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Sharmila, la femme du Dr Sanjay Goorah : «Je dois ma santé et ma vie à mon homme fort et courageux»

L'épouse et le fils du Dr Goorah sont bouleversés de l'avoir perdu aussi subitement.

Les hommages n’ont cessé de pleuvoir sur les réseaux cette semaine à l’intention du Dr Sanjay Goorah. Ce médecin généraliste du Floreal Community Health Centre fait partie de la longue liste des frontliners ayant succombé à la Covid-19. Il a rendu l’âme le mercredi 8 décembre à l’hôpital ENT après avoir lutté contre la maladie pendant près de trois semaines. Il laisse derrière lui son épouse, la Dr Sharmila Pamela Seetulsingh-Goorah, Associate Professor à l’Université de Maurice, et leur fils Advik, tous deux terriblement affectés par sa disparition tragique.

 

Jusqu’à présent, la famille Goorah s’interroge encore sur les circonstances dans lesquelles ses membres ont contracté le virus car ils prenaient beaucoup de précautions. «Il y a des désinfectants dans tous les coins de notre maison pour les mains et pour tous ceux qui sortaient de l’extérieur. Les vêtements de travail restaient également dehors. On désinfectait même les semelles de nos chaussures», explique Sharmila. Cependant, son époux et elle sont devenus positifs au virus à quelques jours d’intervalle. «Je suis tombée malade le 16 novembre et il m’a mis en isolement. Il s’est donné corps et âme pour me nourrir et me soigner. Je dois ma santé et ma vie à mon homme fort et courageux qui a tout fait pour me soigner même s’il était fatigué.»

 

Souffrant de courbatures, le Dr Sanjay Goorah a eu recours, le 20 novembre, à un Rapid Test Antigen qui s’est avéré positif. «Notre fils Advik a donc pris le relais pour s’occuper de nous. Sanjay avait très peur qu'il soit contaminé également vu que nous vivons dans un appartement pas très grand où le self-isolation était très difficile.» Dès qu’elle a repris des forces, Sharmila s’est à son tour occupée de son époux. «J’ai aussi fait en sorte que notre fils ne s’approche pas de nous. Cela nous donnait l’impression qu’un cyclone était venu balayer notre petite famille sans qu’on ne puisse rien y faire.»

 

Au départ, le taux de saturation en oxygène du Dr Sanjay baissait, puis remontait, mais pas de façon alarmante. «Il prenait un antiviral, du paracétamol et des tisanes naturels que je préparais.» Il s’était fait poser deux stents au coeur en 2016 mais il était en parfaite santé depuis et ne prenait aucun médicament, sauf pour la prévention, laisse entendre son épouse. «Tous ses échographies et tests sanguins étaient bons. Il n’avait ni diabète, ni hypertension et ne souffrait pas d’obésité. Il était très health conscious. Il ne buvait pas, ne fumait pas et faisait très attention à son alimentation. Il faisait de la natation, la marche et toutes ses activités quotidiennes sans problème.»

 

Ce n’est qu’à partir du 25 novembre qu’il a commencé se sentir mal. «Il ne pouvait pas marcher sans être essouflé. Son taux de saturation en oxygène avait baissé. Son visage était sombre et ses lèvres pâles.» Il a été conduit au Covid Ward de l’hôpital Victoria par le SAMU et y était hospitalisé jusqu’au 30 novembre. «Son test PCR était négatif ce jour-là. Il nous parlait brièvement chaque jour pour nous dire qu’on s’occupait bien de lui à Candos, qu’il se sentait confortable avec le support en oxygène. Il n’a jamais compris pourquoi on a voulu le transférer à l’ENT. Il y a été transféré le lendemain puis m’a appelée pour me dire qu’on allait l’intuber. C’était la dernière fois que j’entendais sa merveilleuse voix.»

 

«Un père, un guide, un ami...»

 

Au bout de quelques jours, son état de santé a commencé à se détériorer. Jusqu’au mercredi 8 décembre, où il a fini par rendre l’âme. «Son coeur s’est arrêté soudainement. On ne comprendra jamais comment un système de santé qui a eu 14 jours pour le guérir et pour laquelle il s’est tant dévoué n’a pu le soigner à son tour», déplore Sharmila. «Malheureusement, on ne peut plus rien faire pour mon époux mais il faudra impérativement revoir le traitement à domicile des autres patients positifs, leur faire comprendre quand ils doivent se rendre à l’hôpital, reconsidérer les médicaments pouvant les traiter.» Par ailleurs, elle s’interroge : «Comment quelqu’un qui était en bonne santé et qui a passé 14 jours à l’hôpital peut succomber à un arrêt cardiaque dans une unité ou il était supposé recevoir des soins intensifs ? A-t-on laissé son coeur se fatiguer en le laissant respirer sans assistance ? A-t-il eu un suivi cardiologique approprié ? On ne le saura jamais. Dieu jugera. On pensait l’envoyer vers sa guérison, pas vers sa mort.»

 

Depuis, Sharmila et son fils pleurent la mort de celui qu’ils considéraient comme leur «trésor». «Nous perdons notre petite vie merveilleuse et tranquille. Mon fils perd un père, un guide, un ami. L’amour et le respect mutuel entre les deux étaient uniques. J’adorais les regarder ensemble. Les mots me semblent vides et ne pourront jamais faire honneur à la grandeur de l’homme qui m’a épousée et qui a tout partagé avec moi. Sanjay et moi étions une seule et unique personne. On s’appelait mutuellement Mimi.» Son époux, dit-elle, adorait la musique et était un grand chanteur. Il était apprécié de tous, grands et petits. «Tous les humains étaient égaux à ses yeux. Il les conseillait, les aidait et les réconfortait sans rien attendre en retour. Il aimait donner de lui même. C’était un homme exceptionnel, charismatique, bon et beau comme un Dieu, passionné et dévoué à sa famille et à son travail, humble et complètement détaché du côté matériel.» Sharmila perd ainsi l’amour de sa vie : «Sanjay était mon Dieu sur Terre. Nous avons traversé des moments très difficiles mais nous sommes restés soudés au cours de nos 29 années de mariage.»

 

Le Dr Sanjay Goorah a fait ses études secondaires au collège Royal de Port-Louis et a étudié la médecine à l’Université de Kerala, en Inde. Il a d’abord travaillé comme médecin à l’hôpital Victoria, à partir de 1992. De 1994 a 1998, il a travaillé en Australie au Royal Prince Alfred Hospital et au Sydney Children’s Hospital. Devenu médecin en santé publique (Community Physician) en 2007, il a travaillé dans plusieurs dispensaires à travers le pays. «Le Dr Khodaboccus et lui ont ensuite été affectés au headquarters du ministère de la Santé en 2010 pour développer le Communicable Disease Control Unit pour lequel mon époux s’est dévoué et où sa contribution a été énorme. Il était physiquement un brave soldat sur le terrain pour lutter contre les épidémies comme la dengue et le chikungunya. Il a aussi développé des protocoles pour la gestion des épidémies», raconte son épouse.

 

Le Dr Sanjay Goorah a formé plusieurs jeunes médecins et inspecteurs sanitaires. Il a été chargé de cours à temps partiel à l’Université de Maurice en Sciences de la Santé et a animé des sessions de Continuous Medical Education. Il a aussi contribué à l’élaboration du Health Sector Strategic Plan de 2020-2024. «Il a beaucoup contribué dans les protocoles de gestion de la première vague de Covid-19 en 2020 avant d’être transféré au dispensaire de Forest-Side en août 2020. Il s’est dévoué sans relâche pour ses patients. Tout le monde l’aimait.»

 

L’épouse et le fils du Dr Sanjay Goorah tiennent à remercier toutes les personnes qui leur ont témoigné leur sympathie et apporté leur soutien. «Merci aux milliers de personnes qui ont rendu hommage à mon mari et qui ont partagé avec nous leurs souvenirs de lui. Il était plus grand que la vie et la mort ne peut pas le tuer. Je suis fière et honorée d’avoir pu partager la vie de ce grand homme irremplaçable. Que ton âme repose en paix mon Mimi. Je t’aime.»