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Négligence médicale alléguée | Sadasiven Sawmynaden : «Ma compagne a été déclarée morte alors qu’elle respirait toujours»

24 juillet 2017

Geneviève Chinapiah, Joëlle Henry et Sadasiven Sawminaden montrent du doigt le service hospitalier.

Il est dans une confusion totale. Il y a de quoi. Alors que sa compagne Pierrette Armoogum, 29 ans, était considérée comme morte, des proches qui la préparaient pour son lit de mort ont constaté qu’elle respirait toujours. Elle a même ouvert les yeux, avant d’être à nouveau déclarée morte un peu plus tard. «Un médecin a déclaré ma compagne morte alors qu’elle respirait toujours», lâche Sadasiven Sawmynaden, 34 ans. Son épouse, affectueusement surnommée Gaya et mère de quatre enfants, était enceinte de cinq mois et demi et avait développé plusieurs complications avant de succomber. Mais, outre l’heure de la mort, il y a contradiction sur la cause du décès. 

 

Sur le premier death certificate signé d’un médecin de l’hôpital de Candos, on lit qu’elle est morte des suites d’une méningite. Or, le rapport d’autopsie, fait après son «second» décès, indique qu’elle est décédée suivant une «cardiac failure». Pour Sadasiven, il n’y a pas de doute : sa compagne a été victime d’une grosse négligence médicale. Il a consigné une déposition au poste de police de sa localité à cet effet.

 

Sadasiven explique, qu’avant son décès, son épouse avait fait plusieurs va-et-vient à l’hôpital en l’espace de deux mois. «Elle avait des douleurs à la tête», dit-il. La dernière fois qu’il l’a vue, c’était le lundi 17 juillet au moment des visites. «J’avais pris un pain kebab pour elle. Elle a adoré. J’ai eu le choc de ma vie, lorsqu’on m’a appelé le lendemain vers 5h15, pour m’annoncer son décès.»

 

La personne au bout du fil l’a informé, dit-il, que sa compagne avait fait une fausse couche avant de décéder à son tour. «Lorsque je suis arrivé, le personnel soignant l’avait déjà placée sur un trolley. Un médecin m’a remis un certificat de décès. J’ai signé une fiche avant de prendre possession de son corps», raconte Sadasiven. 

 

Il affirme qu’il y avait une mare de sang sous le lit de sa compagne et que le drap qui la recouvrait en était maculé. «Zot inn remet mwa so lekor koum sa mem. An plis, mo fam ti dir mwa zot pa ti pe bien okip li akoz li seropozitif», confie Sadasiven, lui aussi séropositif. Le couple bénéficiait d’une aide sociale en raison de sa maladie. 

 

Sadasiven arrive chez lui vers 7 heures avec la dépouille de sa compagne, à bord du 4x4 de son frère. Sur place, quatre femmes s’occupent de donner le dernier bain à la jeune maman. Au moment de l’habiller, c’est le choc. Elles constatent que Pierrette respire toujours. Joëlle Henry, une voisine, était parmi elles. «On était comme deux sœurs. Je m’étais fait un devoir de la rendre coquette avant de lui dire adieu. Mais elle a poussé un soupir lorsqu’on l’a retournée pour l’habiller. Nous avons tout de suite mis un miroir devant son nez et sa bouche. Il y avait la buée. Nous avons crié et couru dans tous les sens lorsqu’elle a ouvert les yeux et fixé le plafond.»

 

Geneviève Chinapiah, une cousine de Sadasiven, était également présente : «Linn fixe plafon pandan enn bon bout letan avan li kit nou. So lizie inn koumans ferme enn tigit. Ziska ler nou pa krwar sekinn arive. Zot ti pou koup li vivan si ti fer lotopsi.»

 

La première réaction de Sadasiven, dit-il, a été de saisir la main de sa compagne pour prendre son pouls : «Son cœur battait lentement. D’autres personnes ont fait le même constat. J’ai alors fait appel au SAMU et à la police. Ma compagne est restée allongée, les yeux ouverts pendant près d’une heure avant de nous quitter pour de vrai vers 10h25. La police est arrivée vers 11h30. L’ambulance peu après.»

 

Le personnel du SAMU n’a pu, dit-il, que constater le décès. Un médecin du privé avait également fait le déplacement à la demande des proches. Et là, il a déclaré que Pierrette avait rendu l’âme, il y a 45 minutes, alors que le médecin du SAMU affirmait le contraire. «Le médecin du privé a fait son constat en présence de deux policiers de Floréal. Et je le cite dans ma déposition», souligne Sadasiven.

 

Le corps est alors ramené à l’hôpital pour une autopsie. Sur place, Sadasiven rencontre le surintendant de l’établissement pour lui faire part de ses griefs. «Monn dir li ki mo fam inn victim enn neglizans», s’insurge Sadasiven. Il s’élève aussi contre le fait que l’autopsie n’a été pratiquée que le lendemain.

 

Par-dessus tout, l’homme regrette de n’avoir pas écouté son fils. «Il m’avait accompagné à l’hôpital et m’avait dit que le ventre de sa mère bougeait mais je ne l’ai pas cru. J’ai alors recouvert le visage de ma compagne avec une couverture pour ne pas le traumatiser davantage. Si seulement je l’avais écouté… Peut-être que Pierrette serait encore en vie.»

 

Les funérailles de la jeune femme ont finalement eu lieu dans l’après-midi du jeudi 20 juillet. Elle laisse derrière elle quatre enfants : Gaëlle, 14 ans, Mathew, 13 ans, Naëlle, 5 ans, et Abigaëlle, 4 ans. Tous pleurent amèrement leur mère chérie.

 


 

Le ministère de la Santé confirme le «premier» décès

 

Le ministère de la Santé est catégorique : Pierrette (Gaya) Armoogum a rendu l’âme avant 5 heures, le mercredi 19 juillet. L’autopsie le confirme, selon un préposé dudit ministère. Notre source ne souhaite pas nous en dire plus pour ne pas pervertir le cours de l’enquête policière. Une source à l’hôpital de Candos confirme aussi que la jeune femme avait déjà rendu l’âme lorsque sa famille a pris possession de sa dépouille. La famille a été avisée vers 5 heures et ce, après que le personnel hospitalier a eu la certitude qu’elle était déjà morte. Il peut arriver, dit notre interlocuteur, qu’un cadavre ait une réaction pendant le processus de décomposition. C’est ce qui, selon lui, est arrivé à Pierrette Armoogum.

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