Publicité

Agression mortelle de Vishnu Vencatachellum, 59 ans, sur son lieu de travail - Padee, sa femme : «Nou pa pou res trankil tan ki nou pa kone ki finn ariv li»

26 août 2022

Ce qui devait être une journée de célébrations pour cette petite famille a fini par virer au cauchemar. Le lundi 15 août, jour de la fête de l’Assomption, Narainsamy Vencatachellum (photo), plus connu sous le nom de Vishnu, avait dû quitter les siens très tôt le matin pour se rendre au travail. Il était gardien au Waste Water Treatment Plant de St-Martin, un poste qu’il avait décroché il y a tout juste deux mois. «Il devait rentrer aux alentours de 16h30. J’avais préparé deux gâteaux ; un pour la fête de l’Assomption et l’autre pour l’anniversaire de notre chien. Je voulais qu’il soit là pour que nous puissions célébrer tous ensemble», confie Anjeely, sa benjamine. Malheureusement, cette journée a pris une tournure tragique.

 

Il était environ 14 heures lorsque la police a débarqué au domicile de la victime, à Roches-Brunes. «Ils nous ont demandé s’ils étaient à la bonne adresse et comment nous étions parentés, avant de nous annoncer que quelque chose de grave était arrivé à Vishnu», lâche Padee, son épouse. Ces moments douloureux tournent en boucle dans sa tête. Alors que l’enquête venait de démarrer, les policiers avaient annoncé à sa famille que «li finn zet so lekor dan enn basin dan St-Martin». Padee ne comprenait pas comment une telle chose avait pu lui arriver. «Il était sorti dans la matinée, en pleine forme, et quelques heures plus tard, voilà qu’on m’annonçait que j’étais veuve. Mo mem dernye dimounn ki ti koz ar li avan li ale. Mo ti dir li pa bliye so mask, so portab, lerla li finn ale. Ala mo al gagn move sirpriz.»

 

L’alerte avait été donnée à la mi-journée, lorsqu’un collègue de Vishnu Vencatachellum, également gardien, a sollicité les services de police. Une fois sur place, les enquêteurs de la Western Division l’ont trouvé gisant inerte sur le sol, en position allongée sur le dos, près de la power control room, à côté d’un bassin. Il avait le visage en sang et d’importantes blessures à la tête. Il avait déjà rendu l’âme.

 

Soumis à un feu roulant de questions, l’autre gardien des lieux a expliqué à la police qu’il avait laissé la victime seule un moment pour aller réchauffer son repas, avant de le retrouver inconscient et dans un sale état à son retour. Si la carte d’identité et la carte bancaire de Vishnu Vencatachellum ont été retrouvées sur lui, son argent et son cellulaire ont disparu. C’est la raison pour laquelle la thèse de l’acte malveillant a été établie. «Li ti inposib ki linn zis glise parski li ti bien blese. So lizie ti gonfle. Bizin kone kot la verite-la ete. Nou pe trouv sa bien drol. Nou pou al de lavan avek sa. Nou pa pou res trankil tan ki nou pa kone ki finn ariv li», lâche Padee.

 

Vishnu Vencatachellum, marié depuis bientôt 31 ans, avait deux filles et un fils, ainsi qu’une petite-fille de 2 ans qu’il adorait. Avant de décrocher ce poste de gardien au Waste Water Treatment Plant de St-Martin, il a longtemps travaillé comme vigile dans plusieurs commerces, notamment à Port-Louis et Rose-Hill. «Il avait eu quelques soucis au travail et c’est la raison pour laquelle il avait changé de métier. Il disait souvent qu’il ne s’y plaisait pas et comptait sur un ami pour lui trouver un poste comme vigile dans un supermarché», lâche sa fille Anjeely.

 

En effet, ses proches ne cachent pas qu’auparavant, Vishnu Vencatachellum était un peu porté sur la bouteille. Mais il avait repris sa vie en main, précise-t-il, après avoir changé d’emploi. Le 4 octobre, il allait célébrer ses 60 ans, un événement que ses proches attendaient avec impatience. «Mo ti fini met dan mo latet ki mo mem pou fer so gato. Mo mama ti pou prepar enn manze pou li», s’attriste sa benjamine. 

 

D’après son entourage, Vishnu Vencatachellum était quelqu’un de bien, pas du genre à chercher les ennuis : «Tous nos voisins et amis l’appréciaient ; ils ont tous été vraiment choqués d’apprendre son décès.» Travailleur et débrouillard, il ne tenait jamais en place, soutiennent ses proches. «Kan li konze, li netway la kour, li plante, li piose. Li okip lakaz bien. Il effectuait des travaux lui-même à la maison à chaque fois qu’il jugeait que c’était nécessaire.» Véritable papa gâteau, «pa ti ena enn zafer ki nou ti pe rode ki li pa ti pe aste. Li ti pe bien gat nou», raconte Anjeely. Anéantie, Padee, pour sa part, lâche : «Sak fwa mo pe bizin rod enn distraksion pou kapav bliye seki finn pase me mo pa pe kapav.»

 

À ce stade de l’enquête, la brigade criminelle de la Western Division penche pour un vol ayant mal tourné, d’autant que les lieux seraient très fréquentés par des toxicomanes. L’autopsie, pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, a attribué son décès à une fracture du cou et à une hémorragie cérébrale, renforçant cette thèse. D’autres gardiens ont aussi été interrogés dans le cadre de cette affaire. L’enquête suit son cours.

 

Les funérailles de Vishnu Vencatachellum ont eu lieu le mardi 16 août. Il a rejoint sa dernière demeure sans avoir pu concrétiser son plus grand projet : rénover sa maison avec l’aide de son fils.

Publicité