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Mauritian Wildlife Foundation

Enter Dr Mohamed Eshan Dulloo comme président

29 mars 2025

Une nouvelle tête à la tête de l’ONG qui œuvre pour la préservation de la biodiversité à Maurice et ses alentours. Après Tim Taylor, c’est désormais le Dr Mohamed Eshan Dulloo qui préside la Mauritian Wildlife Foundation (MWF). Il nous parle de sa vision des choses et des défis qui l’attendent.

Vous êtes maintenant à la tête de la MWF, quels sont, pour vous, les dossiers prioritaires ?

Avant tout, nous devons consolider les acquis. La force de la MWF réside dans son partenariat de longue date avec des instituts de recherche de pointe dans le domaine de la conservation de la nature et de la faune sauvage. Nous devons poursuivre et renforcer ce consortium de recherche. Notre succès a été rendu possible grâce à une collaboration étroite avec nos partenaires nationaux, notamment les autorités gouvernementales en charge de la conservation à Maurice, ainsi qu’avec le secteur privé et des partenaires internationaux. De plus, de nombreuses autres organisations sont désormais impliquées dans la conservation de la nature. Nous devons également redoubler d’efforts pour rendre la MWF plus attractive et plus sûre, afin d’attirer de jeunes défenseurs de l’environnement et de sensibiliser le public – en particulier les jeunes des écoles et des universités – à l’importance de la conservation et au respect de la nature.

Comment se porte, selon vous, la préservation de la biodiversité dans le monde ?

Très mauvaise. De nombreux rapports publiés ces dernières années montrent que la biodiversité mondiale est en crise, avec une diminution de près de 70 % des populations d’animaux sauvages, plus d’un million d’espèces végétales et animales en danger imminent d’extinction, ainsi que des variétés locales de cultures et des races locales (y compris leurs parents sauvages) menacées d’érosion génétique. Cette érosion est fondamentale pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle mondiale.

Et à Maurice ?

De nombreux projets ont été réalisés à Maurice et à Rodrigues en termes de restauration écologique de certains petits îlots, comme l’île aux Aigrettes, l’île Ronde et divers habitats du continent. Des travaux de conservation d’espèces ont également été menés sur la crécerelle de Maurice, le pigeon rose, le cateau vert de Maurice et d’autres oiseaux endémiques, réalisés non seulement par la MWF, mais aussi avec le soutien du NPCS. Des progrès ont également été accomplis dans la conservation des plantes grâce à la restauration des écosystèmes, mais la conservation d’espèces végétales endémiques spécifiques reste limitée en raison du manque de connaissances biologiques sur ces plantes, d’où la nécessité d’entreprendre davantage de recherches. Les résultats positifs mentionnés sont fragiles et pourraient rapidement décliner si les efforts passés ne sont pas consolidés.

Pensez-vous, d’ailleurs, que les Mauriciens ont une conscience écologique ? Sinon, que faire pour l’éveiller ?

J’ai quitté l’île Maurice en 1999 pour poursuivre ma carrière à l’étranger et je suis revenu en 2016. J’ai été agréablement surpris par la sensibilisation des Mauriciens à l’écologie, comparé aux années 80 et 90. Cependant, en pratique, hormis quelques excellentes initiatives menées par le gouvernement et des ONG, on constate peu de changements de comportement de la part de la majorité de la population envers la nature, la faune et la flore sauvages. La pollution des îlots et des plages, les décharges sauvages ainsi que la pollution sonore en sont autant d’exemples, et ces phénomènes ont des impacts néfastes sur la faune et la flore, tant terrestres que marines. Il reste beaucoup à faire pour sensibiliser davantage la population au respect de la nature et pour qu’elle comprenne les conséquences de ses actions sur l’environnement. Des politiques doivent être mises en œuvre pour répondre à ces enjeux, mais leur application doit être effective afin d’avoir un impact significatif.

Qui est-il ?

Mohamed Eshan Dulloo détient un doctorat en Conservation Biology de l’Université de Birmingham en Angleterre et possède près de 40 ans d’expérience dans la conservation de la biodiversité et de l’agro-biodiversité. Il a occupé des postes tels que Senior Policy Officer et Plants Conservation Manager à la World Bank GEF Biodiversity Restoration Project à Maurice, et a également été Assistant Conservator of Forest au ministère de l’Agro-industrie. En novembre 2024, le Crop Trust, qui œuvre pour la sécurité alimentaire à travers le monde, a nommé Eshan Dulloo – actuellement Emeritus à l’Alliance of Bioversity International and CIAT – pour rejoindre son Hall of Seed Heroes, en reconnaissance de sa contribution dans ce domaine. Entre tant d’autres choses…

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