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3 mai 2025 19:05
Celui qui blesse peut vite oublier, mais la personne qui porte la cicatrice n’oublie jamais, dit l’adage. Christina en sait quelque chose. Cette habitante Ste-Croix, âgée de 44 ans, porte toujours des séquelles d’un très grave accident de la route qui aurait pu lui avoir coûté la vie. Sa fille Elodie, 17 ans, a eu plus de chance car elle n’a pas été grièvement blessée. En tout cas, mère et fille n’oublieront jamais ce 23 novembre 2023 fatidique où leur vie a basculé. Elles rentraient chez elles à moto – une Yamaha 125 – lorsqu’un 4x4 de la police les a violemment percutées alors qu’elles se trouvaient à la rue Des Carriers, à Roche-Bois. Le policier qui était au volant roulait, disent-elles, à vive allure et ne s’est pas arrêté à une intersection. Le véhicule de la police a ensuite terminé sa course dans un caniveau.
Ce sont des passants qui sont venus à la rescousse de Christina et Elodie. Les policiers qui voyageaient dans le 4x4 n’ont, eux, pas bougé le petit doigt, à en croire la mère et la fille. Elles viennent d’ailleurs de déposer une plainte en Cour suprême, soit ce 9 avril 2025, où elles réclament des dommages conjoints de Rs 50 millions à l’État après cet accident qui aurait pu leur coûter la vie. Pour les assister dans cette démarche légale, elles ont retenu les services de Sanjeev Teeluckdharry, avocat, et Luvirajen Mootoosamy, avoué. Comme preuve pour soutenir leur plainte, elles disposent des images d’une caméra de vidéosurveillance très explicite.
«Sa van lapolis-la ti kapav touy mo tifi ek mwa sa zour-la», s’insurge Christina qui a été grièvement blessée lors de l’accident. «Mo ti lor enn main kan sa inn arive. Van lapolis-la ti sipoze arete lor lalign blan dan la krwaze, me li pann arete, lerla mem li’nn tap ek nou. Zot ti ena enn irzans aparaman, zot ti pe roul vit, me zot pa ti met lasirenn. Ou trouv tousala bien dan bann zimaz enn kamera. Apre aksidan-la, mo ti perdi konesans. Mo tifi kinn rakont mwa seki ti pase apre. Bann dimoun dan landrwa kinn vinn sekour nou. Bann lapolis-la pann vinn get nou ditou», souligne la quadragénaire. Elle avait été hospitalisée d’urgence après sa perte de connaissance.
Elle souffrait d’un traumatisme crânien, d’une fracture à la jambe droite nécessitant une intervention chirurgicale et avait le visage boursouflé, entre autres. «Mo ti nepli rekonet momem apre sa aksidan-la. Bann dokter ti bizin oper mo lipie met enn plak metal ant mo bann ledwa. Sa mem kinn permet mwa kapav remarse apre», raconte Christiana.
Sa fille a eu plus de chance. Elle s’en est sortie avec des égratignures au dos et sur d’autres parties du corps. Elle est toutefois profondément traumatisée par cet accident et souffre toujours de contusions au dos et à la jambe. Elodie a assisté impuissante à la scène où le véhicule de police s’était immobilisé dans un caniveau après l’impact. Elle raconte que trois policiers en sont descendus mais ne leur ont apporté aucune assistance. C’est une ambulance de passage qui a pris en charge sa mère ce jour-là. Quant à elle, c’est son père qui l’a emmenée à l’hôpital plus tard faute de place dans le véhicule médical.
Dans sa plainte, Christina affirme qu’elle est restée alitée durant plusieurs jours à l’hôpital Jeetoo. Et pendant plusieurs semaines, des membres de sa famille ont dû l’assister pour la moindre chose. Elle avance aussi qu’elle souffre encore de douleurs persistantes. «Aksidan-la ti dan mwa novam. Se lafin mars 2024 ki monn kapav repran mo travay. Mo fer carer», dit-elle. Dans sa plainte, l’habitante de Ste-Croix pointe exclusivement le policier au volant comme responsable de l’accident. Toutefois, sa fille et elle dénoncent également l’inaction des trois policiers après la collision. Elles considèrent cela comme un grave manquement de leur part alors qu’ils étaient en service. C’est la raison pour laquelle elles réclament des dommages à l’État pour les souffrances physiques, morales et psychologiques importantes qu’elles disent avoir subies, ainsi que des pertes financières. La moto endommagée a nécessité, disent-elles, des réparations au coût de Rs 19 000.
«Mo motosiklet ti ena lasirans tiers. Mo pann gagn okenn kas pou fer reparasion ziska ler», confie Christina. En mars 2024, elle a consigné une déposition formelle au poste de police de Roche-Bois concernant cette affaire. Une enquête est en cours. Après leur plainte au civil, mère et fille espèrent désormais que la Cour suprême va condamner l’État à leur verser Rs 50 millions. Elles se réservent aussi le droit de produire des preuves documentaires en cour. Et avertissent que le défaut de comparution du défendeur pourrait entraîner un jugement par défaut. «Tousala pa ti pou arive si sofer sa van lapolis ti aret lor lalign blan. Mo konpran ki zot ti kapav ena enn irzans sa zour-la, me kifer zot pa ti met zot lasirenn ?» s’interroge sans cesse Christina qui regrette tellement que les choses se soient passées ainsi mais qui réclame justice de toutes ses forces.
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