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Franco Quirin n’est plus au MMM : les Mauves entre silence et… «choc»

2 février 2025

Alors que le parti parle d’auto-exclusion, le principal concerné n’est pas de cet avis.

Les anciens camarades du député du n° 20 préfèrent ne pas parler de ce départ-exclusion qui secoue le cœur même du parti.

Le sujet est délicat. Presque tabou. Que Franco Quirin ne fasse plus partie du MMM, il ne faut pas en parler. Même les plus loquaces des Mauves préfèrent éviter de se prononcer. «C’est un choc, oui. Mais ça ne sert à rien de commenter», confie l’un d’eux. Deven Nagalingum, ministre des Sports, égratigné par le député de Beau-Bassin–Petite-Rivière (circonscription n° 20) concernant ses compétences dans le domaine dans une interview donnée à Week-End, se retrouve avare d’opinion. «Pas de commentaire», lance-t-il poli. Lui qui s’occupe du dossier dont Franco Quirin avait la responsabilité avant et pendant la campagne s’est préparé à ne pas répondre aux interrogations de la presse. Cette délicatesse présagerait-elle d’un retour à de meilleurs sentiments ? Car ce départ-exclusion pe bav dan minn (suite à un historique 60-0 et une promesse de sanzman) selon des jeunes membres du MMM. À voir.

Au n° 20, pour l’instant, cette rupture – ou cette exclusion par le bureau politique, comme le principal concerné a décrit cette étape de sa carrière politique – est vécue comme un traumatisme. Les proches de Franco Quirin sont tombés des nues, la liesse de la victoire du 11 novembre est retombée ; l’affront est trop grand. «Tou sa travay linn travay- la ek fer sa ar li ? Li vremem inzis», confie une de ses mandantes, qui lance que «linn perdi tou akoz bann rezon kominal». C’est la raison avancée par certains.es qui estiment que Franco Quirin a été sacrifié à l’autel des calculs propres aux politiques.

Notre interlocutrice rappelle que Franco Quirin n’a jamais trahi et qu’il est resté, malgré tout, malgré la longue traversée du désert, comme beaucoup d’électeurs.trices du MMM : «Sa ki pou nou rekonpans la ? Sa tretman la ?» Paul Bérenger, qui a confirmé l’expulsion de Franco Quirin, ne s’est pas appesanti sur ces ressentis, comme à son habitude. Pour lui, le député avait pris ses distances en ne participant pas aux activités du MMM. C’est pour cela que son poste de vice-président lui avait été retiré et confié à Joanna Bérenger. Ses propos dans la presse – lui qui disait ne plus «avoir de feeling», qui s’interrogeait sur le concept de méritocratie – avaient du mal à passer, …

Au Parlement, ce mardi 4 février, pour la reprise des travaux, il siégera en indépendant (du côté de l’opposition). C’est Rajesh Bhagwan, son colistier et secrétaire général du MMM qui a écrit à la Speaker de l’Assemblée nationale, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, pour l’informer que Franco Quirin ne fait plus partie du MMM. Ce sitting arrangement ne veut pas pour autant dire que le député a rejoint Joe Lesjongard et Adrien Duval. Franco Quirin l’a rappelé ; il n’a aucun contact avec l’opposition et maintient son soutien à l’Alliance du Changement. Il espère œuvrer comme backbencher du gouvernement. Une position qui trouve grâce dans le cœur des Mauves, selon un membre du MMM : «Gardons espoir. Il y a, peut-être, quelque chose à sauver. Les colères peuvent s’apaiser.»

Pour cela, affirme-t-il, Franco Quirin et Paul Bérenger doivent trouver la voie du compromis et de l’apaisement : «C’est encore possible. Franco Quirin est une valeur sûre, un politicien que les jeunes du parti respectent. Il doit penser plus loin, plus grand.» Il se pourrait que ce week-end tout soit mis en œuvre pour une opération rabibochage de dernière minute. Néanmoins, ce n’est pas une opinion partagée par tous.tes : «En politique, on évite les moods, les coups de chaud, si on veut avancer, il faut garder la tête froide (surtout quand on n’est pas leader !), c’est ce que n’a pas compris Franco Quirin. La loyauté ne va que dans un sens, il a dû l’oublier. Paul Bérenger fait rarement marche arrière, surtout pas à cet âge, alors…», explique un ancien du MMM, qui connaît bien le leader. Et qui sait, qu’au final, Paul Bérenger n’avait ni le choix, ni «la force» pour aller contre «certaines volontés» : «Il est vainqueur mais pas majoritaire, donc, forcément vaincu même dans la victoire.» Mais là, c’est un sujet délicat. Tabou, presque !

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