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Saga MIC - Apavou Hotels

Folle semaine pour Padayachy et Seegolam

12 avril 2025

L'histoire complexe autour d'une malversation présumée entre la Mauritius Investment Corporation et Apavou Hotels a connu encore des rebondissements durant la semaine avec, notamment, l'arrestation de l'ancien ministre de Finances. Tout un feuilleton.

Encore une fois, une semaine un peu folle au triangle de Réduit. Les choses se sont accélérées dès le mardi 9 avril dans le cadre de l’affaire de malversation présumée de Rs 300 millions au préjudice de la Mauritius Investment Corporation (MIC) et bénéficiant à Apavou Hotels (voir hors-texte) avec le rachat de 70% des actions de l’Hôtel Ambre par la MIC pour une somme de Rs 2,1 milliards, mais avec une somme de Rs 2,4 milliards qui aurait finalement été décaissée. 

Une affaire de malversation qui a vu l’interpellation, l’arrestation et la libération sous caution d’un grand nombre de protagonistes, notamment Jitendra Bissessur, ex-CEO de la MIC, qui a été libéré sous caution mardi après une détention de plusieurs jours. Bissessur, qui aurait fait des allégations, ce même mardi, contre l’ancien ministre des Finances, parlant d’ingérence et de pression de la part Renganaden Padayachy concernant ce dossier. 

Padayachy et l’ex-Gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, ont été placés en état d’arrestation le lendemain. Les deux étaient arrivés au siège de la FCC plus tôt, dans la soirée de mercredi, pour leur interrogatoire. On apprendra plus tard qu'Harvesh Seegolam, défendu par Me Roshi Badhain, a fait beaucoup d’allégations dans cette affaire. Selon lui, l’ancien ministre des Finances lui aurait proposé Rs 5 millions pour conclure le deal de Rs 2,4 milliards tournant autour du rachat de 70% des actions de l’Hôtel Ambre. Toutes ces allégations de parts et d’autres ont été rejetées par Padayachy. On apprendra aussi, dans l’express, que Seegolam aurait fait part des pressions de l’ex-ministre des Finances à l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth, ce que ce dernier aurait nié. 

Le jeudi 10 avril, Harvesh Seegolam a finalement obtenu la liberté conditionnelle après avoir payé deux cautions de Rs 300 000 et signé une reconnaissance de dettes de Rs 5 millions. Pendant ce temps, Padayachy était, lui, de retour à la FCC pour être interrogé à nouveau, avant de comparaître en cour. Finalement, pas de remise en liberté pour Padayachy : il devra rester en cellule jusqu’au jeudi 17 avril. Et ce samedi 12 avril, il était de retour à la la FCC pour être encore interrogé. Un interrogatoire qui a duré de longues heures, en attendant sa prochaine comparution en cour, prévue pour ce lundi 14 avril.

Pravind Jugnauth à la FCC : son avocat parle «d’allégations»

L’ancien Premier ministre a gardé le silence. Encore une fois. Ce vendredi 11 avril, Pravind Jugnauth était attendu dans les locaux de la Financial Crimes Commission (FCC) dans le cadre de l’affaire de blanchiment d’argent allégué de Rs 114 millions contenues dans des valises. Valises que Pravind Jugnauth aurait confiées à l’homme d’affaires Josian Deelawon. C’est en tout cas ce qu'allègue ce dernier. L’ancien chef du gouvernement n’a donc pas voulu faire de commentaires. Son avocat, Raouf Gulbul, a, lui, rappelé qu’il ne s’agissait que d’allégations.

**MIC : pour rebooster l’économie **

La Mauritius Investment Corporation (MIC) est créée post-Covid par le gouvernement MSM. L’objectif : soutenir les entreprises locales afin de relancer l’économie. Investir et accompagner ; c’est sa mission. «The Mauritius Investment Corporation Ltd has disbursed a total of MUR 56,834 million to 60 entities as at 30 September 2024», peut-on lire sur le site web de la Corporation. La MIC, dont le Conseil d’administration est, alors, dirigé par Jitendra Bissessur, appartient à la Banque de Maurice. Cette entité a déjà fait les gros titres avec l’affaire Menlo Park/Pulse Analytics. Désormais, il est question du rachat de l’Hôtel Ambre. Dans les deux affaires, il est question de transactions (surfacturation, commission inexpliquée, entre autres) qui auraient porté préjudice à la MIC.

Renganaden Padayachy : parcours express

Il est de ces histoires qui inspirent… Avant de prendre des tournures moins glorieuses. L’ancien ministre des Finances Renganaden Padayachy a passé ses premiers jours en détention, cette semaine. Il est accusé de conspiration pour détourner les fonds publics. Pourtant, avant l’argent, le pouvoir et la reconnaissance, il y avait de la détermination et une folle envie de réussir dans le cœur de Kishen (c’est ainsi que ses proches le surnomment). Enfance à Bel-Air, études secondaires au John Kennedy et envol pour la France pour tracer sa route dans l’univers de l’économie ; deux Masters dans ce domaine et une thèse doctorale sur la pauvreté à l’île Maurice. Celui qui a fêté ses 54 ans en février y fait sa vie, se marie avec une Française, puis rentre au pays. Chief Economist à la MCCI, First Deputy Governor de la BOM et Chairman de la FSC, il enchaîne les postes à responsabilité. En 2019, il est candidat à Savanne–Rivière-des-Anguilles pour le MSM ; les Mauriciens le découvrent sur le terrain, son phrasé travaillé en français et ses savat dodo. Élu, il est nommé ministre des Finances. Post-Covid, il est l’homme des mesures populistes, prompt à dégainer les allocations. Il ose, il convainc ; il est un socialiste ! Néanmoins, ses prises de décision inquiètent les autorités financières internationales. Mais pas que ; la mise en place de la CSG fait tiquer, l’utilisation des réserves de la BOM aussi, entre autres. Au niveau du gouvernement et des institutions étatiques, vers la fin du règne du MSM, on évoque son management… tentaculaire. Ses alliés diront plutôt de lui qu’il est brillant, qu’il a une vision.

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