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17 juillet 2023 14:10
Son nom évoque tout de suite The Voice Kids, émission de télé-crochet française diffusée sur la chaîne TF1. Il évoque le succès et le buzz créés autour de son interprétation de The Prayer, le titre d’Andrea Boccelli et Céline Dion lors de son audition à l’aveugle, et qui avait fait se retourner les trois membres du jury. Son nom rappelle ainsi la belle aventure qu’elle a vécue pendant plusieurs semaines dans l’équipe du coach Patrick Fiori jusqu’à décrocher la première place du concours de chant, raflant ainsi le titre de The Voice Kids 2015.
Son nom est aussi associé à la chanson À travers tes yeux, un titre certifié Disque d’or, qui avait très vite gagné le cœur des Mauriciens, allant jusqu’à être classé disque de l’année sur deux radios locales le 31 décembre 2016. Quand on évoque son nom, c'est aussi en tant que jeune artiste qui avait été nommée Artiste de l’UNESCO pour la paix ou qui, à 16 ans, avait reçu le titre de Member of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean (MSK), sans oublier toutes ces prestations qui, souvent, ont enchanté ou laissé bouche bée les publics des salles de concert, entre autres accomplissements qui font qu'elle a, au fil du temps, trouvé une place de choix dans les coeurs des Mauriciens. Vous l'aurez compris, on parle là, bien évidemment, de Jane Constance, qui n'arrête pas de rayonner et d'ajouter d'autres cordes à son arc.
Cette semaine, plus précisément ce mercredi 12 juillet, la petite de The Voice Kids a, à nouveau, fait parler d’elle en affichant fièrement une nouvelle étape dans sa vie :
l’obtention d’une licence en droit avec mention, qu’elle a décrochée après quatre ans d’études à l’Université de Central Lancashire (UClan), à Preston, au Royaume-Uni. «Well done to graduate Jane Constance, former winner of The Voice France. Jane plans to use her law degree to help improve the lives of people with disabilities using her personal experience», a publié l’établissement sur sa page Facebook. Ce nouveau chapitre dans sa vie rend, bien évidemment, heureuse, la principale concernée, et rend aussi très fiers ses parents Tony et François qui l’accompagnent dans toutes ses entreprises.
À 22 ans aujourd'hui, la jeune femme est contente d'avoir pu relever ce défi. «Je suis vraiment ravie. Après quatre ans de détermination et de persévérance, je suis très fière. J’ai beaucoup travaillé pour avoir ce diplôme. J’étais la seule international student non-voyante à l’université. J’ai eu beaucoup de soutien. Et comme on dit, aujourd’hui, le travail porte ses fruits. On a pu fêter cela avec ma famille dans un resto. On a eu un bon moment pour marquer le coup. Je réalise tout le chemin parcouru, mais c’est surtout grâce à mes parents qui m’ont beaucoup soutenue. En tant qu’aveugle, on a besoin de ce soutien pour pouvoir réaliser des rêves. J’aurais aimé que d’autres personnes en situation de handicap puissent suivre ce chemin», nous confie Jane avec bonne humeur. «Je ne change pas moi, je suis toujours pareille», lâche-t-elle avant de revenir sur ces dernières années à étudier le droit : «Le droit, c’est peut-être un des "degrés" les plus durs. Ça a été assez intense. Je travaille en braille, ce qui rend les choses plus compliquées. L’université a dû rendre tout accessible. Pour mes assignments, j’utilisais le BrailleNote et je les envoyais par la suite par mail à mes profs pour qu’ils puissent corriger. Toutes ces facilités ont été mises à ma disposition ici.»
Aujourd’hui, Jane, qui a toujours aimé cette filière, savoure sa réussite. «Mon rêve de toujours, c’est de pouvoir défendre les causes ou les droits des personnes en situation de handicap. Je suis passée par là quand j’étais petite et je connais les difficultés qu’il y a en tant que personne en situation de handicap. J’ai toujours voulu me battre pour leurs causes. À Maurice, il y a des lacunes concernant les droits de ces personnes et j’espère qu’il y aura bientôt une loi pour les protéger car on a besoin de soutien», précise la jeune étudiante.
Elle pense déjà à s’attaquer à d’autres objectifs : un Master en Gestion des ressources humaines : «Je vais commencer mes nouvelles études au mois de septembre. Pourquoi le Human ressources management ? Je vais certes utiliser mes connaissances en droit. C’est une bonne base et l’aspect Human ressources va m’aider à être plus employable et de pouvoir trouver un emploi plus facilement en ayant ces deux bagages : Law et Human ressources. J’ai un rêve, je suis intéressée à travailler dans l’univers EDI (equality, diversity and inclusion). Je veux travailler pour les personnes en situation de handicap, les soutenir et les aider pour qu’ils n’aient pas à connaître les soucis auxquels j’ai eu à faire face auparavant. Dans la filière Human ressources, il y a un département EDI qui s’occupe des personnes en situation de handicap et c’est ce que j’aimerais faire.» Et pense-t-elle venir travailler à Maurice ? «J’aime beaucoup mon pays. L’avenir nous le dira. Je ne peux pas prédire le futur. Je ne suis pas voyante... (rires). Je suis non-voyante et pas voyante (rires).On verra ce que l’avenir me réserve comme on dit», ajoute Jane.
Ces dernières années, toutefois, il n’a pas été question que d’études. La jeune femme a notamment reçu The centre for volunteering and community leadership gold award de l’University of Central Lancashire - UCLan pour son plus grand bonheur, elle qui aime œuvrer dans le social et n’a cessé, là où elle peut, de prendre la parole pour raconter son parcours et inspirer des personnes en situation de handicap. «En effet, il n’y a pas eu que des études. Il y avait des activités extra-scolaires. Par exemple, j’ai fait du volunteer tutorial, je fais de la natation, de la gym. J’ai créé la Singing society en 2019 et j’ai utilisé mes expériences pour aider les autres. J’ai aussi été International student représentative et je représentais tous les étudiants étrangers à l’université. Je les accompagnais et les aidais», poursuit Jane en précisant que la musique continue à être au centre de sa vie : «Je continue à suivre The Voice sur YouTube et la musique continue à m’accompagner dans ma nouvelle vie.»
Et qu’est-ce qui lui manque le plus de Maurice ? À cette question, elle répond tout de go : «Enn bon pwason griye... La nourriture est bonne ici mais les plats de Maurice me manquent... Avec cette nouvelle étape dans ma vie, mon LLB en poche, je reçois beaucoup de soutien des Mauriciens que je salue. Ça fait du bien de lire tous ces commentaires positifs et bienveillants», ajoute la jeune femme sous le regard de ses parents Tony et Françoise, très heureux.
«Bien évidemment, nous sommes fiers de Jane. Rien n’est facile dans la vie. On est obligés de se battre partout», conclut Tony, qui ne peut que soutenir sa fille dans sa nouvelle vie de jeune graduée en attendant de la voir relever d’autres défis...
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