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Parole aux jeunes : Agissons maintenant !

9 mars 2020

J-my Bamboche, 16 ans, collégienne au Lorette de Quatre-Bornes : «Parler de la violence très tôt à l’école»

 

En tant qu’adolescente, la situation actuelle me fait très peur. Chaque semaine, on entend des femmes qui se font agresser, tabasser et tuer par leur mari ou leur conjoint. Je crois que, face à la gravité de la situation, les jeunes filles comme moi ont peur et n’ont pas confiance. Il ne faut plus avoir peur de parler de la violence conjugale. Il ne faut plus avoir peur ou honte du regard des autres et du qu’en-dira-t-on. Il faut briser les tabous et oser en parler. Ce n’est pas aux victimes d’avoir honte mais aux agresseurs.

 

Je crois aussi qu’il est important de parler de la violence très tôt à l’école. Il ne faut pas que ça reste un sujet dont on n’ose pas parler. Si on parle aux enfants, filles et garçons, de ce problème-là, qu’on les aide à comprendre ce que c’est, qu’ils puissent comprendre très tôt que c’est mal, ils pourront devenir des adultes plus responsables.

 


 


Yovan Umrit, 25 ans, gradué en Business Information Systems : «La création d’une unité spéciale»

 

Je suis pour un pays où il y aurait une meilleure ouverture d’esprit. Je rêve d’une île Maurice où il n’y aurait plus cette mentalité archaïque qui est tellement présente dans nos familles et notre société. Ce que je souhaite, c’est que les autorités revoient l’éducation de nos jeunes pour une meilleure prise de conscience. Une formation continue et obligatoire de nos citoyens sur l’égalité des genres et les valeurs humaines, telles que la tolérance et le respect, peut être un moteur de changements. Je crois qu’une autre mesure serait d’avoir un arsenal législatif qui assurerait la protection des femmes.

 

Il faut revoir la protection et la prise en charge des victimes. Le système actuel a trop de défaillances. Il faudrait la mise en place d’une institution accessible 24 h/24 et 7 j/7, avec un meilleur accent sur le rapport physiologique. Il faudrait la création d’une unité spéciale qui puisse intervenir dans l’immédiat. Mais ce qu’il faut absolument mettre en place, c’est une prise en charge des agresseurs, des hommes violents. Ils ont besoin d’un accompagnement et d’un suivi psychologique.

 


 

Carméla Fortuno, 23 ans, étudiante en éducation primaire : «Attaquer le problème à la racine»

 

Je crois qu’il faut que nous regardions la situation en face, sans se leurrer. Il est plus que temps que nous nous mettions tous ensemble pour trouver des solutions pacifiques à ce problème. J’ai le sentiment que nous vivons dans un pays où les lois contre les violences conjugales sont inefficaces. La preuve ? Le taux de violence envers les femmes ne cesse d’augmenter et ces crimes sont de plus en plus violents. La situation est grave. Je pense que les lois, lorsqu’il s’agit de protéger les femmes de la violence, doivent être plus sévères. Des peines plus lourdes peuvent être un moyen de dissuader le passage à l’acte.

 

Mais ce qui est le plus important, c’est de ne pas attendre que nous en arrivions là pour agir. Il faut attaquer le problème à la racine et pour cela, il faut en parler dans nos écoles. Les enfants et les adolescents sont des témoins directs et indirects de la violence envers les femmes. Ils doivent savoir que c’est mal et qu’ils peuvent en parler. Mais d’abord, il est important de leur apprendre ce que c’est que la violence domestique et comment la dénoncer. Il faut aussi leur apprendre à gérer leurs émotions pour éviter qu’à l’avenir, ils tombent aussi dans ce fléau.

 


 


Veda Krishna, 21 ans, étudiant en communication : «Privilégier l’éducation parentale»

 

Je rêve d’une île Maurice où hommes et femmes seront sur le même pied d’égalité. J’imagine un pays où les Mauriciennes n’auront plus peur, plus honte de sortir de leur silence. Nous sommes en 2020 et cette hécatombe est intolérable. Aujourd’hui encore, nous vivons dans une société patriarcale où les hommes sont considérés comme supérieurs aux femmes. C’est parce qu’ils se sentent au-dessus d’elles qu’ils osent la dénigrer et lui faire du mal physiquement et psychologiquement. Il faut que cela cesse.

 

Il faut un changement de notre manière de penser, de voir les choses et la seule façon d’y arriver, c’est à travers l’éducation. Pour qu’il y ait un changement positif, je pense qu’il faudrait non seulement une évolution au niveau des mentalités mais aussi dans nos habitudes sociales. Il est donc impératif d’éduquer et de sensibiliser les êtres humains à un très jeune âge. Il faut cibler les familles et sensibiliser tout le monde sur l’égalité entre hommes et femmes. Il faudrait aussi privilégier l’éducation parentale et accorder plus de place aux droits de la femme.

 


 

Ameegah Paul, 21 ans, étudiante en IT Management : «Briser les tabous»

 

Je rêve d’un pays où les hommes ne se sentiront pas plus «hommes» lorsqu’ils battent leur femme. Non, ça ne fait pas de toi un bonhomme. Il faut déconstruire l’idée selon laquelle il est normal qu’un homme frappe une femme. Il faut briser les tabous. Je rêve d’une île Maurice où les femmes ne toléreraient plus qu’on lève la main sur elles. J’espère qu’un jour, elles n’auront plus honte de parler ouvertement de leurs souffrances et qu’elles dénonceront leur bourreau.

 

La prévention est extrêmement importante et devrait commencer très tôt dans la vie de quelqu’un. Bien que les politiques et les interventions publiques négligent souvent cette étape de la vie, c’est un moment critique où les valeurs et les normes autour de l’égalité sont forgées. Il faudrait travailler avec les jeunes garçons et filles en promouvant des relations respectueuses et l’égalité des sexes. Il faut contester les inégalités et les normes sociales profondément enracinées qui perpétuent le contrôle et le pouvoir des hommes sur les femmes et renforcent la tolérance sur la violence. Nous devons inciter les garçons et les jeunes hommes à devenir des agents du changement et à encourager les filles à s’exprimer. Et c’est notre responsabilité d’enseigner à nos filles et nos femmes les techniques d’autodéfense.

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