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Chagos Deal : le gouvernement organise, l’opposition questionne

31 mai 2025

Navin Ramgoolam et Olivier Bancoult ont participé à une réunion. Pravind Jugnauth, lui, a dénoncé l'accord.

Les prochaines étapes pour le gouvernement : aller sur l'île et rassurer face aux interrogations de l'opposition.

L’after-party ?! Pas que des réjouissances ! Après l’accord entre Maurice et la Grande-Bretagne – avec la signature du traité le 22 mai – concernant la souveraineté de l’archipel des Chagos, le temps était aux interrogations avec l’opposition, aux explications avec l’Attorney General, à la pression contestataire maintenue par ceux.celles qui se disent contre le deal. Il a aussi été question d’avenir avec les prémices organisationnelles d’une visite sur les îles.

Vers une visite et plus… Une rencontre sous la présidence de Navin Ramgoolam et en présence, entre autres, de trois représentants de la communauté chagossienne a eu lieu le jeudi 29 mai. Un objectif : organiser une visite officielle dans l’archipel. Le Conseil des ministres en a pris note. Les choses vont dans la bonne direction, dit Olivier Bancoult : «Nous sommes partie-prenante de ce qui se joue, ce qui est sûr, seki sa lane-la nou pou met lipie lor Chagos.»

Pravind Jugnauth et le MSM évoquent leurs inquiétudes. D’abord, l’ex-Premier ministre est sorti de sa réserve et c’est lors d’une conférence de presse, le mercredi 28 mai, qu’il a dit ses doutes quant à l’accord signé par le gouvernement Ramgoolam, décriant la perte de souveraineté, affirmant que le Royaume-Uni a un droit de véto sur tout projet (concernant les autres îles, en plus du statut spécial de Diego Garcia). Il a avancé que les Chagossiens.nes qui souhaitent développer leur territoire devront avoir la permission des Britanniques. *«Mo leker pe segne», *dira-t-il. L’Attorney General a, par la suite, communiqué sur ces prises de position (voir ci-dessous), ce qui a poussé le MSM à publier, lui aussi, un communiqué estimant que Gavin Glover n’avait, en rien, apporté des éclaircissements concernant le droit de véto du gouvernement britannique, au sein de la Joint Commission, pour les projets envisagés. Lors d’un point de presse le 30 mai, des anciens ministres du MSM, dont Mahen Seeruttun, ont questionné cet accord : «S’il faut faire des constructions sur les îles, en excluant Diego Garcia, faudra-t-il demander la permission au gouvernement anglais et aura-t-il le droit de refuser ?»

C’est quoi la Joint Commission ? Elle aurait pour but la gestion de la mise en application des points présents dans le traité. Pour chaque décision, il faudra un accord entre les gouvernements mauricien et britannique (des représentants des États-Unis pourront assister aux réunions).

L’Attorney General rassure. Gavin Glover, par le biais d’un communiqué, a tenu à apporter les précisions suivantes. Il (le traité) «garantit la souveraineté mauricienne sur l’ensemble des Chagos (article 1), ainsi que le droit de retour des Chagossiens sur les îles de l’archipel, à l’exception de Diego Garcia (article 6)». L’Attorney General évoque «une interprétation de mauvaise foi» : «Toute suggestion selon laquelle le droit de retour serait menacé ou que la souveraineté serait incomplète ne peut relever que d’une interprétation de mauvaise foi.»

Au Parlement britannique… Une note explicative concernant l’accord a été soumise aux parlementaires britanniques cette semaine. C’est le Foreign, Commonwealth & Development Office qui s’en est chargé (le document est signé par David Lammy, secrétaire d’État aux Affaires étrangères). On peut y lire, entre autres points abordés : «Il n’existe aucune circonstance dans laquelle Maurice pourrait empêcher le Royaume-Uni ou les États-Unis de maintenir un contrôle total sur les opérations à partir de Diego Garcia.» Selon le Constitutional Reform and Governance Act 2010 (CRaG), les membres du Parlement ont 21 jours pour décortiquer le traité, organiser un débat ou alors s’y opposer formellement (si c’est le cas, l’accord sera suspendu). S’il n’y a pas de résistance, une loi sera présentée pour accompagner l’accord, avec la réforme de la British Nationality Act concernant le statut du Territoire britannique de l’océan Indien (BIOT).

La contestation continue. Une pétition mise en ligne appelle à se mobiliser afin de pousser les députés britanniques à ne pas approuver le Chagos Deal (https://petitionplatform.co.uk/SaveChagos).

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