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Par Yvonne Stephen
14 juillet 2014 14:11
Ils veulent incarner l’alternance. Remodeler le paysage politique. Et tenter leur chance aux prochaines législatives. Les membres des nouveaux partis, qui ont vu le jour ou qui sont en gestation, croient en l’avenir de leur formation. Il y a quelques jours, c’est The Liberals qui a été créé avec, à sa tête, Maharajah Madhewoo. La formation Ensam de Roshni Mooneeram sera lancée officiellement le 17 juillet. Sheila Bunwaree, après son aventure rocambolesque au sein du Muvman Liberater d’Ivan Collendaveloo, a lancé le parti Justice Sociale, hier, samedi 12 juillet. Dans un contexte où les rumeurs d’élections générales anticipées sont de plus en plus persistantes, quels rôles pensent jouer ces nouveaux venus ?
Maharajah Madhewoo sait qu’il fera «la différence» : «Nous ne sommes pas là pour notre profit personnel. Les politiciens actuels ne travaillent pas pour la population. Nous, nous le ferons.» Après des années passées en Angleterre, où il se sentait très bien, précise-t-il, il a décidé de rentrer pour venir en aide à son pays : «Nous répondons à la population. Mais aussi à Dieu.» Le discours peut faire tiquer. Mais ce médecin se rattrape presque : «Dans un sens universel et dans le respect de toutes les communautés.» Un illuminé de plus ? Maharajah Madhewoo rassure : «Nous avons une réflexion. Nous avons une vision.» Et il a déjà en tête quelques décisions qu’il souhaiterait prendre si les membres de son parti et lui arrivent au pouvoir : ne pas accepter d’argent pour donner un ticket ou encore réduire le salaire des ministres de 50 %.
L’homme croit fermement à sa chance de créer le prochain gouvernement : «D’ailleurs, nous avons fait une mise en demeure afin qu’on nous donne six mois entre l’annonce des législatives et la tenue des élections.» Une initiative nécessaire : «S’il faut vivre un minimum de six mois à Maurice afin d’être candidat, il est nécessaire de donner le temps aux Mauriciens d’ailleurs de rentrer.»
Maharajah Madhewoo compte bien aligner 60 candidats. Et s’il n’est pas tout à fait d’accord avec le Constitution (declaration of community, temporary provisions) Bill, il a pris la décision de ne pas déclarer sa communauté : «Mais pour les membres du parti, ce sera optionnel.»
Roshni Mooneeram, du parti Ensam, est plus catégorique : «Nous ne déclarerons pas notre appartenance ethnique.» La nouvelle formation politique travaille actuellement sur une liste de candidats : «Nous recevons beaucoup de demandes. Nous avons mis en place un comité de sélection pour choisir les candidats les plus motivés et les plus compétents.»
Justement, en parlant de vision, Roshni Mooneeram, sociolinguiste, fait le point sur ce qui fait la différence avec son parti. Elle parle de démocratie interne, de consultations sur le terrain, de gouvernance dans l’intérêt du peuple, de grand pas pour la femme – «une femme à la tête du pays, qui, de surcroît, ne vient pas d’une des trois grandes familles politiques» – et de transparence : «Nous nous sommes enregistrés en tant que fondation afin d’assurer un financement transparent.»
Celle qui avait choqué, il y a quelque temps – dans une interview à l’express en 2013, elle avait déclaré : «On assiste à une ‘‘malbarisation’’ de la fonction publique. La communauté hindoue est devenue hégémonique» –, se lance enfin en politique. Et n’hésite pas à sortir le sari à chaque apparition, ou presque. Malgré son discours, a-t-elle succombé au pouvoir politique de la femme en sari ? Pas du tout, explique-t-elle : «Je vis profondément et fièrement ma créolité. Au travail, que ce soit dans le secteur public ou privé, je me sens aussi à l’aise en sari qu’en tailleur.»
Qu’importe la tenue choisie, Sheila Bunwaree, elle, ne déclinera pas son appartenance ethnique lors des prochaines législatives. Elle ne contractera pas non plus d’alliance. Elle a fait le point sur la vision de son nouveau parti, hier, lors de son lancement officiel : «Nous ne serons pas comme l’opposition qui fait les yeux doux pour entrer au gouvernement.» La politique, elle veut la faire autrement. Et elle a déjà plusieurs projets en tête. L’ancienne universitaire entend, avec son équipe, réduire le taux de chômage, éliminer le gaspillage qui prévaut dans certains ministères et éradiquer la pauvreté. De plus, elle estime que les politiciens doivent se limiter à deux mandats.
Sheila Bunwaree souhaite aussi incarner l’alternance. Tout comme Roshni Mooneeram, Maharajah Madhewoo… et les autres leaders des nouveaux partis.
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