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Par Qadeer Hoybun
10 juillet 2022 15:40
Il est le Mauricien le plus rapide. «J’avais prédit que je briserais un jour le record de Stéphan Buckland quand j’étais plus jeune. Certains m’ont cru et d’autres non. Mais aujourd’hui je l’ai fait», s’exclame Noa Bibi. Le sprinteur est entré dans l’histoire le 3 juillet en battant le record national de son illustre prédécesseur sur 100m. C’était lors du Meeting interrégional à Epinal en France.
Le Rosehillien a pris la première place sur l’épreuve du 100m avec un chrono de 10:12 devant le Sénégalais Madieye Diarra, 10:55, et le Français Moussa Badiaga, 10:92. Avec un vent de +1.2, celui qui est considéré comme le digne successeur de Stéphan Buckland a fait mieux que les 10:13 que la légende mauricienne avait réalisés lors de son sacre aux Jeux de la Francophonie en 2001. Un chrono que beaucoup pensaient impossible à battre avant l’arrivée de Noa Bibi.
«Je ne m’attendais pas à ce que cela arrive aussi vite. Maintenant que j’ai atteint cet objectif, je veux également celui du 200m avant de viser encore plus loin. Je ne veux rien laisser pour les autres», psalmodie notre interlocuteur en éclatant de rire avant de poursuivre : «Ce record allait tomber un jour ou l’autre. Beaucoup pensent que le sprint mauricien est fini. Mais ils se trompent. Il y a une équipe de jeunes qui arrive et qui peut exceller. J’ai juste montré la voie».
Revenant sur son exploit, le pensionnaire du Nancy Athlétisme Club dévoile qu’il a lui-même été surpris par cette performance. Auteur d’un 10:30 lors d’une compétition le samedi, Noa Bibi n’était pas satisfait de sa prestation et voulait retenter sa chance le lendemain à Epinal. Les choses ne se déroulent pas comme prévu.
«J’ai fait 10:48 en demi-finale et j’étais tellement démoralisé que je ne voulais pas faire la finale. Mais je me suis dit que je vais la faire au plus vite pour pouvoir rentrer. Ce qui s’est passé après est inexplicable. En franchissant la ligne d’arrivée, je n’ai pas regardé mon chrono, je suis parti récupérer mes affaires et c’est à ce moment que j’ai entendu que j’avais fait 10:12. D’un seul coup, j’avais la tête dans les étoiles. Mon coach Frédéric Fabiani est venu vers moi, et m’a annoncé que je venais de battre le record de Maurice. J’ai sauté et crier en même temps et les gens dans les gradins qui me regardaient. Puis je suis parti chercher un téléphone pour partager ce que je venais d’accomplir», exulte le protégé de Georges Vieillesse.
Maintenant qu’il a surpassé Stéphan Buckland, une de ses trois idoles avec Yohan Blake et Usain Bolt, Noa Bibi veut encore plus. Septième sur le 100m et 200m aux Championnats d’Afrique à Maurice en juin, le sprinteur vise une finale aux Jeux du Commonwealth qui débutent le 28 juillet en Angleterre.
«Aux Jeux Africains en 2019, zot inn avoy mwa manze lor premie tour, mais pour les championnats d’Afrique je m’étais promis que je ne me ferais pas distancer. Je suis arrivé en finale et j’ai tenu bon sur les deux épreuves. Tous ces grands sprinteurs ont été surpris et m’ont félicité pour ma progression. Maintenant à Birmingham ce sera encore plus dur, mais je vais tout faire pour y arriver», souligne le sportif de 21 ans.
La campagne 2022 de Noa Bibi a démarré un peu tard, soit en février et sans les préparatifs d’avant-saison. Néanmoins, le jeune homme est confiant en ses capacités et doit sa venue au premier plan aux personnes qui ont cru en son potentiel.
«Je suis doué pour l’athlétisme mais j’ai tellement enchaîné les contre-performances que par moments je n’y croyais plus. Heureusement qu’il y a des gens comme Stephan Buckland, Fabrice Coiffic et d’autres encore autour qui croient en moi et n’ont pas hésité à “bros mo latet” pour me booster», avoue le Rosehilien.
Passionné de course à pieds depuis l’enfance, ce sont les parties de foot entre amis qui l’animent en premier lieu. Issu d’une famille de sportif, son père et ses oncles sont des adeptes du foot, sa sœur pratique la boxe, son frère aîné est un ancien body-builder et son frère cadet, Yohan, a pratiqué l’athlétisme.
C’est en regardant courir ce dernier que le champion de Maurice veut lui emboîter le pas. Sa carrière va démarrer à 17 ans au Collège de La Confiance. Noa Bibi se fait remarquer lors des épreuves inter-collèges avant de rejoindre le Rose-Hill Athletic Club où il fait la connaissance avec son coach Georges Vieillesse.
Dès lors commence son ascension qui est jalonnée de haut et de bas. Noa Bibi tombe sur plus fort que lui à ses débuts et le moral en prend un sérieux coup. Mais il s’accroche avec le soutien de son entourage. Il participe aux Jeux des îles de 2019 sans briller mais après chaque désillusion, il revient encore plus fort. Ses récentes performances ne font que le confirmer.
Son prochain objectif : participer aux Jeux olympiques et devenir le premier Mauricien à s’approcher des 9 secondes. Une quête qui semble bien à sa portée.
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