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Disparition de Tareq Narod au large du Morne

Son père Nawaz : «L’incroyable élan de solidarité qu’il a suscité nous aide à garder espoir»

12 juillet 2025

Nawad Narod a été touché par la vague de soutien dont sa famille a bénéficié dans ces moments difficiles.

Les recherches continuent pour retrouver ce jeune kitesurfeur de 28 ans porté disparu depuis le dimanche 6 juillet après une sortie en mer. Depuis, sa famille, aidée des gardes-côtes, de proches, de connaissances et d’étrangers, ici et ailleurs, ne lésine pas sur les efforts dans l’espoir de le ramener sain et sauf. Son père Nawaz Narod nous raconte l’attente, l’angoisse, les recherches, tout en saluant vivement cette vague de solidarité qui leur permet, les siens et lui, de tenir le coup.

Leur moteur, c’est la mer, ancré dans leurs veines. Amoureux du sport et de l’océan, Nawaz Narod a initié ses fils à ses passions dès leur plus jeune âge. Aujourd’hui, il s’émeut de la fascination de son fils pour Tareq pour tout ce qui touche à l’univers marin, comme lui. Comme lui, celui-ci, âgé de 28 ans, échappe régulièrement aux bobos du quotidien en s’adonnant à des activités nautiques ; un passe-temps qui a eu le don de les rapprocher. Hélas, le dimanche 6 juillet, le jeune homme a disparu sans laisser de traces après qu’il s’était rendu au Morne, spot incontournable du kitesurf, pour y pratiquer son sport préféré. Une semaine s’est écoulée depuis que sa famille vit dans l’angoisse et l’incertitude, mais elle continue de s’accrocher à l’espoir de le retrouver. Ce qui leur permet notamment de tenir le coup, c’est le vaste élan de solidarité dont elle bénéficie dans le cadre des recherches ; pas seulement de la part des forces de l’ordre, mais aussi de volontaires des quatre coins de l’île et du globe.

Tareq s’était rendu seul au Morne aux aurores avec sa planche en ce dimanche 6 juillet. Habitué des lieux, il n’avait jamais eu besoin qu’on l’y accompagne, puisqu’il savait pertinemment qu’il retrouverait d’autres passionnés comme lui dans ce lieu fréquenté par tous les amoureux du kitesurf. «Lorsqu’on se rend sur place et qu’on demande à le voir, tout le monde peut dire qui est Tareq», avance son père fièrement. Ce jour-là, Nawaz Narod devait l’y retrouver un peu plus tard, comme d’habitude. «Je savais qu’il devait d’abord rentrer pour le déjeuner mais il n’a jamais montré le bout de son nez. Je me suis inquiété car ce n’est pas dans ses habitudes ; lui qui a tout le temp faim.» Aux alentours de 13 heures, il s’est donc rendu sur place pour s’assurer que tout se passait bien mais il ne l’a pas vu dans l’eau. Le jeune homme n’était pas non plus dans sa voiture, encore garée sur l’aire de stationnement. «Je me suis renseigné auprès des autres kitesurfeurs. Ils m’ont assuré qu’ils l’avaient bel et bien vu dans l’eau plus tôt avec sa planche. C’est là que j’ai décidé de donner l’alerte», lâche notre interlocuteur. L’équipe de la National Coast Guard (NCG) a démarré les recherches sans tarder.

En parallèle, les proches de Tareq ont décidé de lancer un appel à l’aide sur les réseaux sociaux. «Le message est passé très vite. En l’espace de seulement 30 minutes, toutes les plateformes étaient déjà bombardées. Des volontaires sont arrivés tout de suite. Nous avons fait sortir des bateaux selon la logique du courant, du vent, pour bien cibler les recherches. Nous travaillons scientifiquement ; rien ne se fait au hasard.» Il tire également son chapeau «au support extraordinaire reçu des garde-côtes qui ont fait sortir les bateaux, les hélicoptères, le Dornier, et même les vaisseaux, et ont ratissé le large». Avec l’aide de proches, de connaissances et de volontaires, poursuit-il, «nous avons mis en place une logistique énorme. Même à l’étranger, certains utilisent leurs propres moyens pour orienter les recherches». Les sorties en mer se sont étendues au sud-est et au nord-ouest de l’île.

À l’heure où nous mettions sous presse, les recherches n’avaient encore, certes, rien donné mais l’élan de solidarité continuait de s’étendre. «Nous avons une équipe formidable autour de nous. Le groupe WhatsApp créé à cet effet a même atteint plus de 900 participants.»

Au-delà de la tourmente et du stress que la disparition de son fils continue de susciter, Nawaz Narod ne peut s’empêcher d’exprimer sa reconnaissance pour toute l’aide apportée à sa famille jusqu’ici. «La solidarité, que ce soit en terme de ressources, de logistiques ou financière, est incroyable.» Depuis que les recherches ont démarré, il a planté une tente sur la plage du Morne, d’où il observe minutieusement les vagues, les bateaux et les moindres mouvements susceptibles de l’aider à retrouver la trace de son fils. «Beaucoup de personnes sont venues m’y retrouver. J’ai été particulièrement touché par un homme venu à ma rencontre qui, les larmes aux yeux, m’a dit qu’il pouvait comprendre ma souffrance parce qu’il avait perdu ses parents en mer.» Il a également reçu l’aide de ressortissants sud-africains venus l’aborder. «Ils m’ont dit qu’ils avaient un bateau, qu’ils voulaient savoir comment m’aider, qu’ils avaient simplement besoin que je leur dise où se rendre.»

Nawaz Narod décrit son fils Tareq comme un jeune homme «amical, très abordable, ouvert à tout le monde, jovial, qui partage ses connaissances et est un fin guitariste. Il est passionné par la plongée, la pêche, le ski nautique ; la mer est son élément». Il le concède : «C’est dur pour nous, pour tout le monde, particulièrement pour ma femme. Si je craque, elle va craquer, et c’est pour cela que je tiens bon. Tout le reste est entre les mains de Dieu.» Il se considère, cependant, chanceux d’avoir le soutien de tout un chacun. «Tout cela ne s’arrêtera pas là. Si mon fils ne revient pas, nous allons honorer sa mémoire ; nous sommes fiers de l’élan de solidarité qu’il continue d’inspirer.» Entre-temps, les autorités réunionnaises ont aussi été sollicitées et ouvrent l’œil lors des sorties en mer. «Nous sommes aussi en train de voir des possibilités avec Madagascar», ajoute Nawaz Narod.

Alors que les recherches persistent, avec l’aide et le support de chacun, Nawaz Narod continue de s’accrocher : «Avec cet élan, je me dis que cela a déclenché quelque chose. Je continue de garder espoir car je sais que je suis le pivot, je ne peux pas décevoir tout le monde.» La famille reste ouverte à toute aide que peut également lui apporter le public à sa manière.

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