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15 mars 2025 10:18
L’Association de Parents d’Enfants Inadaptés de l’Île Maurice (APEIM), fondée en 1970, a récemment célébré son 55e anniversaire d’existence. Depuis, l’association s’est imposée comme un acteur majeur dans le monde du social, devenant une référence en termes de prise en charge de ceux souffrant d’un handicap mental.
55 ans à être présente, à militer et à mobiliser autour d’une cause importante. Plus d’un demi-siècle à soutenir, accompagner et encadrer les enfants, les jeunes et les adultes porteurs d’un handicap intellectuel. Au fil des années, l’APEIM, qui a traversé bien des difficultés, est devenue un acteur incontournable de la scène sociale locale. Alors qu’elle vient de célébrer son 55e anniversaire d’existence, la passion qui anime ceux qui font vivre chaque jour l’association ne faiblit pas avec les années qui passent. Il en va de même pour leur mission qui, malgré le temps, n’a pas pris une ride.
Aujourd’hui plus que jamais, l’APEIM continue d’œuvrer pour le développement, l’intégration et l’épanouissement de ses bénéficiaires en assurant une prise en charge adéquate et efficace de leur condition tout en militant pour la reconnaissance de leurs droits et de leur citoyenneté. Il faut dire que depuis 1970, ce sont plus de 7 000 bénéficiaires qui sont passés par le centre de l’APEIM. Chaque année, il faut compter environ 150 bénéficiaires en moyenne qui passent par le service médical et paramédical de l’organisation. L’équipe, composée d’une infirmière, de deux médecins, de trois psychologues, d’une ergothérapeute et d’une physiothérapeute, accompagne au quotidien les bénéficiaires qui présentent des troubles allant de la trisomie 21 à la déficience intellectuelle en passant par un retard global de développement.
Lors d’une soirée d’anniversaire qui a eu lieu le 6 mars à la House of Digital Art, à Port-Louis, l’APEIM a réuni plusieurs invités autour de diverses activités pour marquer l’événement. Il y a eu, notamment, une expo-vente des tableaux réalisés par les bénéficiaires de l’APEIM, dont 70 % des recettes issues de la vente seront reversés au bénéficiaire ayant réalisé l’œuvre et 30 % seront attribués à l’APEIM pour soutenir le travail accompli au sein de son atelier d’arts créatifs. Les invités ont également pu découvrir une exposition immersive des dessins des bénéficiaires, ce qui leur a permis d’explorer l’univers de ces derniers. Afin de mettre en avant le talent et le potentiel des bénéficiaires de l’APEIM, ces derniers ont aussi organisé une distribution de douceurs sucrées préparées par les jeunes de l’atelier cuisine-pâtisserie de Trianon. Parmi les autres activités figuraient une exposition de photo-portraits des bénéficiaires de l’APEIM réalisée par Frédérick Breville et une mini-prestation de Blakkayo qui a clôturé la soirée sur une note musicale.
«L'union fait la force»
Cette soirée a surtout été l’occasion de revenir sur l’histoire de l’association, et ses combats et réalisations au fil des années. Tout au long de son parcours, l’APEIM a pu compter sur la passion, la conviction et la dévotion d’une équipe sincère et attentionnée qui a toujours cru en la mission de l’ONG. Parmi eux, Arlyne Tadebois, secrétaire de l’association, est l’une des plus anciennes. Son parcours au sein de l’APEIM a commencé en 1986 lorsqu’on lui a proposé, après quelques mois de remplacement à l’atelier de Saint-Paul, de devenir assistante secrétaire à l’administration. «J’ai accepté avec plaisir, car je me sentais appelée à faire partie de cette association qui œuvrait pour le bien-être des personnes en situation de handicap. Je côtoyais les parents qui venaient enregistrer leurs enfants. Malgré leur souffrance, ils avaient ce désir de lutter pour trouver une solution afin que leur enfant soit accompagné dans son développement. La fondatrice, Madame Nancy Piat, qui m’avait proposé ce travail, était elle-même maman d’un enfant porteur de trisomie 21. Elle nous a appris à ne jamais baisser les bras devant les obstacles. La réussite, c’est quand on a atteint les objectifs que nous nous sommes fixés», raconte-t-elle.
Au fil des années, Arlyne Tadebois a grandi et évolué avec l’association. Elle est devenue secrétaire, puis responsable des événements, organisant séminaires et conférences. Aujourd’hui, elle est chef de service de l’administration, une responsabilité qui lui tient particulièrement à cœur. «Il y a un esprit de famille dans tout ce que nous faisons. Tout le monde met la main à la pâte dans une ambiance fraternelle. Cela nous permet de travailler avec toute l’équipe de l’APEIM, même si nos services se trouvent à différents endroits. Grâce à Madame Piat, je suis fière de dire que j’ai appris beaucoup des valeurs de la vie. Tout cela a façonné ma personne. Aujourd’hui, mon slogan est "donner sans compter".»
S’il y a bien un événement qui l’a marquée tout au long de son parcours chez l’APEIM, c’est une manifestation que l’association avait organisée dans les rues de Port-Louis il y a quelques années. Cela démontre, selon elle, à quel point l’APEIM s’est battue contre vents et marées pour maintenir ses services. «Le personnel, les parents, les amis et les membres du public étaient présents pour défendre notre cause. Et comme on dit, l’union fait la force. Nous avons demandé à l’État de reconnaître le travail des ONG dans la prise en charge d’un enfant porteur d’une déficience intellectuelle. Nous avons toujours milité pour que tous les enfants de la société mauricienne bénéficient des mêmes droits, qu’il n’y ait plus aucune discrimination et que le gouvernement puisse nous donner suffisamment de fonds pour poursuivre notre mission.» C’est le plus grand souhait d'Arlyne Tadebois.
Francette André compte pas moins de 40 ans de service au sein de l’APEIM. *«J’ai commencé à l’école de Bon Secours à Port-Louis. Mon parcours à l'APEIM s’articule autour de cette vision que Mme Piat avait, celle de réunir et de réfléchir avec l’ensemble des parents issus des différentes communautés ainsi qu’avec les partenaires nationaux et internationaux. Mme Piat a tenu à mettre en place une structure spécialisée pour aider à l’épanouissement de ces personnes porteuses d’un handicap, afin de garantir le respect de leurs droits. Ce combat ma motivée et poussée à rester à lAPEIM. La démarche était plus humaine. Et en découvrant cet esprit fraternel, dans le respect et la valorisation des capacités de chacun, j’ai appris ce qu’est le handicap et comment être bienveillant.» *Son plus grand souvenir, confie-t-elle, remonte au début des années 80. «Ce qui m’a le plus marquée, c’est quand l’APEIM a commencé à organiser des play-groups dans différentes régions. Ce fut le moment où les gens ont commencé à connaître l’association. Nous avons vécu de très bons moments, riches et instructifs, surtout avec l’aide des professionnels qui venaient former le personnel. »
Aujourd’hui chef du service psychosocial, elle intervient avec trois social workers auprès des bénéficiaires et de leurs familles dans les services d’intervention précoce, dans les ateliers, mais aussi lors des visites à domicile. Pour Francette André, l’association est aujourd’hui une véritable référence. «L’association représente un phare pour notre île Maurice, car pendant ces 55 ans de combat, elle a mis le handicap intellectuel au centre du dialogue et l’APEIM est reconnue pour cela. Mon souhait pour l’APEIM est que les jeunes qui seront la relève de demain connaissent l’histoire de cette association. Et que nous conservions cette vision et mission de 1970, tout en développant de nouvelles stratégies pour toujours valoriser les personnes porteuses d’un handicap.» C’est ainsi, dit-elle, que l’APEIM continuera à exister encore de nombreuses années.
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