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7 juin 2025 20:00
Une petite heure qui n’a pas laissé insensible. Le mardi 3 juin, la MBC 1 nous proposait cette émission qui nous invitait à un dialogue franc entre des descendants d’esclaves et des descendants d’esclavagistes, avec des intervenants qui ont parlé avec beaucoup de franchise, en brisant des barrières et en parlant aussi de solutions. L’écrivaine et journaliste Shenaz Patel, qui animait l’émission, nous en dit plus sur ce qui pourrait se passer après l’avalanche de réactions après la diffusion de l’émission, qui a été rediffusée ce samedi 7 juin sur MBC Sat, à 11 heures, tout en étant aussi visible sur YouTube.
Des mots comme «tabou», «non-dits» et même «violence». Le mardi 3 juin, l’émission Esclavage : Ki dialog ? a fait son buzz. Shenaz Patel, qui a porté pour la première fois la casquette d’animatrice freelance à la MBC – a accueilli sur le plateau des descendants d’esclavés (l’artiste Jason Lily, l’assistante en recherche au musée de l’Esclavage Elodie, Laurent Volcy, l’écrivain Bertrand Fauvette, qui vient de sortir à la recherche d’Eugénie, où il raconte son récit à Maurice à la recherche de son arrière-arrière-grand-mère) et des descendants d’esclavagistes (la pédagogue spécialisée Angélique de la Hogue, le directeur de l’agence de pub CIRCUS! Vincent Montocchio). Un dialogue qui n’a jamais été fait auparavant, et qui a porté ses fruits, avec aussi des interventions de l’historienne Klara Anna Boyer-Rossol et Simon Moutaïrou, réalisateur du fameux film français sur le marronnage Ni chaînes ni maîtres.
En somme, les intervenants ont parlé de préjugés et de violence qui découlent du fait d’être un descendant d’esclavé ou même tout le tabou et les non-dits qui s’accompagnent dans une famille descendante d’esclavagistes, entre tellement d’autres éléments. Le lendemain même de la diffusion de l’émission, les réactions pleuvaient, où beaucoup félicitaient, analysaient, critiquaient aussi (beaucoup ont fait ressortir qu’il fallait aussi parler de réparations venant des descendants d’esclavagistes). Shenaz Patel, qui a réuni beaucoup de personnes autour de sujets de société dans ses événements Lakour dans le passé, nous dira que : «Je suis tellement contente que l’émission suscite autant de réactions, non seulement d’ici, mais aussi venant d’autres pays, Réunion, Australie, Belgique, Angleterre, etc… Mais je tiens aussi à dire que l’émission s’appelait Ki dialog ? et pas Ki réparation ?. Elle visait à mettre en avant des descendants d’esclaves et d’esclavagistes pour partager leur récit et leur part de vérité, créer un dialogue qui n’a pas été auparavant.»
Et maintenant ? Shenaz Patel nous éclaire : *«Suite à l’émission, j’avais évoqué le projet d’un grand colloque, national et international, qui se tiendrait ici en février prochain. Je pense que nous avons mûri assez pour pouvoir avoir ce genre de conversation sur l’esclavage. Il faudrait donc avoir une discussion franche entre les stakeholders et la population, et mettre sur table les discussions sur tout ce qui a trait aux descendants d’esclaves, mais aussi sur les descendants d’esclavagistes et aussi, la réparation. Ce seraient les premiers pas vers une société mauricienne plus juste, plus constructive. Et pour tout ce qui est réparation, je pense qu’il est juste de commencer tout d’abord par le pardon, comme le pardon qui avait été au cœur de la Commission de réconciliation de Nelson Mandela après la fin de l’Apartheid. Et quand nous parlons de réparation, il faut souligner que ce n’est pas seulement de la réparation matérielle avec de l’argent ou des terres ; on parle aussi de réparation culturelle, émotionnelle, psychologique. Finalement, je peux aussi dire que plusieurs invités de l’émission ont commencé un travail de suivi sur tout ce qui a été évoqué dans l’émission, donc les choses sont appelées à bouger.» *
Shenaz Patel avait en tout cas depuis longtemps cette envie de créer ce genre de dialogue autour de l’esclavage. On la connaît notamment traitant du sujet avec sa pièce de théâtre Niama en 2020, sur cette princesse du Sénégal devenue esclave à La Réunion. Et tout récemment, elle a suivi une formation en justice restaurative, à l’Institut français de la justice restaurative. On attend donc de voir la suite après ce premier dialogue qui semble avoir créé une dynamique…
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