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Saisie de 58 kilos de cannabis lors d'une opération de la Striking Team : sept suspects arrêtés, un second policier recherché

11 octobre 2022

La valeur marchande de la drogue saisie s'élève à environ Rs 90 millions.

Voilà une affaire de drogue qui a défrayé la chronique cette semaine ! Une opération de la Special Striking Team de la police a mené à la saisie de 58,05 kilos de cannabis à Pointe-Koenig, Rivière-Noire. La police avait d’abord communiqué le chiffre de 100 kilos de cannabis à la presse, avant d’annoncer que c’était le «gross weight» et que le Forensic Science Laboratory (FSL) a finalement établi un «net weight» de 58,05 kilos après avoir enlevé les emballages gorgés d’eau. La valeur marchande de la marchandise s’élève ainsi à Rs 90 millions. Cette impressionnante saisie, qui remonte à la matinée du lundi 3 octobre, a, de plus, conduit à l’arrestation de sept suspects, dont un jeune officier de police. À ce stade, les enquêteurs sont à la recherche d’un huitième suspect, également un policier, qui aurait pris la fuite.

 

C’est à 6h15, ce matin-là, que les officiers de la Special Striking Team, sous la houlette de l’Assistant Surintendant de Police (ASP) Ashik Jagai, ont barré la route à un cortège de trois véhicules dans les parages de Pointe-Koenig, à Rivière-Noire. Les limiers avaient, au préalable, eu des renseignements concernant l’acheminement d’une impressionnante cargaison de drogue partant de cette région pour être livrée dans le Nord de l’île. Le cortège était mené par un van avec pour seul occupant le policier Jonathan Christian Jean-Hugues Rabot qui était au volant. Ce dernier, un habitant de Montagne-Longue de 29 ans, est affecté au poste de police de Terre-Rouge. D’après les enquêteurs, un grand sac, renfermant sept colis contenant du cannabis ainsi qu’une certaine quantité de drogue synthétique, a été récupéré dans son véhicule. Questionné sur la provenance de la drogue, il aurait rétorqué, selon une source policière : «Mo enn polisie. Mo pe zis fer sa kours-la. Mo pe gagn zis Rs 5 000 pou sa. Mo pou koopere.»

 

Le van était suivi d’un 4x4 gris conduit par Louis Joe Enzo Romeo, le plus jeune de la bande. Cet habitant de Grande-Pointe-aux-Piments, âgé de 22 ans, était accompagné de Louis Gerald Carnel, un maçon de 37 ans domicilié à Pointe-aux-Piments ; Kenny Allas, un Boat Helper de 36 ans habitant Grand-Baie ; Bryan Ricco, un moniteur de kite surf de 33 ans habitant Grande-Pointe-aux-Piments ; et Jean Lajaro Meunier, un cuisinier de 33 ans domicilié à Bois-Rouge. Lors d’une fouille, plusieurs colis renfermant du cannabis ont été découverts dans le caisson du véhicule. Lorsqu’ils ont été questionnés sur leur provenance, Enzo Romeo aurait répondu : «Mo pa pou kapav dir nanye, ena problem ladan.» Gerald Carnel aurait, pour sa part, imploré les officiers de les laisser partir, qu’il s’agissait d’«enn trasman», alors que Kenny Allas et Jean Lajaro Meunier seraient restés muets. Enfin, le suspect Bryan Ricco leur aurait lancé qu’il n’avait rien à voir avec cette affaire et qu’il avait accompagné le conducteur pour aller chercher du poisson qu’ils auraient revendu à Rivière-Noire.

 

Le troisième véhicule était conduit par James Laurent L’Entêté, un skipper de 31 ans domicilié à Lower Vale. Dans cette voiture également, plusieurs colis de cannabis ont été récupérés. Interrogé, il aurait déclaré aux enquêteurs : «Misie, mo tant mo sans mwa. Pa pou kapav aksepte sa case-la. Pou al fer enn long chak sa.» Des sept suspects, Bryan Ricco est le seul à avoir un casier judiciaire. En 2019, ce spécialiste de la mer avait été arrêté après qu’un hors-bord mauricien avait réussi à prendre la fuite de La Réunion, après une transaction de drogue. Il avait obtenu la liberté conditionnelle l’an dernier. Néanmoins, le rôle du suspect Kenny Allas intéresse aussi les enquêteurs. Ces derniers n’écartent pas la possibilité que ce dernier ait assuré le relais à partir d’un bateau pour le transfert de la marchandise de l’île soeur à Maurice.

 

Dans l’après-midi du mardi 4 octobre, les sept suspects ont comparu devant le tribunal pour leur mise en accusation provisoire après avoir été détenus incommunicado. Sollicité, Me Steven Sauhoboa, l’avocat du policier Jonathan Rabot nous a déclaré que son «client a comparu en cour à 14 heures alors que, selon la loi à Maurice, la charge doit être logée dans un délai de 24 heures. Or, ce délai a été dépassé et c’est illégal». Il déplore également le fait qu’il a eu beaucoup de peine à rencontrer son client, même lorsque celui-ci n’était plus détenu incommunicado. Enfin, il explique qu’après s’être entretenu
avec le jeune homme, ce dernier lui a assuré qu’il n’y avait aucune drogue dans son véhicule.

 

À ce stade, l’entourage du policier Jonathan Rabot fait état de plusieurs zones d’ombre dans cette affaire ; notamment par rapport à l’heure à laquelle il se trouvait à Rivière-Noire ce matin-là. «Il y a des caméras CCTV en face de son domicile. Nous espérons que les vidéos seront récupérées par les enquêteurs afin que cette affaire soit tirée au clair», nous dit l’un de ses proches. Pour ces derniers, il est nécessaire que de vrais éléments soient mis en avant s’il est coupable. Toutefois, ils restent convaincus de l’innocence du jeune homme qui, disent-ils, «est un bosseur qui cumule deux emplois pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille». Champion de natation au sein de la force policière et ancien Rider à la Trafic Branch Unit (TBU), Jonathan Rabot a, de plus, été formé par la gendarmerie française. «C’est quelqu’un d’intègre et de respectueux envers son devoir de patriote. A-t-il été piégé ?» s’interrogent-ils.

 

Pour l’heure, les sept suspects restent en détention policière. Leur interrogatoire devrait avoir lieu incessamment. En attendant, les enquêteurs sont sur la piste d’un huitième suspect dans cette affaire : il s’agit d’un autre policier qui aurait pris la fuite dans le sens opposé lorsque les trois véhicules ont été interceptés. L’enquête, désormais entre les mains de la brigade antidrogue, suit son cours.

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