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23 août 2025 18:47
Washington a revu à la baisse les tarifs douaniers applicables à Maurice, les fixant à 15 % au lieu des 40 % initialement prévus. À partir du 26 août, les autorités ont annoncé que plusieurs produits de première nécessité coûteront moins cher grâce au Price Stabilisation Fund. Comment s’annoncent les jours à venir ? Tahir Wahab, expert-comptable et observateur économique, répond à nos questions.
C’est comme un lourd fardeau qui pèse sur leurs épaules. Car ces derniers temps les commerçants comme les consommateurs en voient de toutes les couleurs. Le monde du commerce souffre, les frais augmentent, la cherté de la vie s’accélère, les prix grimpent et les porte-monnaie affichent une mine grise. Pour plusieurs familles, les fins de mois sont difficiles et la baisse du pouvoir d’achat préoccupe de plus en plus, surtout avec les salaires qui stagnent alors que les prix autour augmentent encore et encore. Et l’état de l’économie mondiale n’arrange rien à cette période morose et à cette atmosphère lourde qui plane. L'inflation est variable, les taux d’intérêt augmentent, et les perspectives de croissance sont incertaines. Conséquence : les gens sont inquiets pour l’avenir.
À l'international, les taxes imposées par Donald Trump ont suscité de vifs débats concernant leur impact sur l’économie domestique, l’inflation et la compétitivité des entreprises. Le président américain a ainsi imposé des taxes douanières à plusieurs pays, dont des taux allant de 10 % à 50 %. Ces taxes, a-t-il souligné, visent à réduire le déficit commercial des États-Unis et à protéger l’industrie américaine.
Concernant l’exportation mauricienne, les USA ont toutefois officiellement revu à la baisse les tarifs douaniers, les fixant à 15 % au lieu des 40 % initialement prévus. Comment faut-il interpréter cette mesure ? C’est la question que nous avons posée à Tahir Wahab, expert-comptable et observateur économique. Selon l’expert, une taxe de 15 % reste élevée. «Nous accueillons cette décision avec prudence, mais aussi avec un certain soulagement. Une baisse des tarifs douaniers de 40 % à 15 % est une avancée importante qui redonne de l’oxygène à nos exportateurs, notamment dans des secteurs phares comme le textile, les produits de la mer ou les produits transformés. Cela permet à Maurice de rester compétitive sur un marché aussi crucial que celui des États-Unis. Toutefois, il ne faut pas oublier que 15 % demeure un tarif relativement élevé comparé à ce que d’autres pays bénéficient dans le cadre d’accords de libre-échange. C’est donc une amélioration, mais pas encore un retour à la situation la plus avantageuse», nous explique l’observateur économique.
Des défis
De nombreux enjeux guettent ainsi les exportateurs mauriciens. «Les défis sont multiples. D’une part, nos exportateurs doivent faire face à une intensification de la concurrence internationale, notamment de la part de pays à plus bas coûts de production. D’autre part, la logistique mondiale reste fragile, avec des coûts de transport qui demeurent élevés et une chaîne d’approvisionnement parfois imprévisible. Il y a aussi des pressions internes, une hausse des coûts de production locaux (matières premières, salaires, énergie), un manque de main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs, et une nécessité croissante d’investir dans la transformation digitale et la durabilité environnementale. La capacité à s’adapter rapidement à ces nouvelles exigences conditionnera la résilience de notre secteur exportateur», souligne Tahir Wahab.
Les consommateurs mauriciens, préoccupés par la baisse du pouvoir d’achat, s’attendent aussi à des jours meilleurs. «Le pouvoir d’achat est toujours une source d’inquiétude croissante pour les consommateurs. Bien que certains indicateurs économiques montrent une reprise de l’inflation, notamment sur les produits alimentaires et de première nécessité, l’inflation a un impact direct sur le quotidien des ménages. Cette pression est particulièrement ressentie par les classes moyennes et les plus vulnérables. Plusieurs facteurs, comme la dépréciation de la roupie, les coûts d’importation élevés et les marges commerciales parfois opaques, contribuent à cette situation. Il est important d’avoir une approche structurée, qui ne se limite pas à des solutions ponctuelles, mais qui vise à rétablir une certaine équité dans la chaîne de formation des prix», poursuit l’expert-comptable.
Durant la semaine à venir, soit à partir de ce mardi 26 août, les autorités ont annoncé que plusieurs produits de première nécessité coûteront moins cher grâce au Price Stabilisation Fund, une mesure qui était très attendue par les consommateurs et qui viserait à les soulager face à l’inflation et à la hausse du coût de la vie. Ainsi, une réduction de 10 % à 20 % sur le lait en poudre, le fromage, l’huile comestible et les couches pour bébé a été annoncée. Est-ce que cela soulagera les Mauriciens qui veulent pouvoir respirer un peu en ces temps de plus en plus difficile ? Tahir Wahab nous donne son avis. «La mise en place d’un Price Stabilisation Fund peut constituer un levier pertinent pour atténuer les hausses soudaines des prix sur certains produits essentiels. Cette initiative témoigne d’une volonté de protéger les consommateurs dans un contexte économique difficile. Toutefois, son efficacité dépendra fortement de la qualité de sa gestion, de la transparence des mécanismes d’intervention, ainsi que de la capacité à cibler les bons produits sans introduire de distorsions sur le marché.»
Mais pour lui, cette mesure ne peut se suffire à elle-même : «Ce fonds ne doit cependant pas être perçu comme une solution isolée. Il doit s’inscrire dans une stratégie plus globale, incluant notamment le renforcement de la production locale, une régulation plus efficace des marges commerciales, ainsi que des mesures sociales ciblées pour soutenir les ménages les plus vulnérables. Par ailleurs, une partie des ressources mobilisées aurait pu être allouée à la réduction du déficit du Price Stabilisation Fund et à une baisse du coût de l’essence. Une telle mesure aurait pu stimuler l’activité économique et, par ricochet, avoir un effet positif sur la croissance. En somme, bien que cette initiative puisse apporter un certain soulagement aux Mauriciens, elle ne saurait constituer une réponse unique à des problématiques structurelles plus profondes», conclut l’observateur économique sur l’épineuse question du pouvoir d’achat, un sujet qui préoccupe de nombreux Mauriciens.
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