Publicité
17 août 2016 05:31
Elle était considérée comme la Mère Teresa de Terre-Rouge. Une femme avec le cœur sur la main, toujours prête à rendre service. Cela, malgré son handicap. Sheela Doolun, une non-voyante de 54 ans, a rendu l’âme le dimanche 7 août après 49 jours à lutter pour sa survie aux unités des grands brûlés de l’hôpital Victoria, à Candos. Elle avait subi de graves brûlures dans l’incendie de sa maison le 20 juin.
Dans le sillage de cette affaire, la police a recueilli sa déposition alors qu’elle était sur son lit d’hôpital. Dans celle-ci, Sheela Doolun accuse Brenda V., une SDF de 43 ans qu’elle aurait accueillie sous son toit il y a environ trois mois, d’avoir mis le feu à sa maison. Cette dernière, qui nie les faits qui lui sont reprochés,a été arrêtée ainsi que Tawfik M., un habitant de la même localité, soupçonné d’être son complice.
«Ma sœur était très généreuse. C’est pour cela qu’elle avait accueilli Brenda chez elle. Cette dernière est de la localité. Mais on ne sait pratiquement rien d’elle, mis à part le fait qu’elle n’avait aucun endroit où dormir», explique Mala, la sœur de Sheela Doolun, les larmes aux yeux. «C’est sa générosité qui lui a coûté la vie», lance-t-elle. Toutefois, malgré la douleur, Mala est déterminée à se battre pour que justice soit rendue à sa sœur qui s’était, dit-elle, confiée à elle sur les circonstances de cet incendie avant de décéder. Retour sur ce fameux 20 juin.
La nuit tombe à Terre-Rouge et Sheela Doolun, qui aurait fêté ses 55 ans le 9 novembre, est allongée sur son lit lorsqu’elle entend un bruit provenant de la cuisine, suivi de la voix de Brenda V. «Ma sœur lui a demandé ce qu’elle faisait. Elle a répondu qu’elle allait préparer à manger pour le dîner. Mais elle ne l’a jamais fait. Quelques minutes plus tard, ma sœur a senti une odeur de papier brûlé. Elle a demandé à Brenda ce qui se passait. Mais cette dernière lui a simplement dit au revoir, avant que la maison ne prenne feu complètement», raconte Mala qui ne peut contenir ses émotions. «Celle qui a commis cet acte ne mérite pas de vivre. Comment peut-on s’attaquer à une femme sans défense, non-voyante ? C’est horrible ! La justice doit suivre son cours et elle doit être sévèrement punie pour ce qu’elle a fait», lâche notre interlocutrice.
Le jour du drame, poursuit-elle, ce sont des voisins qui ont porté secours à sa sœur : «Ils l’ont d’abord transportée à l’hôpital de Pamplemousses où elle a eu les premiers soins. Ensuite, elle a été transférée à l’hôpital Victoria, à Candos. On avait l’espoir qu’elle allait s’en sortir… On m’a ensuite appelée pour m’informer de ce qui s’était passé. Je suis allée directement à l’hôpital. Cela me fendait le cœur de la voir dans un tel état. Elle a beaucoup souffert.»Durant son hospitalisation, Sheela Doolun a subi quatre interventions chirurgicales. Mais malgré tous les soins qui lui ont été prodigués, elle a rendu l’âme.
Célibataire de son état, Sheela Doolun vivait d’une pension d’invalidité depuis quelques années. Atteinte du diabète, elle avait perdu la vue il y a trois ans. Depuis, c’est sa sœur Rosita, qui habite aussi Terre-Rouge, qui prenait soin d’elle. «Elle ne voulait pas venir habiter chez moi ou chez notre sœur à Mahébourg. Elle voulait rester autonome. Mais j’allais la voir chaque jour. Je faisais le ménage chez elle et je préparais ses repas»,explique Rosita.
Au sujet de la relation entre Brenda V. et sa sœur, elle avance que celle-ci «s’était détériorée. Car Brenda disait avoir perdu une somme d’argent très importante dans la maison et elle accusait ma sœur. Mais cette dernière ne voyait pas et ne pouvait pas se déplacer seule. Elle avait un problème au bras car elle avait fait une congestion il n’y a pas longtemps». Selon Rosita, les deux femmes auraient eu une énième dispute à ce sujet le 20 juin.
Et Mala de renchérir en disant que sa sœur était maltraitée par Brenda. «Elle ne la voulait plus son toit depuis qu’elle avait vu son vrai visage, littéralement. Mais Brenda ne voulait pas partir. Il y a trois mois, elle avait menacé de brûler viveSheela. Ma sœur avait tellement peur qu’elle était sortie de la maison pour s’asseoir sous un arbre alors qu’il pleuvait. Et elle avait demandé à un voisin de me téléphoner pour que je vienne la chercher. C’est ainsi qu’elle était restée chez moi pendant trois mois. Je voulais qu’elle reste définitivement, mais elle a refusé», confie Mala, le regard rempli de chagrin.
Non-voyante, Sheela Doolun passait le plus clair de son temps chez elle et à faire le va-et-vient entre son domicile et l’hôpital. Avant de perdre la vue, la quinquagénaire était vendeuse dans un magasin. Et c’est ce petit boulot qui lui avait permis de faire l’acquisition d’un terrain de quatre perches, sur lequel elle avait fait construire cette même maison qui a été ravagée par un incendie.
Publicité