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Municipales : ces autres partis dans la cour des grands

25 mai 2015

Ashok Subron et Georges Ah Yan ont chacun, à leur façon, une autre vision pour l’administration régionale.

Une bataille inégale. Dans les tranchées de cette élection municipale, il y a ceux qui ont de gros moyens et/ou une histoire riche. Des partis bien installés, des professionnels de l’appareil politique, experts en retournement de situation (à leur avantage). Certains font partie de ces formations politiques au pouvoir ou dans l’opposition. Mais il y a aussi ceux qui s’engagent en dehors de ces sentiers battus – et rebattus –, qui veulent faire la différence avec peu de moyens, mais beaucoup de volonté. Ils se sont enregistrés et sont déjà dans l’arène. Le MMSD, le FSM ou encore le MTM. Si leurs candidats n’ont statistiquement que peu de chance de se faire élire, ces partis, que certains nomment «petits», ont décidé de se lancer dans le combat, malgré tout.

 

Ils ont participé au Nomination Day hier, samedi 23 mai. Et espèrent que leurs arguments convaincront les électeurs des différentes municipalités le jour des élections municipales, le 14 juin, à coups de propositions. Parmi ces partis qui enrichissent le paysage politique local, Rezistans ek Alternativ (R&A). Ce parti de gauche croit en ses chances. «Nous sommes là pour nous faire élire», explique Ashok Subron, porte-parole de R&A. Pas de figuration au programme. D’ailleurs, les résultats des dernières législatives confortent ses membres dans leur initiative : «Nous avons été le troisième parti de nombreuses circonscriptions en décembre. Nous savons que les Mauriciens veulent une alternative à la façon de faire de la politique actuelle.»

 

Oeuvrer au sein des municipalités n’a pas le même impact qu’œuvrer au sein du Parlement. Une évidence. Mais pas pour R&A. Le travail au sein des collectivités peut avoir des conséquences à un niveau plus large. Et c’est en constatant la situation dans le pays – et pas que dans les villes – que ce parti a décidé de s’engager. Malgré la popularité de l’Alliance Lepep, R&A a décidé de mener bataille. C’est la fin d’un cycle, estime Ashok Subron : «Deux grands partis traditionnels et historiques sont en état de décomposition. Le PTr porte le poids du coffre de Rs 220 millions et le MMM implose chaque semaine. C’est un moment de l’histoire où on peut poser les jalons d’un mouvement politique alternatif.» De plus, le gouvernement au pouvoir, «élu par défaut» selon notre interlocuteur, ne réalise rien de concret au-delà de son «opération nettoyage» : «Rien n’est fait pour attaquer les racines de cette pourriture. C’est agir de façon culturelle et non sur la structure même qui est à l’origine de tous ces problèmes. Rien n’a été fait concernant la carte biométrique ou encore le salaire minimal.»

 

Mener campagne autrement

 

Autant de raisons, pour ne citer que ceux-là, qui ont convaincu ce parti de croiser le fer avec les partis traditionnels. Pour faire la différence, pour que le papillon (le symbole de R&A) sorte du lot, ils mènent campagne autrement. Prendre un lieu abandonné et discuter avec les habitants du quartier sur la façon de l’améliorer, proposer plusieurs espaces (récréatifs ou sportifs), laisser des cartes pour que les citadins y inscrivent leurs souhaits pour leur ville, entre autres. Une campagne de proximité pour véhiculer leurs messages, leurs rêves pour les différentes villes de l’île.

 

Leurs propositions : œuvrer pour la fin du communalisme, pour plus de démocratie participative (des comités de quartiers avec des représentants lors des réunions) et plus de transparence concernant l’utilisation de l’argent public (des relevés de compte disponibles dans les centres, dans les librairies municipales). Ils souhaitent une refonte du système de taxe municipale et que l’accent soit mis sur les énergies renouvelables. Les loisirs et le sport sont également au centre de leurs préoccupations. Le retour de la culture aussi dans les villes.

 

Mais aussi, et surtout, l’indépendance des municipalités : «Elles ne sont pas autonomes. Pourtant, l’administration régionale est à la base même de la démocratie. Les différents gouvernements ont œuvré à la faveur d’une centration du pouvoir. C’est dommage, le droit de chaque citadin ne doit pas dépendre du bon vouloir du parti en place.» Et les mairies doivent être plus engagés dans la construction de logements sociaux (comme c’était le cas dans le passé) et dans la création d’emplois.

 

R&A est en faveur d’un changement profond. Georges Ah-Yan, porte-parole du Forum Citoyens Libres, a le même rêve. Même si les idéologies des deux partis et la manière de faire ne se rejoignent pas toujours. En ce samedi 23 mai, il s’organise avant de s’enregistrer avec les membres de son parti dans les différents wards. Néanmoins, il a un problème de taille : il n’arrive pas à trouver assez de femmes pour aligner tous ses candidats masculins. Un casse-tête qui ne le met pas d’excellente humeur : «Ils demandent trop de femmes d’un coup. Le changement n’est pas encore là. Les femmes ne s’intéressent pas encore assez à la politique.»

 

S’il peut, il changerait bien ça : «5 % ou 10 % de participation obligatoire des femmes, ça aurait été correct.» Néanmoins, malgré ces soucis organisationnels, Georges Ah-Yan a une vision globale pour les villes. Comme R&A, il prône les organisations de quartier avec des représentants au conseil municipal, plus de transparence dans l’utilisation de l’argent public et des activités sportives et récréatives (chasse au trésor, découverte de l’île et excursion) pour les jeunes (afin de combattre les fléaux de la drogue). De plus, il souhaiterait que les horaires d’ouverture de la mairie soient étendus, «avec un système de rotation», afin que les Mauriciens n’aient pas besoin de prendre une journée de congé pour faire leurs complaintes et entamer leurs démarches.

 

Des propositions pour améliorer la vie des citadins. Des propositions pour faire les choses différemment. Malgré la bataille inégale…

 


 

Lalit participe… autrement

 

Pas de candidats alignés. Mais la volonté de faire bouger les choses. Le parti Lalit ne souhaite pas participer aux élections municipales de façon traditionnelle. «Les conseils n’ont pas de grand pouvoir sous la législation actuelle. Mais nous serons là pour rappeler les thèmes importants», confie Alain Ah Vee, membre de ce parti. Des réunions et des distributions de tracts seront organisées pour une meilleure gestion des collectivités locales. Les idées de ce parti rejoignent naturellement celles de Rezistans ek Alternativ : plus de démocratie participative, meilleure gestion des fonds et indépendance des administrations régionales.

 


 

PTr «out», mot d’ordre «in»

 

Une décision qui a fait jaser. Celle du PTr de ne pas participer à la prochaine joute électorale. Une annonce faite par le leader du parti, Navin Ramgoolam, en début de semaine. La cause de ce refus de combattre ? Ces élections ne seraient pas «free and fair» et les comptes du parti ont été gelés depuis la saisie des coffres-forts chez Navin Ramgoolam. Par ailleurs, Arvin Boolell a donné un mot d’ordre cette semaine : celui de voter pour l’opposition. Ce qui n’équivaut pas, forcément, au MMM : «Nous pourrions aussi encourager les électeurs à voter pour un indépendant.» Alan Ganoo et sa bande de démissionnaires du MMM ont également annoncé qu’ils donneraient le leur aujourd’hui, dimanche 24 mai.

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