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10 mai 2025 19:38
Ils étaient 150 000 personnes venues saluer le premier pape américain de l'histoire, Robert Francis Prevost, ce jeudi 8 mai, à la place Saint-Pierre en Italie. Leur quadricolore en main, Yvonnette César et Anaz Rosun racontent cette belle expérience sur place...
Il y a eu de l’émotion, des yeux larmoyants, des acclamations et une grande ferveur. Il est 19h23 à Rome en Italie en ce jeudi 8 mai (21h23 à Maurice), quand le cardinal Robert Francis Prevost, âgé de 69 ans, connu maintenant comme le pape Léon XIV apparaît au balcon de la basilique Saint-Pierre. C’est sous des applaudissements, des «viva il Papa» sans oublier ceux qui criaient son nom «Leon, Leon», qu’il salue alors la foule cosmopolite rassemblée sur l’immense place qui attendait ce moment depuis que le conclave avait commencé le mercredi 7 mai en vue de l’élection du 267e pape, qui succède ainsi au défunt pape François, décédé le 21 avril.
Comme un seul homme, toute la foule s’est alors mise à vibrer à l’unisson, les yeux tournés vers le nouveau chef de l’Église catholique. Sur les visages : de grands sourires, car tous sont alors conscients qu’ils sont en train de vivre un grand moment. Dans cette nuée de personnes : des croyants, des non-croyants, des Italiens mais aussi des fidèles du monde entier. Entre les mouvements de bras pour saluer le nouveau saint-père, ceux qui donnaient de la voix pour exprimer leur joie, certains ont aussi fièrement fait flotter les couleurs de leur pays d’origine pour souligner leur présence. Il y avait ainsi des drapeaux du Canada, des États-Unis d’où est originaire le nouveau pape, ou encore celui de Maurice, entre autres. En effet, le quadricolore était bien visible dans la foule en liesse, lors des différents directs sur les chaînes KTO, Vatican Media ou encore sur les plateformes des médias en ligne, qui relayaient cet événement suivi par le monde entier, marquant ainsi la présence de compatriotes parmi toutes les nationalités venues être témoins de l’élection du successeur du pape François, qui pendant son pontificat, à travers sa visite en septembre 2019, avait tissé un lien avec les Mauriciens.
Entre un premier jour de conclave le mercredi qui n’avait pas abouti à un vote concluant, la journée de ce jeudi a été intense pour les fidèles qui avaient fait le déplacement aux abords du Vatican sous un soleil brillant de mille feux. Après la diffusion, une nouvelle fois, de la fumée noire dans la matinée, traduisant que deux nouveaux tours de vote des cardinaux n’avaient pas été concluants, le quatrième tour devait créer la surprise avec la diffusion de la fameuse fumée blanche très attendue. Il était un peu plus de 18 heures à Rome quand la nouvelle qu’un nouveau pape avait été élu a commencé à se répandre. À la place Saint-Pierre, un frémissement a parcouru la foule alors qu’un sentiment de joie devait envahir les cœurs. La clameur est montée d’un cran, la foule s’est épaissie et les cloches de la basilique Saint-Pierre se sont mises à sonner à toute volée. Une atmosphère de fête s’est alors installée dans les environs du Vatican.
L’ambiance était joyeuse mais l’impatience se faisait aussi sentir. Puis, il y a eu le fameux «Habemus Papam» qui a résonné, rendant l’information de l’élection d’un nouveau souverain pontife officielle, l’annonce de l’identité du nouveau pape par le cardinal protodiacre, le Français Dominique Mamberti, et finalement, l’apparition de Léon XIV, sans oublier ses premiers mots à l’assistance : «La paix soit avec vous. La main dans la main, allons de l’avant. Aidez-vous les uns les autres à construire des ponts par le dialogue. Je voudrais moi aussi que cette salutation de paix entre dans vos cœurs, qu’elle parvienne à vos familles, à tous les hommes, où qu’ils soient, à tous les peuples, à la terre entière.»
Ce moment est ancré dans le cœur et dans la tête d’Yvonette César. Pour rien au monde, après avoir vécu le décès et les funérailles du pape François, qu’elle suivait avec beaucoup d’attention, elle n’aurait raté ce moment de découvrir le visage du nouveau pape. Installée à Rome, la Mauricienne n’a bien évidemment pas hésité à se déplacer à la place Saint-Pierre et vivre «ce moment béni et unique», en communion avec d’autres personnes dans la foi et la prière et aussi pour se créer un beau souvenir autour de l’annonce de l’identité du 267e pape. «Je suis à la place du Vatican. Il y a tellement de monde que c’est difficile de circuler. J’ai été envahie par une très grande émotion», devait nous confier Yvonnette alors qu’elle se trouvait encore à la place Saint-Pierre et que le nouveau pape venait de se présenter devant les fidèles. Son quadricolore en main, qu’elle a agité fièrement à la place Saint-Pierre, a été sa façon à elle de montrer que Maurice accueillait avec joie l’élection du nouveau pape. «Au mois de juin, cela fera 48 ans que je vis à Rome. J’ai vu cinq papes et j’ai toujours été au Vatican pour l’annonce de l’élection d’un nouveau pape ces dernières années et pour le successeur du pape François, je me devais d’être là», nous raconte notre compatriote qui avait ses favoris parmi les prétendants au titre de pape et, comme beaucoup, ne s’attendait pas à ce que ce soit le cardinal Robert Francis Prevost qui devienne le nouvel évêque de Rome. «Que dire : ça a été vraiment une grande surprise. L’ambiance sur place était très spéciale. Il y avait énormément de gens…», poursuit la Mauricienne qui, bien évidemment, va suivre le nouveau pape. «Attendons voir ce qu’il va faire, son approche et comment il va travailler. Il s’est présenté comme un pape pour la paix. On sait tous ce qui se passe actuellement dans le monde et lui, il prône la paix et c’est une bonne chose», ajoute la Mauricienne qui se dit très émue d’avoir vécu en direct la présentation d’un nouveau pape.
Comme elle, Anaz Rosun a elle aussi, son quadricolore en main, vécu intensément ce moment. «Je me trouvais à la place Saint-Pierre avec ma sœur. On ressentait une grande joie dans la foule. J’ai vécu intensément ce moment…», nous dit Anaz en nous racontant cette parenthèse spéciale qu’elle a savourée tout en faisant virevolter son quadricolore dans le paysage de la place Saint-Pierre. «Je souhaite au pape Léon XIV d’avoir un bon pontificat», lâche Anaz, qui va définitivement suivre de près les premiers pas du nouveau pape.
Une autre compatriote qui vit en Italie, Mildred Prodano, n’a elle aussi pas raté toute l’actualité qui a rythmé Rome depuis le décès du pape François. «Je souhaite au successeur du pape François qu’il emmène de l’avant le super travail de papa Francesco ces derniers 12 ans», nous confie la Mauricienne qui, ce jeudi, avait comme beaucoup de monde les yeux tournés vers la place Saint-Pierre qui a vibré d’émotion, sous des acclamations et dans une grande ferveur.
Le nouveau souverain pontife sous les feux des projecteurs
Quel genre de pape sera-t-il ? Quels seront sa touche, son style, son approche ? Prônera-t-il la continuité ou la rupture ? Depuis son élection, le pape Léon XIV, le chef spirituel de quelque 1,4 milliard de catholiques, se retrouve bien évidemment sous les feux des projecteurs et au centre de toutes les attentions. Chacun de ses mots et chacune de ses prises de position seront ainsi analysés, car tous veulent voir la direction qu’il donnera à l’Église ou s’il aura un côté moderne comme l’a été le pape François durant son pontificat. Depuis son élection, on dit ainsi de Léon XIV, le premier pape nord-américain, avec son profil tout en modération, qu’il incarne une Église humble, connectée et pastorale.
Le cardinal américain, Mgr Robert Francis Prevost, est né à Chicago le 14 septembre 1955. Son père Louis Marius Prevost, éducateur, est d’origine française et italienne, et sa mère Mildred Martínez, bibliothécaire, est d’origine espagnole. Celui qui est décrit comme une personne discrète, presque timide, a deux frères, Louis Martín et John Joseph.
En grandissant, il a eu un riche parcours entre missions au Pérou, responsabilités à la tête de l’Ordre de Saint-Augustin et hautes fonctions au Vatican. Polyglotte, canoniste et homme de dialogue, il a décroché d’un bachelor en mathématiques de l’université Villanova, près de Philadelphie, en 1977. Il a prononcé ses premiers vœux en 1978, sa profession solennelle en 1981, et a été nommé cardinal en 2023, avant d’accéder à la tête du dicastère pour les évêques.
Ce 8 mai, il a été élu pape et, pour beaucoup, il s’engagera dans une continuité assumée, aligné sur la vision et la manière de faire de son prédécesseur, notamment dans l’attention portée aux périphéries, son franc-parler pastoral, sa position sur l’accueil des personnes migrantes ou encore sur le changement climatique.
De nombreux défis attendent le nouveau souverain pontife : la place des femmes et des laïcs au sein de l’Église, l’éthique sexuelle, les finances vaticanes, la crise des abus ou encore la diplomatie internationale, entre autres.
Comme dans plusieurs pays, à Maurice aussi, les attentes sont grandes par rapport aux futures actions ou prises de position du pape Léon XIV. Charlène Lafolle, enseignante, voit en lui un futur artisan de paix : «L’Église catholique est une institution planétaire dont le message spirituel a une vocation universelle. L’élection d’un nouveau pape est donc un événement rassembleur, et même œcuménique. Je souhaite au nouveau pape, Léon XIV, un pontificat porteur de paix, de dialogue et d’espérance. Dans un monde marqué par les conflits, les divisions et la souffrance humaine, je vois en ce nouveau pape un possible artisan de paix et un bâtisseur de ponts. J’espère et je prie que le pape Léon XIV contribuera à mettre fin à la souffrance du peuple palestinien à Gaza, arrêter la guerre en Ukraine, apaiser les tensions entre le Pakistan et l’Inde et promouvoir le dialogue interreligieux, le respect mutuel et la solidarité mondiale», nous dit l’habitante de Curepipe qui espère aussi que le nouveau saint-père continuera le travail entamé par le pape François. «Je souhaite qu’il continue le travail déjà entamé sur l’écologie, la place de la femme, mais surtout avoir ce regard d’amour sur les laissés-pour-compte de la société.»
L’héritage de «papa Francesco» est également un sujet cher à Ryan Ah Seek, vice-président du Collectif Arc-en-ciel, engagé pour le bien-être de la communauté LGBTQIA+ à Maurice. Il espère voir le nouveau souverain pontife marcher dans les pas de son prédécesseur. «Je félicite le pape Léon XIV pour son élection. J’espère qu’il considérera aussi la cause et la communauté LGBTQIA+, parce que cette communauté existe. Le pape François a été un modèle et j’espère que le nouveau pape va suivre le même chemin. J’espère aussi qu’il encouragera les décideurs politiques dans le monde à prôner la paix, parce que la situation actuelle dans le monde fait peur…», nous dit Ryan Ah Seek, qui, comme beaucoup de personnes actuellement, attend de voir quel genre de pape sera Léon XIV.
Il a dit…
«Dieu aime tout le monde. Le mal ne prévaudra pas. Nous sommes tous dans les mains de Dieu. Sans peur, tous unis, main dans la main, avec Dieu, et parmi nous, allons de l’avant.»
«Être un bon pasteur signifie pouvoir marcher aux côtés du peuple de Dieu et vivre près de lui, ne pas être isolé.»
«Lorsque nous continuons à marcher avec le Christ, en communion les uns avec les autres, dans cette amitié avec le Seigneur et en comprenant combien il est grand d’avoir reçu ce don, les vocations viennent.»
«Si nous apprenons à mieux vivre notre foi, à inviter et à en inclure d’autres dans la vie de l’Église, surtout les jeunes, certaines vocations viendront encore à nous.»
Quand le monde salue le nouveau pape
Les réactions pleuvent depuis que le nom et le visage du 267e pape ont été dévoilés. Le président américain, Donald Trump, n’a pas caché sa joie et a tout de suite félicité le nouveau souverain pontife. «Quelle excitation et quel grand honneur pour notre pays», a-t-il lâché tout en se disant «impatient» de rencontrer le nouveau chef de l’Église catholique.
Cette élection a aussi été saluée du côté de l’Espagne. «Puisse son pontificat contribuer à renforcer le dialogue et la défense des droits humains dans un monde qui a besoin d’espoir et d’unité», a souligné le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez. Emmanuel Macron, le président de la France, s’est aussi exprimé sur le sujet et a plaidé pour que le «nouveau pontificat soit porteur de paix et d’espérance». Volodymyr Zelensky, le président de l’Ukraine, n’a pas non plus manqué d’adresser quelques mots en l’honneur du nouveau chef du Vatican : «L’Ukraine apprécie profondément la position constante du Saint-Siège en faveur du respect du droit international, en condamnant l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et en protégeant les droits des civils innocents.»
Le dimanche du Bon Pasteur dédié au pape Léon XIV
C’est une invitation à prier pour le Saint-père. Ce dimanche 11 mai, quatrième dimanche de Pâques, connu comme le dimanche du Bon Pasteur, l’Église catholique célèbre la 62e journée de prière pour les vocations – prêtres, religieux, religieuses et laïcs. «À cette occasion, au cours d’une messe à 13h30 à l’église Saint-Patrick, Rose-Hill, monseigneur Jean Michaël Durhône, évêque de Port-Louis, lancera officiellement la campagne de levée de fonds annuelle pour encourager les vocations et soutenir plus concrètement le financement des études des neuf séminaristes mauriciens – en formation en vue du presbytérat – présents à Maurice et à l’étranger», annoncent les responsables de l’organisation. Au cours de cette célébration, et cela en ce dimanche du Bon Pasteur, les fidèles mauriciens sont invités à prier aux intentions du nouvel évêque de Rome, connu également comme «Pasteur des pasteurs».
Réactions…
Le cardinal Maurice Piat depuis Rome
«Nous accueillons avec joie notre nouveau pape Léon XIV. C’est un homme que j’ai eu l’occasion de rencontrer durant les congrégations. Il a un accueil très simple, fraternel et attentif à ceux qui, comme moi, étaient un peu perdus dans cette grande assemblée de cardinaux. C’est un homme posé, qui parle – on sent – avec beaucoup de profondeur. Il parle plusieurs langues. C’est un homme, je suis sûr, qui pourra être attentif à l’ensemble de l’Église d’aujourd’hui.»
Mgr Jean Michaël Durhône, évêque de Port-Louis
«J’accueille dans la foi et l’espérance le pape Léon XIV, ce pape que nous donne le Seigneur. Son élection, en 24 heures, a été rapide. Elle témoigne d’un consensus entre les cardinaux qui ont voté et est signe que c’est l’homme dont l’Église a besoin. J’ai été touché par sa citation de saint Augustin : «Avec vous, je suis chrétien et pour vous, évêque.» Avec simplicité et humilité, il nous dit que nous sommes tous des baptisés et que nous recevons ensuite une mission. Ce nouveau pape a choisi de s’inscrire dans la continuité de Léon XIII, qui est venu avec un enseignement social au moment de la grande révolution industrielle de la fin du XIXe siècle. Il a aussi été missionnaire au Pérou durant 20 ans. Cela nous montre un homme qui a cette sensibilité pour se laisser toucher par les pauvres. Je sens en lui un homme de paix, un homme en paix.»
Dharam Gokhool, président de la République
«Sa Sainteté assume les responsabilités sacrées de la papauté à un moment où l’humanité est confrontée à de multiples défis pour la paix, l’unité et l’harmonie mondiales. Alors que Sa Sainteté entame sa noble mission au service de Dieu, puisse son leadership spirituel nous inspirer tous à nous unir et à défendre les valeurs communes de l’humanité.»
Navin Ramgoolam, Premier ministre
«À une époque de défis sans précédent où l’ordre mondial est menacé par l’incertitude et marqué par les conflits, nous sommes encouragés par le fait que vos toutes premières paroles papales appellent à la fraternité, au dialogue, à la responsabilité et à la paix. Nous sommes profondément réconfortés par votre engagement à œuvrer pour une société mondiale plus équitable en accordant une importance particulière au sort des moins fortunés de notre monde. Vous représentez le pont dont nous avons urgemment besoin pour nous conduire vers un monde meilleur.»
En attendant la messe d’inauguration du pontificat de Léon XIV le 18 mai
Au lendemain de son élection comme pape, le souverain pontife a célébré ce vendredi 9 mai sa première messe avec les cardinaux dans la chapelle Sixtine, au Vatican. Dans son homélie, il a attiré l’attention sur les «nombreux contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, où l’on préfère le pouvoir, l’argent et le plaisir». La messe d’inauguration du pontificat de Léon XIV aura lieu le 18 mai. De nombreuses personnalités du monde entier sont attendues à cet événement.
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