Publicité
25 mai 2015 10:10
Un message fort et touchant pour dire que la mobilisation n’est pas finie et que la guerre ne fait que commencer. Ils étaient une centaine de salariés des différentes entités du groupe BAI à descendre dans les rues de Quatre-Bornes le temps d’une marche pacifique pour signaler leur inquiétude face aux répercussions que l’affaire BAI a eu sur leur travail. Ils se sont donné rendez-vous devant l’église de Saint-Jean, avant de converger vers la municipalité de Quatre-Bornes, brandissant leurs slogans pour réclamer justice.
En début de semaine, 704 employés venant de différentes filiales telles qu’Apollo Bramwell, Courts et Bramer Asset Management étaient tombés des nues en recevant leur feuille de route. La tragédie de ces personnes qui se retrouvaient du jour au lendemain sans travail a occupé l’actualité toute la semaine, se profilant comme un véritable drame humain.
Face à leur désespoir, le gouvernement a annoncé, lors d’une conférence de presse animée par le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, entouré des ministres Xavier-Luc Duval, Ivan Collendavelloo, Showkutally Soodhun, Vishnu Lutchmeenaraidoo et Pravind Jugnauth, que le licenciement de ces employés était temporairement annulé et qu’ils pourraient tous reprendre leur travail dès le samedi 23 mai. Concernant les salaires du mois de mai qui n’ont pas encore été payés, le ministre a déclaré qu’une ligne de crédit sera accordée aux Special Administrators de la BAI pour que ces employés reçoivent leur dû. Si ces derniers ont poussé un ouf de soulagement, ils ne sont pas pour autant rassurés sur leur avenir professionnel. Appréciant le geste du gouvernement, ils ont tout de même maintenu cette marche pacifique pour faire part de leurs interrogations.
«Nous disons merci au gouvernement pour le salaire du mois de mai, mais nous voulons savoir ce qui va nous arriver après ? Nos emplois sont sauvés pour le moment seulement. Sommes-nous en sécurité ? Nous ne pouvons pas payer les pots cassés alors que nous sommes des victimes», scande Rebecca Bablee, présidente du comité Travayer marye pike pou fer respekte to drwa, mis sur pied par les employés de la BAI. Ils étaient nombreux à se réunir dans la cour de l’église de Saint-Jean, munis de leurs pancartes et de leurs banderoles, pour crier à l’injustice, dénoncer l’insécurité de leur emploi et réclamer leur droit d’employé. Beaucoup d’entre eux sont venus en famille, avec leurs enfants. Au cours des derniers jours, aucun d’entre eux n’a dormi sur ses deux oreilles. Dans leurs têtes, des dizaines de questions se bousculent. Comment payer les factures ? Comment rembourser les dettes ? Comment subvenir aux besoins des enfants ? «Avant tout ce scandale, jamais nous n’aurions pensé qu’après toutes ces années de service, nous pourrions nous retrouver du jour au lendemain sans travail. Ce suspense est terrible. Que va-t-il se passer pour nous et nos familles ?» lancent d’une même voix Ben Mahmode et Sophie Luxe, qui travaillent tous deux chez Ireko Facilities depuis plusieurs années.
Outre les questions, il y a tout un mélange de sentiments qui bouleversent ces employés. Parmi eux, celle que tout le monde connaît sous le nom de Marie-Josée. De nature joviale, celle qui a passé 23 ans chez Iframac ne cache pas son amertume après tant d’années de bons et loyaux services : «Pour moi, c’était comme une deuxième famille. On a tout donné pour ce travail et aujourd’hui, si on me demande comment je me sens, je dirais que j’ai l’impression d’avoir reçu un coup de poignard dans le dos.» Déçue après les récents événements et le sort réservé aux salariés du groupe, Marie-Josée a décidé «de quitter le bateau maintenant», mais avant elle compte bien mener ce combat. Car oui ! Pour elle comme pour les centaines d’autres employés qui se sont mobilisés, la lutte ne fait que commencer.
Dans l’incertitude, ils veulent avoir la garantie qu’à l’avenir leurs emplois et leurs conditions de travail seront en sécurité. Pour le moment, tous ont le sentiment d’être en sursis.
C’est avec surprise que les participants de la marche pacifique ont vu se joindre à eux trois ministres : Pradip Roopun, ministre de l’Intégration sociale et de l’autonomisation économique, Ravi Yerrigadoo, Attorney General, et Roshi Badhain, ministre des Services financiers, de la bonne gouvernance et des réformes institutionnelles. Ce dernier a tenu à rassurer les employés présents concernant la volonté du gouvernement de leur venir en aide. Il a commencé par expliquer toutes les actions menées par les autorités pour soutenir les clients ayant investi dans la BAI, dont le remboursement des clients du Super Cash Gold qui ont investi Rs 19,2 milliards dans 24 690 polices d’assurance. Cela, avant de donner la garantie aux employés que le gouvernement va tout mettre en œuvre pour les aider : «Soyez rassurés, nous allons vous aider. Ce n’est pas la peine de vous faire du souci. Nous sommes avec vous à 100 %.» Plus tôt, c’est l’avocat Dev Ramano qui s’est adressé à la petite foule massée devant la municipalité de Quatre-Bornes. Pour lui, les lois du travail doivent être revues pour offrir une meilleure sécurité aux travailleurs. À savoir qu’une vingtaine de soumissions ont été reçues pour la reprise d’Iframac, de Courts et d’Apollo Bramwell. Elles sont actuellement étudiées par les Special Administrators de la BAI. Dans la semaine, les Chief Executive Officers de Courts et d’Iframac, Claudio Fiestritzer et Brian Burns, les deux gendres de Dawood Rawat, sa belle-sœur Valérie Rawat d’Apollo Bramwell et ses filles Adeela et Laïna Rawat de Seaton Investment, ont été limogés avec effet immédiat.
Publicité