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24 décembre 2021 18:27
Adaptation. Avec le virus et la pandémie qui nous sont tombés dessus, nous avons dû nous adapter comme tout le monde. Pour nous, à Abaim, c’était difficile de ne pas rencontrer les enfants et autres bénéficiaires durant le confinement, de ne pas tenir les ateliers. Nous avons commencé les rencontres sur Zoom très rapidement. Nous avons presque 300 bénéficiaires, plus les parents.
Mission. Toute l'équipe s’y est mise pour former les membres au fonctionnement du Zoom et nous avons travaillé dur pour faire en sorte que les jeunes ne décrochent pas, qu’ils participent aux différentes activités. Il nous fallait rester solides pour réussir notre mission dans ces circonstances inédites et difficiles !
Réflexion. Pour le second confinement, nous avons continué avec les activités via Zoom. Même si le centre de Beau-Bassin est maintenant ouvert, les activités pour les bénéficiaires se font toujours en ligne. Nous n’organisons pas non plus, comme nous le faisions chaque décembre, de concerts, de jeux d’antan ou de vente au Super U. Nous privilégions la vente en ligne et les petites vidéos… Tout ce qu’on fait maintenant méritent une grande réflexion ; pour arriver au même résultat, on doit passer par d’autres chemins. An tou ka, nou kontinie viv, nou res vivan !
Émotions. Nou dan bann gran lemosion depli plizir mwa ! Kouma dir enn vag ki pe mont bien ot ek apre pe redesann bien ba ! Mais nous faisons tous du mieux que nous pouvons pour contrôler toutes ces émotions intenses et mener une vie aussi normale que possible.
Priorité. Nous nous rendons aussi compte qu’on aurait pu mieux gérer certains secteurs importants. Par exemple, les gens sont plus conscients que l’accès à un service de santé efficace est un droit pour tous et une priorité. C’est triste de constater que la santé publique n’a pu s’adapter à la situation actuelle. Il faut investir davantage dans ce secteur, avoir les technologies de pointe, améliorer les choses. Et il ne faut pas juste critiquer mais aussi soutenir ce service et ceux qui y travaillent.
Adaptation. On voit aussi que le système éducatif ne nous a pas formés à faire face à ce genre de situation, que ce soit au niveau des sciences, de la pollution, de l’environnement ou des virus, entre autres. À cause de cela, aujourd’hui, les gens ne savent pas à quoi ils font face et quelle est la meilleure chose à faire, ils ont peur des vaccins, alors que c’est le meilleur moyen de combattre un virus.
Inégalité. L’inégalité entre les classes de notre société aussi saute au yeux. Entre les familles pauvres qui, en situation d’isolement, n’ont souvent qu’une chambre pour tout le monde et ceux qui ont de grandes maisons, entre ceux qui doivent voyager par le bus et ceux qui ont des voitures… Zordi nou pe trouv bien sa bann inegalite ki ena o nivo klas sosial-la. Nou pe konstate ki nou tizil pa enn paradi.
Culture. Le secteur culturel a aussi été très impacté par la situation sanitaire. De ce fait, j’ai peur que ceux qui s’y intéressent laissent tomber, qu’il n’y ait pas de renouvellement. D’autant que Maurice est l’un des rares pays au monde où les artistes n’ont aucun statut.
Pots cassés. Je dois tout de même avouer qu’à mon sens, le gouvernement a bien géré la situation lors de la première vague de Covid-19 en 2020 mais ensuite, l’économie a repris les commandes. Ce sont ceux qui investissent qui décident de tout et c'est nous tous qui payons les pots cassés ensuite.
Progrès. Cette situation nous fait prendre conscience à quel point l’île Maurice et les Mauriciens ont couru derrière le progrès, l’avancement matériel, le développement. Nous avons de ce fait négligé des choses importantes qui nous auraient servi aujourd’hui ; la sécurité alimentaire, par exemple. Presque tout ce que nous consommons est importé.
Potager. Bien sûr, tout le monde a essayé, depuis le premier confinement, de faire un petit potager et c’est très bien. Mais il a fallu qu’on en arrive là pour qu'on prenne conscience de l’importance d’être autosuffisants autant que possible. Ena enn proverb amerindien ki dir : «Kan pou fini koup dernie pie, fini manz dernie pwason, fini anpwazonn dernie larivier, lerla pou realize ki pa kapav manz larzan.» Samem dir tou !
Bien-être. La situation sanitaire nous pousse aussi à réfléchir à notre corps et à son bien-être. Les gens ont recommencé à s’occuper de leur corps, à faire du sport, du yoga, du Qigong, à s’alimenter plus sainement. Le fait d’être confiné nous a aussi fait voir à quel point c’est bon d’être dehors, de sortir, de respirer le grand air. Et aussi à apprécier les choses simples de la vie.
Actions. N’oublions pas non plus toutes ces jolies actions qu’il y a eu durant les confinements. Les gens ont partagé ce qu’ils avaient avec leurs voisins, leurs prochains. Continuons ainsi. N’attendons pas une autre catastrophe pour nous intéresser aux autres, leur tendre la main… Sa fer nou reflesi ki kalite lavi nou ti pe amene avan pou ki nou pa ti pe trouv letan fer sa kalite kitsoz-la, dan ki kalite sistem nou pe evolye... Li vre ki nou esklav enn sistem me mo krwar inn ler ki nou reflesi seriezman kouma kapav amelior ek sanz sa sistem-la.
Soutenable. Je ne suis pas économiste mais je pense quand même que l’une de nos priorités devrait être la sécurité alimentaire. De plus, la culture de la terre et l’élevage pourraient fournir beaucoup d’emplois. Nous avons besoin d’un développement soutenable qui bénéficiera aussi aux générations à venir et garantira que nous pourrons survivre si un autre virus nous coupait du reste du monde.
Santé. Nous devons aussi avoir un système de santé solide qui peut prendre en charge correctement les malades et en grand nombre. Nous avons aussi besoin d’un système éducatif qui nous apprend à bien réfléchir pour faire face efficacement à des catastrophes. Bref, c’est un tout que nous devons revoir afin d’améliorer notre société.
Loportinite. On dit qu’à chaque grande difficulté que le monde vit – pandémie, guerre, etc. –, il y a une grande remise en question qui a pour résultat une amélioration des choses. Anou sezir sa loportinite ki nou pe gagne pou nou amelior ek sanz bann kitsoz dan nou lavi ek nou sosiete. Anou aret lager ek met latet ansam pou trouv bann solisyon.
Limanite. L'une des plus belles choses qui sont sorties de cette situation difficile, c’est que nous avons pris conscience que nous ne sommes pas seuls au monde, nou tou lor enn sel boul later ek seki nou fer isi afekte bann lezot, ek vis versa. Nou dan enn sistem ki apel limanite. Nous avons aussi compris à quel point il y a des inégalités sociales et qu'on ne peut plus vivre dans une bulle et porter des oeillères. Il faut agir en conséquence.
Collectif. La santé est également devenue une priorité pour presque tous et nous incite à mieux prendre soin de nous. Et puis, il y a cette prise de conscience collective que seul on ne peut pas faire grand-chose. Nous devons réfléchir à comment nous pouvons atteindre nos objectifs ensemble, d’une manière efficace.
En ce moment, outre la vente en ligne de nos produits (qui peuvent aussi être achetés dans notre magasin de Beau-Bassin), Abaim planche sur la renaissance de Nom mwa : Sega tipik (2e édition) car les livres et CD de la première édition sont tous vendus. C’est une édition augmentée, avec plein de photos, des analyses musicales en trois langues… Un bon moyen de connaître ce trésor de notre patrimoine qu’est le sega tipik. Il y a eu aussi, durant la semaine écoulée, la 16e session du comité intergouvernemental pour la sauvegarde de l’héritage culturel immatériel qui siège à Paris et qui est diffusée en ligne ; en tant qu’ONG accréditée auprès de l’Unesco, nous avons suivi tout cela avec beaucoup d’intérêt. D’autant que nous voyons que ces derniers temps, les gens reviennent vers les traditions, que ce soit pour la nourriture, la musique ou autre. C’est une très bonne chose.
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