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31 octobre 2016 04:23
Le regard perdu dans le vide, Amaidee ne peut retenir les larmes qui coulent à flots sur ses joues. Il y a quelques heures, elle a appris la plus terrible des nouvelles. Son fiancé Venen et la mère de celui-ci, Indrani, sont morts dans un accident de la route. «Ça fait cinq ans que Venen et moi sommes ensemble», dit-elle, avant d’éclater en sanglots. C’est en essayant de le joindre au téléphone, car ils avaient rendez-vous, qu’elle a appris la terrible nouvelle. «Je l’ai appelé. C’est un policier qui m’a répondu. Il m’a dit qu’il y avait eu un accident et qu’ils sont morts tous les deux.» Face à cette douleur qui lui semble insoutenable, Amaidee voit s’évanouir tous ses rêves de bonheur avec Venen et les projets qu’ils avaient faits ensemble. Amoureux, ils avaient prévu de se marier bientôt mais c’est un rêve qu’ils ne réaliseront jamais.
À Grand-Baie, chez la famille des victimes, la scène est inimaginable, presque irréelle. Ce qui devait être un jour de fête s’est transformé en un véritable cauchemar. Ils s’étaient réunis en famille, avaient dressé la table et n’attendaient qu’Indrani, 49 ans, et son fils, Venen, 25 ans, pour fêter comme il se doit, comme de nombreux tamouls, le Deepavali en ce samedi 29 octobre. Mais les deux ne sont jamais rentrés.
Peu après midi, la moto sur laquelle mère et fils se trouvaient a fait une sortie de route à Sottise, Grand-Baie, avant de percuter un pylône électrique. L’impact a été si violent qu’ils sont morts sur le coup. Ensemble, ils revenaient de chez la sœur d’Indrani qui habite The Vale. Venen, un garde-côte interdit de ses fonctions suite à une affaire d’agression, y avait élu domicile depuis quelque temps. Le jeune homme avait aussi prévu de rencontrer sa fiancée Amaidee, qui l’attendait à Grand-Baie La Croisette, mais l’irréparable s’est produit en route.
À Grand-Baie, là où Indrani vivait avec ses deux autres sœurs et leur famille, la table, le repas et les gâteaux préparés à l’occasion de la fête de la lumière ont été mis de côté. À la place, une salle verte et des chaises ont été installées dans la cour. Les proches des deux victimes semblent comme figés dans le temps, incapables de comprendre ce terrible coup du sort. «On allait déjeuner quand quelqu’un est venu nous dire qu’il y avait eu un accident», confie Surren, cousin d’Indrani. Les gens, amis, voisins et connaissances viennent et partent sans trop savoir quoi faire ni quoi dire dans ces circonstances. Sur les visages, la consternation se mêle au chagrin.
À l’intérieur de la maison, les corps de la mère et du fils reposent l’un à côté de l’autre. Eux qui étaient connus pour être si proches dans la vie se retrouvent aujourd’hui unis dans la mort.
Les yeux rougis et bouffis, Amigail Munasami et Devi Mootheeveeren, les deux sœurs d’Indrani ont du mal à sécher leurs larmes, se demandant comment elles vont faire pour surmonter ce drame qui touche leur famille. «Je n’arrive pas à y croire. Jamais on n’aurait imaginé qu’une telle chose puisse nous arriver»,lance Devi. La veille, se souvient Amigail, Indrani, que tout le monde appelait Fi, s’était rendue chez leur sœur pour préparer des gâteaux. Sa sœur, dit-elle, était entièrement dévouée à son fils. Employée comme bonne à tout faire, elle était séparée du père de Venen depuis de nombreuses années, et avait fait le choix d’élever seule son fils tout en lui garantissant un bel avenir. «Elle a fait beaucoup de sacrifices. Récemment, elle a acheté un terrain pour que son fils puisse construire une maison.»C’est cette image que ses proches gardent à l’esprit, celle d’une femme forte, battante, qui n’a pas peur du travail pour donner le meilleur à son enfant. «Elle a tout fait pour lui. Elle l’aimait plus que tout. Elle a travaillé très dur pour l’envoyer à l’école et faire qu’il obtienne un bon job dans le gouvernement»,confie Amigail, incapable de retenir ses larmes en y pensant.
Cet accident a créé une onde de choc chez tous ceux qui étaient des proches ou de simples amis des deux victimes. Ceux de Venen sont tous venus en nombre rendre un dernier hommage à leur ami. Samedi après-midi, le jeune homme et quelques-uns d’entre eux étaient attendus à un match de foot. Venen, souligne l’un de ses oncles, était un grand fan de ce sport et un joueur qui avait beaucoup de talent. «Il aurait pu jouer en première division. Il était le meilleur élément de son équipe.» D’ailleurs, on lui avait donné le surnom d’Ade Bayo, en référence à un célèbre joueur de football. Il était tellement animé par sa passion que, quand il n’était pas sur un terrain de foot, il regardait tous les matchs de foot à la télé. «Il n’en ratait jamais un.»
Depuis qu’il était suspendu de son poste, Venen s’adonnait librement à sa passion pour ce sport. Pour ses amis, il était quelqu’un qui aimait la vie et qui en profitait. Aujourd’hui, il s’en est allé dans de tristes circonstances et sa mère avec lui. Laissant une famille et des amis abasourdis de douleur en ce week-end de Divali.
Texte : Amy Kamanah-Murday et Sabine Azémia
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