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9 juillet 2025 17:54
Il y a des endroits où l’on revient comme on ouvre un vieux carnet de souvenirs. Bambous fait partie de ceux-là. En 2022, nous y étions pour une balade dans ses ruelles animées, entre commerces, stades et ce parfum de village qui a tout d’une petite ville. En 2023, c’est à Cité La Ferme que notre incursion s’était arrêtée, au cœur d’un relogement marquant pour des familles longtemps oubliées. Et en ce mois de juin 2025, c’est à nouveau Bambous qui appelle notre regard. Cette fois, pour une campagne de nettoyage et d’embellissement, lancée du 12 au 14 juin par le District Council de Rivière-Noire et le Village Council, avec la participation du ministère de l’Environnement. Au programme : plantation d’arbres, peinture murale, animations par les enfants et, surtout, un appel fort à la responsabilité environnementale. Ce n’est plus seulement un coup de balai, mais une volonté de souffler du vert dans les artères d’un village en pleine expansion. À travers les témoignages d’habitants et de commerçants, on découvre un Bambous qui veut respirer, grandir propre et rayonner autrement. Prêts pour une virée verte ? Immersion en images.
En ce temps hivernal, le vent souffle sur Bambous… et plutôt fort. C’est depuis le salon de coiffure Golden que Priscilla Armand nous lance : «Sa divan for la sorti parti kot Laferm !» Mariée à un habitant de Bambous, elle vit désormais à Henrietta mais revient ici pour le travail. «Bambous enn vilaz korek mais les fléaux font partie du paysage. C’est devenu dangereux. Linn vinn pir !» Pour elle, cette campagne de nettoyage est essentielle : «La propreté dans une société joue un grand rôle, surtout pour les enfants. Certaines personnes brûlent leurs déchets, même ceux en plastique… tout ça, c’est toxique pour la santé. Un séjour à Rodrigues m’a marquée car là-bas, l’environnement est propre et la culture du respect de la nature est exemplaire. En été, l’odeur qui sort de La Chaumière est insupportable», confie-t-elle, en compagnie de son fils Djeck venu se faire couper les cheveux pour ses 12 ans ce lundi.
Près du terrain de foot de Bambous, Alain Zizi, assis avec un ami, partage son vécu : «Mo finn viv isi 20 an… nou pa mank nanie ! Il y a le dispensaire, le supermarché, tout. Malheureusement, avec le temps et la venue d’autres habitants, les déchets ont augmenté. Heureusement, les éboueurs passent deux fois par semaine. Il est très important de ramasser ses ordures et de les jeter au bon endroit pour une île plus durable.»
Dans l’incontournable boutique de Misie Kung Fu, Diana Bon fait ses achats. Elle a emménagé récemment. «Bambous est tranquille, on s’y habitue vite. Mo pa ti mem konn sa kanpagn netwayaz-la. Les activités ont eu lieu plus bas dans le village. Ma mère, qui habite La Valette, se plaint souvent des saletés. J’espère que le tri des déchets deviendra une habitude. Nou bizin sanz nou mentalite !»
Près du supermarché Winners, Rajesh Devdass aide son ami à vendre des fruits. «J’ai grandi ici. À l’époque, il n’y avait pas tout ce qu’on entend aujourd’hui. La drogue a envahi nos rues à 100 %. Longtemps, on pouvait aller à Port-Louis sans même fermer la porte à clé. Zordi ou pe dormi, voler pe kokin ou feray dan lakour !» lance-t-il. Il salue l’initiative de la campagne de nettoyage : «Elle fait du bien au village. Mais trois jours, ce n’est pas suffisant pour toute la localité. Par exemple, regardez là-bas : quelqu’un est venu poser un sofa sur le bord de la route. Il y a aussi le côté de Cité La Ferme, qui n’a pas eu droit à ce nettoyage. Le tri est essentiel, c’est un moyen de faciliter le travail de ceux qui bossent dans l’ombre, malgré les risques de blessure et d’infection. Il faut respecter ces éboueurs et leur rendre la tâche plus simple. À part dans la cour du supermarché, il n’y a même pas de poubelle pour les déchets en plastique», lance l’habitant, qui n’a pas souhaité être photographié.
Vers un Bambous plus vert, et au-delà…
Lancée à Bambous, cette campagne pilote de trois jours vise à renforcer la responsabilité environnementale à l’échelle locale. Portée par les autorités régionales et le ministère de l’Environnement, elle s’inscrit dans une stratégie plus large : généraliser le tri des déchets à travers l’île, introduire des bacs de tri colorés dans les foyers et sensibiliser dès les plus jeunes à l’écologie du quotidien. D’autres actions sont prévues dans d’autres villages au fil des mois.
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