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Virus Nipah en Inde : la menace décortiquée par le Dr Mansha Chummun

C’est à, coup sûr, l’une des préoccupations mondiales du moment. On fait le point sur ce virus qui menace la planète, contre lequel il n’y a toujours pas de vaccin et qui sévit dans le sud de l’Inde en ce moment, notamment au Kerala, après avoir touché la Malaisie, le Bangladesh et Singapour dans le passé. Le virus Nipah est classé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parmi les maladies potentiellement susceptibles de provoquer une épidémie mondiale, comme cela a été le cas pour la Covid-19, ce qui mérite qu’on s’y intéresse. Le Dr Mansha Chummun, généraliste du privé diplômée de la faculté de médecine de Bordeaux (France), nous donne aussi des infos et des pistes pour nous protéger de ce Nipah qui suscite de la peur. 

C’est quoi ce virus ?

 

Le virus Nipah est un virus zoonotique (c’est-à-dire se transmettant de l’animal, comme par exemple la chauve-souris et le porc, à l’homme). Le virus Nipah peut se transmettre aussi par des aliments contaminés ou de l’homme à l’homme. Les chauves-souris frugivores de la famille des Pteropodidae sont les hôtes naturels du virus Nipah.

 

La période d’incubation (le temps écoulé entre l’infection et l’apparition des symptômes) varie de 4 à 14 jours. Cependant, des périodes d’incubation plus longues, pouvant atteindre 45 jours, ont aussi été observées. Le virus Nipah a été identifié pour la première fois en 1998 lors d’une flambée survenue parmi des éleveurs de porcs en Malaisie. Chez le sujet infecté, il provoque une maladie pouvant aller de l’infection asymptomatique à l’infection respiratoire aiguë, voire à l’encéphalite (inflammation du cerveau) mortelle.

 

Dans un premier temps, les sujets infectés présentent des symptômes tels que de la  fièvre, des céphalées (maux de tête et sur plusieurs parties du visage), des myalgies (douleurs musculaires), des  vomissements et des maux de gorge. Il peut ensuite apparaître des vertiges, de la somnolence, une altération de l’état de conscience et des signes neurologiques évocateurs d’une encéphalite aiguë. Certains sujets peuvent aussi présenter une pneumonie atypique et des problèmes respiratoires sévères, y compris une insuffisance respiratoire aiguë. Dans les cas graves, on observe une encéphalite et des convulsions, qui évoluent vers le coma en 24 à 48 heures.

 

Environ 20% des patients gardent des séquelles neurologiques, comme des troubles convulsifs et des altérations de la personnalité. Dans un petit nombre de cas, les sujets guéris souffrent par la suite d’une rechute ou d’une encéphalite d’apparition tardive.

 

La situation en Inde

 

Ça se stabilise, mais il ne faut pas pour autant baisser la garde. À l’heure où nous mettions sous presse, plusieurs médias indiens rapportaient qu’il n’y avait pas eu de nouveaux cas positifs de Nipah au Kerala depuis sept jours, ce qui est plutôt rassurant. C’était un peu la panique vers le 12 septembre, quand deux personnes sont mortes du virus et que le nombre d’infectés avaient grimpé ; ce qui a forcé les autorités du Kerala, au sud de l’Inde, à limiter les rassemblements publics et à fermer certaines écoles.

 

Que fait notre ministère de la Santé ?

 

Le ministre de la Santé a confirmé, sur les ondes de Radio One en fin de semaine, que les autorités suivent la situation au Kerala de près et agiront en fonction de l'évolution de la situation. D’un autre côté, nous avons aussi appris la mise sur pied d’un comité qui suivra la situation liée au virus, présidé par le directeur des services de Santé publique, Ashwamed Dinassing. Une première réunion a eu lieu vendredi dernier, où il a été décidé, en premier lieu, que toutes les personnes en provenance de l’Inde devront remplir une fiche qui partira dans un database où les autorités pourront ensuite faire un tracing facilement si la personne s’avère infectée. D’autres mesures seraient à venir dans la semaine, dépendant de la situation. À la question de la possibilité que le virus soit détecté ici, les autorités se veulent rassurantes, affirmant qu’avec l’expérience de la Covid-19, nous sommes mieux préparés, que l’isolation des personnes infectées sera la priorité et qu’il y a du personnel formé et des infrastructures pour cela.

 

Faut-il s’alarmer ?

 

Bien qu’il n’y ait pas eu suffisamment de cas humains de Nipah pour affirmer avec certitude que le virus devient plus mortel, le taux de mortalité lors des épidémies récentes au Bangladesh et en Inde est plus élevé que celui rapporté en Malaisie et aux Philippines. De plus, alors que la mortalité lors de la première épidémie au Bangladesh en 2001 était de 69 %, elle était de 83 % lors de l’épidémie de 2013, tandis qu’une épidémie au Kerala, en Inde, en 2018 a tué 17 des 18 personnes infectées, soit un taux de mortalité de 94,4 %. Donc, pour le moment, il faut attendre pour voir ce qu'il en sera…

 

Les précautions à prendre

 

Le risque de transmission interhumaine peut être réduit grâce à un lavage régulier des mains, en évitant de partager de la nourriture ainsi que la literie avec des individus infectés. Le risque de transmission internationale par des fruits ou des produits à base de fruits (le jus de dattes brut, par exemple) contaminés par l’urine ou la salive des chauves-souris frugivores infectées peut être réduit en lavant les fruits soigneusement et en les pelant avant consommation. Ceux présentant des signes de morsures de chauves-souris doivent être jetés.

 

Que faire si on pense être contaminé ?

 

Si vous avez des symptômes et que vous pensez que vous avez contracté le virus, contactez un centre hospitalier, qui devrait commencer par faire des tests sanguins pour la détection d’anti-corps, mais aussi des tests PCR à partir de liquides biologiques.

 

Qu'en est-il du traitement ?

 

On ne dispose actuellement d’aucun médicament ou vaccin spécifique pour traiter l’infection par le virus Nipah, bien que la maladie figure sur la liste de l’OMS des maladies prioritaires au titre du Schéma directeur en matière de recherche-développement. Des soins de soutien intensifs sont recommandés pour traiter les complications respiratoires et neurologiques sévères.