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Par Elodie Dalloo
26 décembre 2022 21:04
Ils avaient tout prévu pour Noël. Bien qu’ils ne participent habituellement pas à des fêtes autres que celles fixées par leur religion, Nooranee et Aisha Caramuth avaient changé leurs habitudes depuis la naissance de leur enfant. Pour faire plaisir à leur fils Taarik, 9 ans, sapin, cadeaux et célébrations en famille auraient été au programme cette année. Néanmoins, un tragique événement est venu bouleverser leurs plans et leur vie. Le samedi 17 décembre, Nooranee – un habitant de Rose-Hill de 43 ans – a été renversé intentionnellement par un camion conduit par un individu avec qui il avait eu des démêlés dans le passé. Il n'a pas survécu à ses blessures.
Il laisse derrière lui des proches abasourdis de douleur, dont sa veuve Aisha qui a perdu son bras droit, son roc. À son immense douleur s’ajoute un sentiment d’impuissance devant les interrogations de leur enfant qui ne comprend pas ce qui se passe. «Il me demande tous les jours quand on ira récupérer son père à l’hôpital. Je suis incapable de lui répondre (…) Tous deux étaient tellement proches ; c’est Nooranee qui le déposait et le récupérait à l’école. Taarik dormait à côté de lui et ne dînait jamais avant que son père rentre du travail.»
Toutes ces habitudes ont été soudainement chamboulées depuis le samedi 17 décembre. Alors qu’elle attendait que son mari rentre du travail pour le déjeuner, Aisha a été informée par une connaissance qu'il avait été victime d’un accident à quelques mètres de leur domicile, à la rue Boundary, Rose-Hill. Elle s'est rendue sur les lieux et l’a retrouvé gisant sur l’asphalte à côté de son deux-roues, avec de graves blessures. «Monn dir li : “Gat, leve, met serye, Taarik bizin twa”», relate la veuve. Mais celui-ci, déjà très affaibli, a juste pu lui répondre : «Mo basin inn eklate. Mo pe ale. Get Taarik bien.» Conduit à l’hôpital Victoria par le SAMU, Nooranee a rendu l’âme quelques minutes plus tard.
Alors que l’enquête préliminaire s’orientait vers un hit and run, les images des caméras de surveillance situées à proximité du lieu du drame ont permis aux forces de l’ordre d’établir qu’il s’agissait d’un acte malveillant. Elles ont démontré que le camion a intentionnellement foncé sur Nooranee, qui pilotait sa moto, et ne s’est pas arrêté. Les enquêteurs ont pu remonter jusqu’au conducteur responsable – un dénommé Sicalk Seebaluck, un habitant de la localité, âgé de 36 ans et connu des services de police. Il a fini par avouer avoir commis ce crime parce que la victime, à qui il devait de l’argent, le «harcelait». Il aurait, dans le passé, retenu ses services pour des réparations et ne l’aurait jamais payé. À chaque fois qu’ils se croisaient, a-t-il expliqué, cela tournait au vinaigre. Une accusation provisoire de meurtre a été logée contre le conducteur du camion. La police a aussi arrêté l’aide-chauffeur – un habitant de Trèfles de 24 ans – pour non-assistance à personne en danger.
Anéantie, Aisha repasse en boucle les dernières images de son époux agonisant sur l’asphalte. «Ou kone kouma li difisil ou trouv enn dimounn ki ou kontan pe mor dan ou lebra», lâche-t-elle en larmes. Elle ne tarit pas d’éloges sur celui qui partageait sa vie depuis 10 ans. «C’était un homme honnête et droit. Il s’entendait bien avec tout le monde et ne refusait jamais de rendre service. À mes yeux, c’était l’homme parfait.» Depuis le drame, elle s’est installée chez sa mère pour se changer les idées mais avoue : «A sak fwa mo alonze, mo poz mo latet, mo mazinn li.» La seule chose qui lui permet aujourd’hui de tenir le coup, c’est leur fils Taarik, qui est atteint de spina bifida ; une condition affectant sa colonne vertébrale. Il doit, d’ailleurs, subir une intervention chirurgicale très prochainement. «Si mo pa ti ena mo zanfan, mo pa ti pou sirviv», lâche Aisha.
Sicalk Seebaluck a, pour sa part, participé à une reconstitution des faits le mercredi 21 décembre, avant d’être reconduit en cellule. La police poursuit son enquête.
La route continue de tuer. Cette semaine, deux personnes de plus ont trouvé la mort suite à des accidents. Adriano Julien Kader, 21 ans, n’a pas survécu après une sortie de route à Kewal Nagar, dans la soirée du mardi 20 décembre. Il a été retrouvé à plusieurs mètres de la route. Alors que son deux-roues gisait dans un champ de cannes à proximité. Conduit à l’hôpital SSRN, le jeune habitant de Kewal Nagar a été déclaré mort. La police tente de déterminer les circonstances exactes du drame. Plus tôt, le même jour, Sheila Devi Bumma a rendu l’âme à l’hôpital Jeetoo. Le 15 décembre, cette habitante de Congomah de 56 ans avait été renversée par une moto sur l’autoroute. Le motocycliste impliqué – un habitant de Pailles de 24 ans – a été soumis à un alcotest qui s’est révélé négatif. Ayant subi de graves blessures, il est toujours hospitalisé. Il sera interrogé quand son état de santé le permettra.
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