Découvrir Edouard Maunick : «C’est étrange, car je n’ai jamais rencontré Edouard Maunick en chair et en os. La seule fois où je me suis retrouvé dans la même salle que lui, c’était lors d’une causerie que son frère Jacques avait donné à la Salle Marie-Reine de La Paix sur le Ward 4 en avril 2016. Je me souviens qu’à la fin, les gens sont allés le saluer. Mais il se faisait tard et je devais faire vite de peur de rater le dernier bus qui quittait Port-Louis pour le sud. Je regrette de n’avoir pu le rencontrer. J'ai découvert la poésie d’Edouard pour la première fois sur les bancs du Mauritius Institute of Education(MIE) lors de mes études de Teacher’s Diploma Primary ; il y a, dans son fameux reserve section, une richesse extraordinaire de livres mauriciens. Je me souviens notamment d’un recueil publié par Actes Sud intitulé Anthologie Personnelle. Et puis à l’Institut Français de Maurice où j’ai découvert le reste de son oeuvre. Ensoleillé vif et Mandela Mort et Vif m’ont bouleversé.»
L’importance de cette traduction : «Je me suis attelé à la traduction de ce livre pour chercher la voix d’Edouard en kreol morisien. J’ai montré le premier jet à Rama Poonoosamy, directeur d’Immedia, qui était à 200 % derrière le projet depuis le premier jour. On a beau avoir des grands projets de livre mais s’il n’y a pas des gens qui croient en nous, on ne peut pas faire grand-chose. Je tiens à saluer et remercier Rama et ti lekip gran leker à Immedia qui se sont donné corps et âme pour concrétiser ce projet de livre. Cette traduction est importante pour plusieurs raisons, d’abord parce qu’elle vient enrichir le corpus littéraire du kreol morisien et démontrer que les grands classiques de la littérature mauricienne d’expression anglaise ou français, voire celles de la littérature mondiale, voyagent très bien dans notre langue maternelle. Pourquoi traduire ? Difficile à dire. Pour paraphraser Chazal : "Parce que l’arbre doit donner ses fruits". Je pense que c’est également important de transmettre ces écrits à la prochaine génération. Barlen Pyamootoo disait avec justesse : "La littérature n’a pas de frontières. On peut se dire petit-fils, arrière-petit-fils de Marcel Cabon, Malcolm de Chazal."»
La traduction elle-même : «Pour mieux résumer, je vous renvoie à l’avant-propos d’Ananda Devi : "Traduire ce texte était une belle épopée. Épopée impossible ? Sans doute. Toute traduction est une entrée dans un labyrinthe dont on ne connaît pas l’issue. Et traduire la poésie exige de soi quelque chose de sacrificiel. Le sacrifice de sa propre voix et le sacrifice des non-dits cachés dans le poème. Mais une traduction réussie parvient malgré tout à faire entendre son chant immanent, sa musique intime, ses riches cadences".»