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Rentrée parlementaire : les attentes des jeunes du National Youth Parliament

28 mars 2023

Yann Jhugroo-Cangy, Shanista Sookna et Bhomeshkumar Seetaram nous disent ce qu’ils attendent de cette rentrée.

Que nous réservent nos élus pour la rentrée parlementaire 2023 ? Le mardi 28 mars, les députés de tous bords reprendront le chemin de l’hémicycle, où ils n’ont pas mis les pieds depuis trois mois. À quelques heures de cette grande rentrée, les deux camps, gonflés à bloc, préparent leurs munitions pour pouvoir enfin dégainer leurs armes et enflammer le Parlement sur des sujets qui font couler beaucoup d’encre. Au menu : des dossiers brûlants qui rythment en ce moment la vie des Mauriciens, comme l’affaire Franklin, «la présence d’une mafia» dans notre île ou encore le coût de la vie, sans oublier les scandales qui ne manqueront pas d’agiter l’hémicycle, une nouvelle fois.

 

À quoi s'attendre avec cette rentrée parlementaire qui se déroule sur fond de ce que certains observateurs qualifient d'ambiance de précampagne électorale (entre les rencontres des partis de l'opposition qui se multiplient, dont celle du jeudi 23 mars, entre les leaders Ramgoolam, Bérenger et Duval, et certaines mesures populaires annoncées par le régime au pouvoir) ? Nous avons posé cette question à des jeunes qui, il y a quelques semaines, s’étaient glissés dans la peau de nos dirigeants et avaient occupé l’hémicycle le temps du National Youth Parliament.

 

Ainsi, avec le pays qui passe actuellement par des moments difficiles, nos interlocuteurs s’attendent à plus de débats constructifs et à moins de shows, de brouhaha, de walk-out, d’attaques personnelles et d’expulsions au sein du temple de la démocratie. C’est ce que nous confie Yann Jhugroo-Cangy, 20 ans, étudiant en droit de deuxième cycle à l’Université de Maurice et qui, le temps de sa participation au National Youth Parliament, agissait comme Parliamentary Private Secretary. «Ayant vécu les rouages du monde parlementaire, je m’attends à beaucoup plus de débats fructueux et basés sur le développement ; des débats constructifs et pas uniquement de nature partisane, centrés sur les cellules importantes de la société, comme la famille et l’éducation, avec un Budget qui a à coeur le consommateur qui ne cesse de s’écrouler et de s’enfoncer dans le surendettement», nous confie le jeune homme qui accordera une attention particulière à la question des fonds publics. «Je m’attends aussi à des débats sur une bonne appropriation des fonds publics de manière prioritaire vis-à-vis des projets dont la population a réellement besoin et des projets de loi pour un meilleur fonctionnement de nos institutions et un meilleur système légal afin d’améliorer notre système judiciaire.»

 

Le comportement de nos élus est aussi au coeur des préoccupations de Yann Jhugroo-Cangy: «Je m’attends à ce qu'ils se remettent les pendules à l’heure et s’adaptent à la situation actuelle qui est critique. Qu’ils mettent tous la main à la pâte pour le bien-être du pays. Le Parlement, c’est le temple de la démocratie. Mais cela veut aussi dire que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Les parlementaires oublient souvent le rôle primaire de ce temple. Il faut se ressaisir. Il est vrai que parfois, il faut remettre les points sur les ‘‘i’’ mais il faut que les débats constructifs priment. Il faut user judicieusement le temps de l’hémicycle. J’ai connu l’expérience et c’est effectivement vrai que nous ne pouvons parfois pas nous empêcher de nous lancer des pics. Mais il faut s’assurer de rester pragmatique et de ne pas tomber dans des bassesses et des attaques personnelles comme si nous étions dans une cour de récré.»

 

Bhomeshkumar Seetaram, 21 ans, étudiant en droit à l’Université de Maurice, qui agissait comme membre de l’opposition, espère aussi un comportement irréprochable de la part de nos élus : «Ça a été pour moi riche en apprentissage d'être partie prenante, cette année, du National Youth Parliament. De toutes les activités extracurriculaires auxquelles j’ai pu participer en tant que jeune étudiant, cette expérience a été pour moi la meilleure. Il y a eu des débats très constructifs sur les thématiques proposées : le climate change et l’énergie renouvelable. À la veille de la rentrée parlementaire, je m’attends à des débats constructifs avec, à cœur, l’avancement du pays et cela, des deux bords. Les critiques du genre ‘‘tel gouvernman ti fer sa, tel gouvernman pa ti fer sa’’ ne mènent nulle part. Et je m’attends à ce qu’ils restent professionnels et à ce que l’opposition propose plus au lieu d’opposer.»

 

Pour lui, c’est primordial que le travail prime en ces lieux pour que des questions et réponses essentielles pour l’avancement du pays puissent être mises en lumière. «Si le travail ne se déroule pas comme il faut, ce sont les mandants qui sont perdants. Et c’est souvent les agissements négatifs de nos élus qui désintéressent nos jeunes de la politique. Le Parlement n’est pas un lieu où il faut entendre, par exemple, un langage dégradant... C’est plus une perte de temps qu’autre chose», précise Bhomeshkumar Seetaram.

 

Sa collègue Shanista Sookna, 21 ans, étudiante en droit et en ACCA, et qui est aussi la présidente de la UCLan (Uni Of Central Lancashire) Law Society, était, elle, vice Prime Minister, le temps de cette expérience pas comme les autres. «Ça a été de bons moments. C'est une chance d'avoir pu y participer. J'ai appris beaucoup de choses, notamment sur comment les décisions importantes sont prises pour le pays. Je voudrais vraiment évoluer dans ce milieu dans le futur and the experience was a mock for me. L’avenir de notre pays dépend des décisions qui sont prises dans ce temple des lois et repose aussi sur nos représentants. Souhaitons donc qu’il y ait moins d’attaques personnelles and more of making Mauritius great», conclut la jeune femme qui, durant les travaux parlementaires à venir, aura les yeux rivés sur nos élus...

 


 

Le gouvernement et l'opposition prêts à en découdre

 

Avec la grande rentrée du Parlement cette semaine et les nombreux sujets qui secouent le pays en ce moment, les députés du gouvernement et ceux de l'opposition sont prêts à un découdre. «Nous sommes dans un fighting mood. Notre objectif, c'est d'emmener le maximum de transparence possible pour mettre de l'avant la corruption, pour exposer le népotisme et aussi les incompétences. Au lieu d'être un haut lieu de la transparence, le Parlement aujourd'hui est devenu comme la cour du roi Pétaud. Quand on va poser des questions, souvent, il n'y aura pas de réponses mais quand quelqu'un refuse une réponse, c'est aussi une forme de réponse. Des questions vont suivre, des projets de loi, le Budget et d'après la loi, lors de cette session parlementaire, il sera aussi question d'élections municipales. Kouma nou pe rant dan Parlman, nou pou pez nou nene bwar delwil ek nou pou fer nou travay dan enn fighting mood. L'opposition est plus unie que jamais», a déclaré Xavier-Luc Duval, le leader de l'opposition, lors d'une conférence de presse commune des partis de l'opposition le samedi 25 mars.

 

Il n'a pas manqué d'exprimer son soutien à Arvin Boolell, chef de file du PTr au Parlement, qui est sous le coup d'une suspension depuis novembre dernier. Paul Bérenger, leader du MMM, estime, pour sa part, que le Speaker devrait changer sa façon de présider le Parlement : «Ena 108 questions parlementaires plus la PNQ du leader de l'opposition à l'agenda, parce qu'avec des vacances parlementaires beaucoup trop longues, les questions se sont empilées.» Nando Bodha, le leader du Rassemblement mauricien (RM), est aussi catégorique : «Gouvernman bizin rann kont.»

 

Du côté de la majorité, le «mood» est également d'attaque. «Nous sommes très motivés pour cette reprise», nous a déclaré un membre du MSM à l'issue du comité central du parti, samedi après-midi. Maneesh Gobin, le ministère de l’Agro-industrie et de la sécurité alimentaire, a également commenté la reprise des travaux parlementaires lors d'une conférence de presse du MSM ce samedi 25 mars. «On va continuer dans l'implémentation du programme gouvernemental. Le travail au Parlement doit se faire dans la sérénité, dans le respect des institutions et de la démocratie parlementaire, et non pas parfwa ena bann derapaz kouma nounn trouve dan le pase. C'est pour cela que c'est important qu'il y ait le respect des institutions et des règles», a déclaré Maneesh Gobin.

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