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Maya Hanoomanjee : Une Speaker qui fait jaser

2 mars 2016

Maya Hanoomanjee : Une Speaker qui fait jaser

 Elle a plusieurs cordes à son arc. La plus visible : c’est une serialpoudreuse, capable de sortir un maquillage des années 80 en 2016. La plus admirable : elle a un drapé de sari parfait. Celle qui fait le plus parler d’elle, néanmoins, est sa capacité à faire jaser sur la scène politique. Et pas toujours pour les bonnes raisons. Si la Speaker de l’Assemblée nationale, première femme à occuper ce poste, a fait une pirouette historique avec l’Alliance Lepepau gouvernement, elle traîne quelques casseroles. Les dernières en date : sa décision de payer une ancienne dette à la clinique Apollo Bramwell, mais aussi la sortie en règle de Paul Bérenger contre elle. Et malheureusement, il semblerait que les ennuis ne vont pas s’arrêter là. Affaire à suivre.

 

Mais bon, procédons par ordre. La première histoire concerne une facture d’Apollo-Bramwell pour des soins qu’aurait reçus Maya Hanoomanjee en octobre 2014. Elle s’élève à Rs 49 000 et aurait été write off. C’est ce qu’a indiqué l’express(dans un article publié dans le sillage de l’affaire Soodhun). La principale concernée a, par la suite, assuré qu’elle avait réglé sa note dès qu’elle en avait pris connaissance (en 2016) :«Au moment où je vous parle, je ne dois rien à personne. Il y a eu une confusion. J’ignorais que je devais cette somme. Je suis une personne droite qui n’aime pas les dettes, je n’ai rien d’autre à vous dire.»

 

La seconde, une petite colère de Paul Bérenger : il parle d’abus de la Speaker concernant les voyages des parlementaires. Selon le leader de l’opposition, elle ne serait pas équitable dans le partage de ces missions à l’étranger et privilégierait les députés de la majorité. Maya Hanoomanjee n’a pas tardé à répliquer avec véhémence : «Autant que je sache, il y a trois partis qui sont dans l’opposition : le MMM, le PTr et le MP. Je consulte le leader de l’opposition quand il y a des voyages. Et Paul Bérenger choisit toujours des députés du MMM, sauf dans un cas où, je m’en souviens, Osman Mahomed du PTr a été de la partie. Que les Mauriciens sachent toute la vérité sur le choix de M. Bérenger !»

 

Une réponse musclée mais dans la sobriété. Une nouvelle attitude qu’elle retient certainement de sa riche expérience en politique. Maya Hanoomanjee, née Ghose le 15 novembre 1952, sait bien qu’il faut tourner au moins sept fois sa langue dans sa bouche, désormais. Et puis, de toute façon, craquer sous le poids de la pression ne serait «pas son genre», confient ceux qui la côtoient.

 

L’ancienne ministre de la Santé (sous la brève alliance PTr-MSM, brisée par l’affaire Medpoint), critiquée à l’époque pour sa gestion terrible du dossier de la grippe A, est une femme forte, selon un de ses collaborateurs dans la fonction publique. Une personne déterminée que peu de choses semblent pouvoir ébranler. À un épisode près : alors dans le tourment de l’affaire Medpoint, arrêtée et inculpée sous une charge provisoire de public official using her office for gratification, elle fera un malaise – que certains qualifieront de «diplomatique» – suivi d’une hospitalisation. Finalement, elle ne sera pas poursuivie dans cette affaire.

 

Mariée à Jugdish et mère de trois filles, la Speaker trouverait sa force auprès de sa famille. Très centrée sur les siens, elle a toujours tenté, explique un membre de sa famille politique, de protéger ses enfants. Alors, quand l’accession de sa fille Naila à la tête de la State Property Development Co. Ltd a fait polémique en 2015, la cousine par alliance de Pravind Jugnauth n’a pas hésité à riposter… avec maladresse : «Pour vous dire franchement, j’aurais préféré, en tant que mère, que ma fille ne revienne pas à Maurice. Mais à son âge, je ne peux pas lui dicter son choix. Elle a postulé pour un poste après un appel à candidatures. On l’a finalement trouvée meilleure pour ce job de par ses qualifications et son expérience.»Une déclaration qui a en fait tiquer plus d’un alors que le gouvernement tente par tous les moyens d’attirer les Mauriciens diplômés d’universités étrangères.

 

Des mots qui ont rappelé ses propos au sujet des obèses – «zot gro, depi zot latet ziska zot lipie, li enn sel», devait-elle déclarer alors qu’elle était ministre de la Santé. À la même époque, elle n’hésitait pas à partager son point de vue sur les séropositifs qui étaient «un fardeau pour leurs entreprises».Sa fameuse réplique - «le chien aboie, la caravane passe»- lorsque cette habitante de Curepipe était sommée de s’expliquer sur le traitement VIP qu’aurait reçu son frère à l’hôpital avait aussi fait des vagues. Et alors que certains l’accusaient d’être «stupide», elle précisait qu’elle n’avait jamais «fail»à aucun examen et se faisait lyncher encore une fois.

 

Néanmoins, même si la politicienne souffre visiblement du mal des ratés en communication, il serait impossible de résumer son engagement à ces petits écarts. Superwomande la fonction publique, la mère de famille a passé plus de trente ans dans les organismes gouvernementaux. Une hard-workeuse«Quand je quitte la maison à 7 heures, je ne sais jamais à quelle heure je vais rentrer», confiait-elle il y a quelques années –, dont les efforts ont souvent été récompensés. Elle a été nommée à plusieurs postes à responsabilités : présidente du conseil d’administration de la Mauritius Revenue Authority et de la Mauritius Sugar Authority, chef de cabinet au ministère de la Santé, par exemple.

 

Un choix de carrière décidé après son HSC au Queen Elizabeth College – elle était auparavant à l’école primaire Aryan Vedic –, avec pour objectif de gravir les échelons tout en passant le maximum d’examens. «Mon père allait prendre sa retraite. Il avait déjà financé les études de droit de mon frère et il n’avait pas d’argent pour m’envoyer étudier à l’étranger (…) J’ai analysé la hiérarchie et petit à petit, je me suis hissée jusqu’au sommet»,expliquait-elle dans une interview à l’expressen 2003.

 

En 2005, elle prend sa retraite et se lance dans la politique au sein du MSM. Connue pour sa voix «éraillée» lors des meetings, Maya Hanoomanjee a fait son baptême du feu en politique dans la circonscription  nº 14 (Savanne/Rivière-Noire) où les habitants gardent un bon souvenir d’elle. «Elle a toujours été à l’écoute, prête à donner un coup de pouce»,explique une jeune femme qui l’a côtoyée pendant la campagne électorale de 2010. D’ailleurs, cette dernière regrette que la Speaker se soit retirée de la vie politique active :«On avait vraiment l’impression que nos problèmes l’intéressaient. Elle faisait un effort.»

 

Oui, Maya Hanoomanjee a plusieurs cordes à son arc…

 


 

Bérenger dénonce, Barbier soutient

 

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Outré. Le leader du MMM l’est face aux accusations de Maya Hanoomanjee à son encontre et il l’a fait savoir hier, samedi 27 février, lors de sa conférence de presse hebdomadaire. «La Speaker ment, tout simplement», a-t-il déclaré. Paul Bérenger a fait circuler une liste, également. Elle prouve, selon lui, qu’Osman Mohamed, Shakeel Mohamed et Ezra Jhuboo ont participé à des missions à l’étranger. Il a, une nouvelle fois, demandé que Maya Hanoomanjee rende des comptes concernant ses déplacements en dehors du pays (elle a dit qu’elle le ferait très prochainement). Et a annoncé qu’il poserait des questions en ce sens dès la reprise des travaux parlementaires.

 

Pour sa part, Jean-Claude Barbier, démissionnaire du MMM et membre du parti d’opposition Mouvement patriotique, a apporté son soutien à Maya Hanoomanjee. Il estime qu’il existe trois partis d’opposition (MMM, MP et PTr) mais que Paul Bérenger «ne fait pas un partage juste et équitable lors de l’attribution des missions parlementaires à l’étranger». En gros, il assure que le leader du MMM favorise les députés de son parti. Et que la Speaker a pris la décision qui s’imposait suite à une remarque qu’il lui a faite : choisir les députés qui représenteraient Maurice à l’étranger.

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