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1 décembre 2025 15:56
Huit ans après la mort de Dilan Éléonore, la justice reste en suspens. Face aux acquittements, aux lenteurs et aux zones d’ombre, son père Elvis refuse de renoncer : il exige la réouverture du dossier et presse les autorités mauriciennes et malgaches d’agir, déterminé à faire éclater la vérité.
Depuis son réveil aux aurores en ce mardi 25 novembre, il a le moral à zéro. Son mal-être habituel est exacerbé, ce jour-là, car cela fait huit ans, jour pour jour, que son fils Dilan est décédé tragiquement. Huit années d’une douleur indescriptible, d’un vide immense, d’une tristesse qui ne s’atténue jamais. Huit années à chercher des réponses, à espérer, à se battre, alors que la justice, elle, se fait toujours attendre. Sa peine est terrible, profonde, et malgré le temps qui passe et le soutien qu'il reçoit, il n’a jamais pu faire son deuil. Comment faire son deuil lorsque la mort de son enfant reste entourée d’ombres, de doutes, de silences et d’incompréhensions ?
Comment tourner la page quand la vérité n’a toujours pas été dite ? se demande sans cesse Elvis Éléonore. Il s'accroche toutefois à des lueurs d'espoir. «Je tiens à exprimer toute ma gratitude envers l’Attorney General Gavin Glover et le ministre des Affaires étrangères Ritesh Ramphul, qui m’ont assuré de leur soutien dans cette quête de justice. Leur parole et leur engagement sont pour moi des bouffées d’espoir dans une lutte qui me semble parfois interminable. Le Dr Satish Boolell, lui aussi, m’accompagne dans ce combat», confie Elvis Éléonore. Et depuis le premier jour, son avocat Assad Peeroo marche également à ses côtés, sans relâche.
Onze personnes, dont cinq Mauriciens, avaient été arrêtées et traduites devant la justice pour l'agression mortelle de Dilan Éléonore, mais ils ont été acquittés devant la justice malgache en août dernier au bénéfice du doute. Mais le doute n’efface pas une mort. Le doute ne console pas un père. Le doute n’est pas la vérité. «Le gouvernement mauricien m’a promis de s’adresser au nouveau gouvernement malgache pour demander la réouverture de l’enquête sur l’assassinat de mon fils. J’attends encore», précise-t-il. L’habitant de Plaisance souhaite également que le gouvernement mauricien entame les démarches afin que les cinq accusés mauriciens dans cette affaire soient interrogés par la police locale. Et il demande à ce qu’un accord de Mutual Legal Assistance soit conclu au plus vite.
Cinq Mauriciens accusés
Cela fait désormais huit ans qu’il se bat. Huit ans qu’il demande que justice soit rendue. «J’ai confiance que le nouveau gouvernement en place depuis un an saura faire avancer ce dossier, afin que je puisse enfin trouver la paix. La mort de mon fils ne doit pas rester impunie. Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle s’il le faut. Je ne baisserai jamais les bras. J’ai également confiance dans le nouveau gouvernement malgache, désormais dirigé par le colonel Michael Randrianirina.»
Au moment du drame, Dilan avait 22 ans et travaillait comme barman sur un navire de croisière. Il était allé à Antsirabe pour rendre visite à sa maman, employée dans une grande compagnie textile de la ville. Les cinq Mauriciens cités dans l’affaire se trouvaient également dans la Grande Île au moment des faits. Trois d’entre eux travaillaient dans la même compagnie que sa mère ; les deux autres dans une entreprise différente.
Dans un premier temps, les autorités malgaches avaient déclaré que le jeune Mauricien était mort dans un accident. Mais aucune autopsie n’avait été pratiquée et, plus intrigant encore, la cause du décès sur le certificat officiel était une maladie non-transmissible. Une autopsie avait ensuite été pratiquée à Maurice par le Dr Boolell, ancien médecin légiste de la police, et avait conclu que le jeune homme avait succombé à un violent coup à la tête. Il y avait également d’autres blessures sur son corps.
«Je suis prêt à fournir toutes les informations nécessaires aux enquêteurs mauriciens. Je l’ai déjà fait au CCID dans le passé. Le dossier avait ensuite été envoyé à la MCIT, mais je n’ai jamais su ce qu’il en est advenu. D’après mes informations, la police locale attend le feu vert de la Mutual Legal Assistance pour avancer. Je compte beaucoup sur Gavin Glover et Ritesh Ramphul, depuis ma rencontre avec eux le mois dernier, pour que l’enquête reprenne enfin. Je souhaite plus que jamais rencontrer le Premier ministre pour lui exprimer ma peine, ma souffrance, ma détresse depuis ce terrible malheur», confie encore Elvis Éléonore.
«Pourquoi faut-il autant de temps pour élucider un crime ?» se demande sans cesse l’habitant de Plaisance. Il se dit prêt à se rendre à Madagascar à ses frais si nécessaire. Il attend le retour des autorités malgaches, déjà officiellement sollicitées pour la réouverture du dossier. Huit ans après, sa douleur reste intacte. Son amour pour Dilan est immense. Et son combat continue. Une messe en la mémoire de son fils sera célébrée le samedi 6 décembre, à 16 heures, en l’église Notre-Dame-de-Lourdes, à Rose-Hill.
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