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Relation PTr-PMSD : Souffler le chaud et le froid

2 juin 2014

C’est l’heure de votre croustillant feuilleton. Youpi ! Les acteurs principaux sont en place. Et vous aussi, dans votre canapé (avec des pistaches ?). Le scénariste, souvent en manque d’inspiration, a fait fort, cette semaine. Il a misé sur une pincée d’informations contradictoires pour laisser planer un soupçon d’incompréhension sur ce qui se mijote dans la marmite politique. Le kari briye des relations entre le PTr et le PMSD qui semblait brûlé (voire carbonisé) pourrait-il être sauvé ? La question plane comme un fumet de coq au vin… rouge. Même si le Chef de cuisine affirme qu’il n’y a «aucune guerre entre le PTr et le PMSD», ça sent, quand même, le roussi.

Un parfum qui ne passe pas inaperçu et qui titille certainement l’odorat du coq à qui il ne reste plus beaucoup de plumes. La dernière séance d’épilation en date : être l’ingrédient de trop pour une bonne réforme électorale et ne pas être invité à faire partie du comité mixte institué pour la rédaction du projet de loi. Se faire traiter de béquilles et ne pas obtenir une miette d’un gâteau que Navin Ramgoolam voulait manger tout seul (avant de tenir un autre langage moins gourmand, cette semaine), voila qui n’était pas pour arranger les choses.

Si la déclaration du chef du gouvernement a un peu apaisé les choses, que Xavier Luc Duval a, pour l’instant et comme à son habitude, opté pour l’option «tête dans le sable» (l’autruche et le coq : des cousins distants ?), reste qu’au sein de la famille bleue, les esprits s’échauffent un peu. Le départ de Jacques Panglose a énervé certains diehards qui n’ont pas caché leur mécontentement. «On a honte de ce qu’est devenu le parti. Gaëtan Duval n’aurait jamais accepté tout cela. Il serait parti, il y a bien longtemps», confie l’un d’entre eux, proche de la direction actuelle des Bleus.


Résistance


Le sursaut d’Aurore Perraud le fait sourire. Depuis le congrès du PMSD et ses propos impliquant que tous les Mauriciens ne pourraient être embauchés au sein de la fonction publique, la directrice de communication des Bleus enchaîne les piques contre son allié. «C’est une façon de faire de la résistance. Ce n’est pas énorme, mais c’est déjà ça», précise un ancien du PMSD, qui suit l’actualité de son parti. Et c’est Shakeel Mohamed qui a fait les frais de sa dernière sortie. Le ministre du Travail a critiqué le Youth Employment Program, un projet de Xavier Luc Duval, lors d’une de ses déclarations à la presse, disant qu’il ne comprenait pas pourquoi c’est le ministère des Finances qui gérait ce projet alors que le ministère de l’Emploi serait mieux placé.

Des déclarations qui ont fait bouillir le sang bleu d’Aurore Perraud qui a estimé et déclaré, lors d’un point de presse, que Shakeel Mohamed critiquait le Premier ministre à travers ces déclarations. Et c’est par presses interposées que les deux membres de l’alliance gouvernementale ont affiché leur désaccord. Cet épisode, qui pourrait sembler anodin, résume parfaitement la situation du moment, estime un député rouge : «L’entente cordiale n’existe qu’en surface. Et même ! Vous voyez bien qu’il y a une animosité qui est difficilement contrôlée. La preuve avec l’épisode Mohamed-Perraud.»

Une prise de bec qui met un peu mal à l’aise du côté du PTr. Mais, au final, ce ne sont que des détails, explique un membre du Labour Party : «Les membres du PMSD sont sur le départ. Alors, ce n’est pas bien grave. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent et faire ce qu’ils veulent, quand Navin Ramgoolam aura décidé que c’est fini, ce sera le cas.»

Le spectre d’une alliance PTr-MMM plane, lui, sur les agissements des Bleus. «Réagir, c’est important. Montrer qu’on a de la réflexion, un bilan positif et que nous sommes toujours là également», explique un des jeunes du PMSD. Comment se sentir à l’aise alors que l’on se trouve sur un siège éjectable ? C’est tout à fait possible, selon le secrétaire général du parti, Mamade Khodabaccus, qui rassure : «Nous sommes à l’aise.»


Manipulateur


Si la stratégie des Bleus soulève des interrogations, celle des Rouges aussi. «Peut-être que le PTr fait semblant de repousser les Bleus afin de s’assurer le soutien du MMM avant de partir avec le PMSD pour les prochaines élections ? Tous les scénarios sont possibles», estime un membre du MMM, dérouté par les décisions de son leader, mais aussi par les déclarations de Navin Ramgoolam. «Je t’aime, moi non plus» semble être le leitmotiv du chef du gouvernement, selon lui. «Je ne sais pas à quel jeu joue Navin Ramgoolam, mais je suis persuadé qu’il sait ce qu’il fait. Il est assez manipulateur pour ça», confie celui qui regrette le Remake 2000.

Les relations PTr-PMSD seraient-elles manipulées par Navin Ramgoolam, en bon stratège, pour servir son plan d’ensemble ? Souffler le chaud et le froid pour mieux confondre ses adversaires. Afin de les déguster à sa sauce ? Réponse dans les prochains épisodes du feuilleton...

 



Paul Bérenger parle d’une alliance PTr-MMM


Il y croit… toujours ! Et les derniers signes de Navin Ramgoolam, qui veut bien partager le fameux gâteau avec lui, l’ont visiblement rassuré. Lors de son point de presse hebdomadaire, le samedi 31 mai, Paul Bérenger a évoqué la possibilité d’une alliance avec le PTr.

Si Navin Ramgoolam déclarait, cette semaine, qu’il ne rencontrerait pas le MMM avant que le projet de loi sur la réforme électorale ne soit finalisé, le leader des Mauves pense qu’il sera question d’alliance «dans les prochains jours». Néanmoins, Paul Bérenger a précisé que ce serait aux militants de prendre la décision finale (et pas à Navin Ramgoolam ?) : «Ils savent que j’ai un choix à faire. Devons-nous aller seuls aux élections ou est-il nécessaire de conclure une alliance avec le PTr ? Si, pour l’instant, nous travaillons sur la première option, nous allons confirmer, dans les prochains jours, si nous irons seuls aux élections ou si nous devons aller avec le PTr.»

La prochaine assemblée des délégués du MMM aura lieu le 15 juin. L’occasion d’annoncer la prise de position de Paul Bérenger ?  

 




Un gâteau à partager


Navin Ramgoolam n’a jamais dit ce qu’il… a dit. Non, non ! Le gâteau, il ne veut pas le manger tout seul : ce serait la presse qui aurait mal interprété ses propos. En vrai, jamais le chef du gouvernement n’a déclaré que l’électorat devait lui donner le gâteau pour qu’il le consomme seul. Jamais. Une semaine plus tard, Navin Ramgoolam a donné la «vraie» version de ses propos lors du lancement de la ferme photovoltaïque, Sarako : «Si deux personnes ont préparé un gâteau, l’une d’elles ne peut pas tout manger. Il faut partager. C’est la loi démocratique.» Quel revirement de situation spectaculaire ! 

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