qu’entre le MMM et le MSM, le «mood n’est pas bon» et que la rencontre avec Xavier-Luc Duval a été très positive. Il s’est dit inquiet pour le pays : «Si la situation actuelle persiste, ce serait mauvais pour le pays et l’économie.» Et il a précisé que le gouvernement n’a aucun «mandat moral et politique» pour concrétiser des projets tels que la centrale à charbon CT Power, les appels d’offres sur le métro léger, entre autres.
Il a, en outre, réclamé la tenue de législatives anticipées au plus vite. Comme à son habitude, avant l’épisode des tractations entre le PTr et le MMM.
De rencontre en rencontre, Xavier-Luc Duval a fait un petit tour politique, cette semaine.
Semaine très politique pour Xavier-Luc Duval. Depuis son départ du gouvernement, on n’a jamais autant vu l’ancien ministre des Finances. Et ça continuera, aujourd’hui, dimanche 22 juin. Le PMSD organise son Congrès extraordinaire à partir de 10h30, à l’auditorium Octave Wiehe. Une façon de remobiliser les Joes et d’en trouver d’autres. D’ailleurs, on l’annonce sur la page Facebook du parti : «Tous ceux qui s’enregistreront ce jour-là, deviendront formellement membres du PMSD.» Ce sera également l’occasion d’élire un nouveau président de parti (rappelez-vous, Maurice Allet n’a pas suivi) et de faire part de la nouvelle ligne politique du PMSD.
Plus tôt, cette semaine, le leader des Bleus a enchaîné les rencontres. Pendant que Paul Bérenger tente en vain d’unir l’opposition, Xavier-Luc Duval, lui, butine. Il a d’abord rencontré le leader des Mauves pour une «prise de contact» et pour discuter de la situation politique. Il n’aurait pas été question d’alliance. Selon certaines sources, il semblerait que les deux leaders seraient d’accord autour d’un seuil d’éligibilité de 7,5 % à la proportionnelle. Malgré cette rencontre, Xavier-Luc Duval a décidé que son parti ne participerait pas aux prochaines initiatives du MMM (réunion et manifestation). Décision que Paul Bérenger dit comprendre parfaitement. Lors d’un point de presse, hier, samedi 21 juin, le leader du MMM devait déclarer : «J’ai rencontré Xavier-Luc Duval et je me rends compte qu’il ne souhaite pas “rush things”. Ils viennent de quitter le gouvernement.» Malgré la décision de Xavier-Luc Duval, Jacques Panglose, membre du bureau politique bleu, n’a pas tardé à confier sa désapprobation concernant cette rencontre.
D’autre part, le leader du PMSD, qui a dit vouloir «travailler avec les partis de l’opposition» et entretenir une «bonne entente», a également rencontré sir Anerood Jugnauth, en fin de semaine, pour une «visite de courtoisie». Au menu des discussions : la situation politique (bis). Et aucune décision prise concernant une éventuelle alliance (bis).
Ashok Subron ne manifestera pas, mais lance un appel aux députés de l’opposition.
Ils n’iront pas. Le parti de gauche, Rezistans ek Alternativ, a donné sa réponse à l’invitation de Paul Bérenger de participer à une réunion et à une manifestation. Pour le porte-parole du mouvement, Ashok Subron, cette décision a été prise après plusieurs réunions de consultation avec les «militants et les alliés» de Rezistans ek Alternativ. C’est ce parti de gauche qui conteste la nécessité des candidats, aux législatives, de devoir indiquer leur appartenance ethnique afin que leur candidature soit prise en considération lors du Nomination Day. C’est également lui qui a obtenu un jugement, en sa faveur, des Nations unies.
Alors, Ashok Subron, au nom de la formation, a demandé trois choses aux députés de l’opposition. En premier lieu, que les députés de l’opposition écrivent au Comité des droits humains des Nations unies afin de confirmer qu’ils voteront en faveur du mini-amendement qui permettra aux candidats de ne pas décliner leur appartenance ethnique. Le porte-parole de Rezistans ek Alternativ demande également à ce que les candidats aux législatives ne se classifient pas en fonction de leur communauté lors du prochain Nomination Day. Il fait un appel pour que ces derniers se considèrent comme des citoyens mauriciens. De plus, l’homme demande à ce que les draft bills concernant la réforme électorale et le mini-amendement soient rendus publics.
Paul Bérenger s’est exprimé sur le même sujet lors de son point de presse, hier, samedi 21 juin. Il a déclaré : «Si les législatives ont lieu avec le système actuel, tous les candidats du MMM déclareront leur communauté “under protest” et pour la dernière fois, en attendant la réforme électorale.»
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