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Par Yvonne Stephen
20 mai 2025 09:11
Se sentir bien au boulot. Épanoui.e, entendu.e, écouté.e, reconnu.e, correctement rémunéré.e…Ah, on vous entend hurler ; zot bann vander rev ! Si le travail ce n’est pas toujours la santé (mentale) et que post-Covid l’entreprise est devenue un univers – encore plus – impitoyable, il existe une mouvance vers la rétention des talents et, donc, vers le mieux-être de l’employé.e. D’ailleurs, le ministre du Travail, Reza Uteem, l’a reconnu : il y a du…travail à faire (voir ci-contre). Alors que le mois de mai est le mois de la sensibilisation à la santé mentale, il est essentiel d’évoquer cette espace (qui s’explique physiquement, mentalement et psychologiquement) qui occupe une bonne partie de vos journées (voire de vos vies) ; le taf, le job, le pie douri.
Un espace qui peut vous apporter le meilleur et le moins bon. Comme l’explique Anjum Heera Durgahee, psychologue clinicienne, MQA Approved Trainer pour des ateliers sur la santé mentale en entreprises : «Le lieu de travail peut être une source de satisfaction et d’épanouissement personnel, mais il peut aussi engendrer du stress, de l’épuisement professionnel (burn out), de l’anxiété, voire des troubles dépressifs. Les longues heures, les objectifs irréalistes, un manque de reconnaissance ou une mauvaise ambiance peuvent altérer profondément la santé mentale des employés. Ces facteurs, lorsqu’ils sont ignorés, entraînent une augmentation de l’absentéisme, un taux de rotation élevé, et une baisse de performance.»
C’est pour cela qu’elle parle de de l’«enjeu majeur» qu’est devenue la considération de la santé mentale dans l’univers du travail : «Dans un monde professionnel en constante évolution, la santé mentale au travail est devenue un enjeu majeur. Trop longtemps négligée, elle influence pourtant de manière directe la productivité, la satisfaction professionnelle, l’engagement des employés.es et la pérennité des entreprises. Mettre le bien-être mental au cœur des priorités d’une organisation n’est plus un luxe, mais une nécessité.» Pour notre interlocutrice, il est grand temps de faire les choses différemment (et bien !). Un message qu’elle adresse aux entreprises : «En ce mois de sensibilisation à la santé mentale, il est essentiel de briser le tabou autour de la santé mentale et d’investir dans le bien-être psychologique de vos employés.es Ce n’est pas seulement un acte de bienveillance : c’est une stratégie intelligente, humaine et durable. Une entreprise ne peut fonctionner efficacement que si ses collaborateurs.trices sont mentalement bien, motivés.es et soutenus.es.»
**Comment les entreprises peuvent s’y prendre ? **
«C’est créer un environnement où chacun.e se sent écouté.e, respecté.e et soutenu.e. C’est aussi mettre en place une culture de communication ouverte, former les managers à la reconnaissance des signes de détresse psychologique, encourager un équilibre sain entre vie professionnelle et vie personnelle, donner l’accès à des ressources psychologiques, des ateliers de gestion du stress ainsi qu’une culture d’entreprise basée sur l’écoute et le respect. Investir dans la santé mentale, c’est investir dans l’avenir de votre entreprise. Une entreprise qui prend soin de la santé mentale de ses collaborateurs.trices construit une équipe plus résiliente, plus créative, et plus engagée. Parce qu’un.e employé.e heureux.se est un.e employé.e performant.e, engageons-nous ensemble pour une entreprise mentalement saine.»
**Pourquoi est-ce important d’investir ? **
Amélioration de la productivité. «Des employés.es en bonne santé mentale sont plus concentrés.es, plus créatifs.ves et plus performants.es. Ils.elles prennent de meilleures décisions et gèrent plus efficacement leur temps et leur charge de travail.»
Réduction de l’absentéisme et du turnover. «Le stress chronique, l’épuisement professionnel et l’anxiété sont parmi les principales causes d’absences prolongées. En favorisant un environnement sain, l’entreprise limite les coûts liés à l’absentéisme et au recrutement de nouveaux.lles employés.es.»
Renforcement de l’engagement et de la loyauté. «Un.e salarié.e qui se sent écouté.e, respecté.e et soutenu.e est plus fidèle à son entreprise. Il.elle développe un plus grand sentiment d’appartenance et s’implique davantage dans son travail.»
Amélioration de l’image de marque. «Les entreprises qui valorisent la santé mentale renforcent leur réputation et attirent plus facilement les talents. Elles se distinguent comme des employeurs responsables, modernes et soucieux du bien-être de leurs collaborateurs.trices.»
Prévention des conflits et amélioration du climat de travail. «Un esprit sain favorise des relations professionnelles plus harmonieuses. Moins de tensions, plus de collaboration et une meilleure communication : autant de bénéfices concrets pour le fonctionnement quotidien.»
Pour vous. Yes you can ! Oui, vous pouvez faire des modifications pour vous sentir mieux au travail, pour mieux équilibrer votre vie personnelle et votre vie professionnelle. La psychologue en dit plus :
Délimitez vos horaires de travail. «Évitez de répondre aux appels ou e-mails professionnels en dehors des heures prévues. Apprenez à vous ''déconnecter'' une fois la journée terminée.»
Prenez des pauses régulières. «Même de courtes pauses peuvent aider à diminuer le stress et à améliorer la concentration.»
Planifiez du temps pour vous. «Consacrez du temps à des activités qui vous ressourcent : lecture, sport, méditation, loisirs créatifs, entre autres.»
Apprenez à dire non. «Il est important de connaître vos limites et de ne pas accepter plus de responsabilités que vous ne pouvez en gérer.»
Demandez de l’aide si nécessaire. «N’attendez pas d’être au bord du burn out pour parler à un collègue, un supérieur ou un professionnel de la santé mentale.»
Ça va bouger ?
C’est, du moins, c’est ce qu’a annoncé le ministre du Travail et des Relations industrielles, Reza Uteem. Lors de l’Assemblée Générale de la Financial Services Commission Staff Union (FSCSU), il a évoqué la question de la santé mentale au travail et a fait un appel pour le changement. Pour une prise en compte et en considération du bien-être des employés.es. Le ministre a parlé du burn out et de la détresse psychologique Pas mal, non ? Mais dans les faits ça donne quoi ? «Aujourd’hui, rien dans la loi n’oblige un employeur à s’occuper de la santé mentale de ses employés. Il est temps d’y remédier», a-t-il lancé, annonçant la couleur. Il envisage une réforme sur les conditions de travail à Maurice. Horaires plus flexibles (avec une semaine de 40 heures), accès au soutien psychologique, conditions en entreprises plus humaines avec une redéfinition des normes de bien-être au travail (avec mise en place d’un cadre juridique), entre autres, seraient au programme : «Je souhaite créer une culture d’entreprise où la santé mentale n’est pas une préoccupation secondaire, mais une responsabilité essentielle. Les employés doivent être soutenus, non seulement pour être plus productifs, mais aussi pour mener une vie épanouissante.»
Une étude, des réponses
780 Mauriciens.nes interrogés.es sur leur rapport au travail. Et cela donne des données intéressantes sur lesquelles il fait bon s’appesantir. Cette étude stratégique a été réalisée par Analysis Kantar et a abordé plusieurs thèmes tels que la satisfaction au travail, l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée et la façon dont les employés.es vivent avec l’autorité. Pour les hommes de 50 ans ou plus, comprend-on, le pourcentage de satisfaction est bon ; d’ailleurs ce sont eux qui font les règles, précise Anouchka Sooriamoorty, philosophe, qui s’est exprimée lors de la conférence de présentation de cette étude. Néanmoins, il est précisé que cette génération serait moins encline à parler de santé mentale. Pour les jeunes (25 ans - 34 ans) et pour les femmes, c’est un peu plus compliqué ! Trouver sa place, se faire entendre, voir, comprendre, et être reconnu.e ; ce n’est pas toujours facile. La question de la rémunération est liée, également, à la note de satisfaction ; ceux.celles qui sont contents.es de leur salaire, se disent bien dans leur job. 1/3 des Mauriciens.nes interrogés.es estiment ne pas recevoir une rémunération adéquate.
Vous pouvez la contacter
Membre de l’Allied Health Professionals Council of Mauritius (AHPC), Anjum Heera Durgahee est psychologue clinicienne. Elle offre des consultations privées à Curepipe. Vous pouvez la contacter au numéro suivant : 5794 1339.
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