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Par Yvonne Stephen
16 janvier 2025 13:59
Une claque. En pleine face. Mais avec des mots. Des mots durs, des mots sans bienveillance. Des mots qui humilient, qui mettent à terre. Il y a ces gestes aussi, ces attitudes qui blessent, qui ne sont pas faits avec gentillesse, respect. Au boulot, en famille ou ailleurs, il vous est sûrement arrivé de vous retrouver face à des personnes qui avaient décidé de vous rabaisser. Cela peut arriver une fois, de façon anecdotique. Ou alors faire partie d’un pattern (si c’est le cas, n’hésitez pas à consulter un.e professionnel.le de la santé mentale/ à contacter vos ressources humaines ou à aller voir la police si vous estimez que cela s’avère nécéssaire). Nous ne traiterons pas ici des cas les plus grave, ceux qui frisent le harcèlement. Nous parlerons de ces accrocs du quotidien qui blessent l’âme et l’amour-propre. De ces situations tendues qui rendent les relations avec les autres tendues et suffocantes. De ces moments où, blessé.e, vous vous réfugiez dans le rejet, la colère et les désirs de répliquer, de faire souffrir. C’est Meenakshi qui nous demande d’en parler. Elle aimerait faire face à ces moments difficiles sans tomber dans les émotions négatives et les envies de vengeance ; consultez son témoignage plus loin. Et jetez un coup d’œil aux pistes disponibles pour mieux gérer.
«Ces émotions m’empoisonnent.» Meenakshi, 52 ans, évoque des situations qui font naître en elle des sentiments qu’elle a du mal à vivre : «Je ne suis pas forcément quelqu’une de posée ou de discrète, j’ai mes opinions et je hold my space, comme on dit. Mais j’ai réalisé que j’ai une faiblesse qui m’empoisonne la vie ; je ne sais pas comment réagir quand quelqu’un.e me manque de respect. Je me sens prise au dépourvu et, ensuite, j’ai en moi une colère incroyable que je n’arrive pas à contrôler. J’ai envie de vengeance et j’ai de la haine… Ces émotions m’empoisonnent la vie et je n’arrive pas à m’en défaire. Je me demandais s’il n’y avait pas un meilleur moyen de faire face à ce genre de situations.»
Vous avez le droit. Les spécialistes le disent ; vous avez le droit de ressentir de la colère face à ce genre de situations où vous tombez sur des gens qui vous manquent de respect, qui ne vous appréhendent avec bienveillance et gentillesse. C’est un bon système d’alarme pour vous dire un message : «Ep ! Ena enn zafer pa korek la !» En quelques secondes, après la première réaction digérée, il est possible que vous pensiez en termes vengeance, en mode «kouma mo pou fer li peye» ! Néanmoins, il serait possible de voir les choses différemment et cela pourrait préserver votre santé mentale.
Comment s’y prendre ? En s’inspirant du travail de chercheurs.es ! Ils.elles doivent bien avoir une bonne idée dans leur escarcelle. Des scientifiques de l’Instituto Universitário de Lisboa peuvent vous donner des pistes. Ils.elles ont publié les résultats de leur recherche dans le Journal of Occupational and Organizational Psychology. Bon, leur conclusion va vous donner à réfléchir. Ce n’est pas une méga découverte, mais cela vous permettra, certainement, de vous recentrer sur l’essentiel : le pardon ! Oui, c’est aussi compliqué que ça : «Le pardon permet de surmonter les pensées et les émotions débilitantes résultant d’une blessure interpersonnelle», a expliqué Susan Krauss Whitbourne, psychologue clinicienne, pour Psychology Today. Par contre, les envies de vengeance nourrissent les conséquences négatives qui viennent d’une humiliation. Et ces nuages noirs sont nombreux lorsque vous vous êtes senti.e rabaissé.e par quelqu’un.e. Les chercheurs.es en parlent et cela est explicité dans le magazine Psychologies : «Les chercheurs ont recruté un échantillon de 229 employés, âgés en moyenne de 36 ans, qui ont répondu à des enquêtes trois fois sur une période d’un mois. Les chercheurs les ont interrogés sur la manière dont ils étaient rabaissés et s’ils les avaient pardonnés. Par ailleurs, l’affect négatif, à savoir comment ils se sentaient émotionnellement (peur, nervosité, irritabilité, hostilité, contrariété, détresse) a été mesuré. Ainsi que les conséquences somatiques, c’est-à-dire les conséquences physiques (problèmes de sommeil, maux de tête, maux de dos, fatigue, manque d’énergie).» Rien de bien joyeux !
Le pardon mais… Ce n’est pas toujours facile ! C’est souvent un chemin à prendre, un travail sur soi et sur sa vision de l’autre. Si vous avez du mal à y arriver du premier coup, vous pouvez suivre les tips de Passeport Santé. Pensez à relativiser : «Tout le monde passe par des moments d’humiliation, de remise en question de sa confiance en soi, de son amour-propre. Pour le vérifier et vous sentir moins seul(e), parlez-en à quelques personnes autour de vous. Vous verrez que tout le monde vit des épisodes similaires. Si vous ne trouvez pas d’oreille suffisamment attentive, n’hésitez pas à en parler à un psychologue afin de verbaliser plus profondément votre ressenti.» L’humiliation ne vous définit pas, ne l’oubliez pas. Alors n’abandonnez pas, avancez. Prenez du recul, de la hauteur. Pensez à vos forces, à vos réalisations.
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