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Clash Navarre-Marie / Anquetil : l’alliance gouvernementale sous tension

15 décembre 2025

Les échanges entre Ariane Navarre-Marie et Stéphanie Anquetil provoquent des questionnements.

Un échange houleux entre des élues Mauve et Rouge sur la gestion des centres d’accueil pour enfants met en lumière les fragilités de l’alliance gouvernementale. Entre accusations, interventions musclées et arbitrage de la Speaker, la majorité navigue en eaux troubles.

Le bateau tangue-t-il…à nouveau ? L’embarcation de l’alliance gouvernementale ne profite pas d’une traversée en eaux calmes. Des lames de fond déstabilisent le précaire équilibre de ceux et celles qui s’y sont entassés.es pour cette traversée, entre ambitions individuelles, rivalités anciennes et tensions non résolues. Le récent clash entre la ministre de l’Égalité des Genres et du Bien-être de la famille, Ariane Navarre-Marie et la députéee rouge, Stéphanie Anquetil, donne, aux yeux de certains observateurs, l’impression d’une équipée fragile. Surtout après le récent épisode de cassure in the making mené par Paul Bérenger.

Du côté de la majorité, on temporise, on rassure : «Je trouve que cela démontre que la démocratie fonctionne et que la pluralité des voix sont permises au sein de l’Alliance», confie un des membres de l’équipe dirigeante. Les mots sont choisis, le ton mesuré, mais derrière cette façade de calme, la vigilance reste de mise. Chaque geste, chaque question parlementaire, sont interprétés, voire sur-interprétés.

Le mardi 9 décembre, l’Assemblée nationale a été le théâtre d’échanges vifs  après une question de la députée travailliste à la ministre de l’Égalité des genres, sur la gestion de la Résidence Florida Child Day Care Centre,. La députée a dénoncé des manquements graves, accusant un responsable du centre d’avoir provoqué de «gros fracas». Les réactions dans l’hémicycle ont été immédiates, certaines teintées de scepticisme, d’autres de désapprobation. La tension n’était pas uniquement liée à la gravité des accusations

Le Deputy Prime Minister, Paul Bérenger, est intervenu et la Speaker, Shirin Aumeeruddy‑Cziffra, a rappelé la nécessité de preuves concrètes et de débats fondés, exhortant Stéphanie Anquetil à se concentrer sur l’objectif réel de sa question soulignant que l’Assemblée n’était pas un lieu pour des allégations sans étayage. La ministre concernée a, elle aussi, exigé la présentation de preuves avant toute action disciplinaire ou judiciaire, insistant sur les difficultés héritées à son arrivée en octobre 2024, et sur les manquements graves observés dans plusieurs centres accueillant des enfants vulnérables.

Suivi strict et transparent

Dans l’hémicycle, le vendredi 12 décembre, la ministre a annoncé la création d’un nouveau board du National Children’s Council et d’un comité incluant des représentants des enfants, assurant un suivi strict et transparent. Suite aux échanges houleux du 9 décembre, Stéphanie Anquetil a, quant à elle, maintenu sa position affirmant que son intervention vise à protéger les enfants et à faire respecter les droits de ceux qui «n’ont pas de voix». La Speaker a réitéré son rôle d’arbitre impartial et a invité les députés à concentrer leurs interventions sur les enjeux de fond, soulignant la nécessité de preuves tangibles pour toute accusation grave.

Tout devrait, donc, rentrer dans l’ordre. Mais pour certains observateurs, la tempête n’est pas terminée. Un ancien du MMM n’est pas de cet avis : «La présence de Stéphanie Anquetil au sein du gouvernement va devenir un point de plus dans la liste des griefs de Paul Bérenger. Il est tenace, il est rancunier.» Avec les récents incidents, estime-t-il, la deuxième période de lune de miel est bel et bien finie : «C’était prévisible, après tout.» Du côté des Rouges, même si la prise de position officielle est de saluer la possibilité de s’exprimer - ou du moins, d’essayer –, l’attitude de Paul Bérenger agace : «Il s’est senti obligé de défendre sa ministre envers quelqu’une qui fait partie de sa propre équipe ? C’est comme un own goal, non ? Bon, chacun ses méthodes», lance un die-hard rouge qui ne fait plus de la politique active.

Reste à savoir quelle sera la marche à suivre de Navin Ramgoolam. Osera-t-il recadrer Stéphanie Anquetil, fidèle parmi les fidèles, pour plaire à son partenaire d’alliance ? Ou alors, laissera-t-il passer la vague, sans intervenir en sachant pertinemment qu’elle reviendra, plus forte? L’option de mettre les points sur les i avec le leader du MMM n’est, elle, pas envisageable. Pour un des proches du Premier ministre, cela est un non-event : «S’il devait intervenir pour toute querelle, il n’en finirait pas. Ça fait partie du quotidien d’une alliance. Inutile d’en faire un tam-tam.»

Alors le bateau peut tanguer, laisse-t-il entendre, mais il continue sa traversée…

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