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31 mai 2025 21:03
À 100 ans, Nilatee Ullagoo, alias Appaye, impressionne par sa vivacité, son humour et sa mémoire intacte. Le dimanche 25 mai, jour de la fête des Mères, elle a célébré un siècle de vie entourée de cinq générations. Toujours autonome, passionnée de lecture et fidèle à son journal 5-Plus, elle partage son regard sur le temps qui passe… et un précieux message de sagesse.
Ce matin-là, à Rose-Belle, nous ne pensions pas que la dame qui s’installait avec aisance dans le salon, sourire aux lèvres, était notre centenaire. À 100 ans, Nilatee marche sans aide, entend très bien et affiche une énergie qui force le respect. «Ti mank ou tousel pou mo laniverser !» lance-t-elle, taquine, en nous accueillant. Dans le salon familial, plusieurs générations sont réunies : sa fille Devegi, son petit-fils Ijaven, sa belle-petite-fille Varuna. Une scène pleine de chaleur, comme une photo de famille vivante.
Née le 25 mai 1925 à Curepipe, Nilatee, une demoiselle Peroumal, est l’aînée d’une fratrie de 13 enfants. «Mon papa était tailleur. Ma grand-mère vendait des gâteaux delwil. On vivait tous ensemble, soudés. Mo ti pas mo letan ar mo granmer. Lavi lontan ti enn lavi an fami.» Elle fréquente l’école des Sœurs en face de l’église Sainte-Thérèse, mais quitte l’école à 13 ans. Deux ans plus tard, elle se marie. «Pa ti ena frekantasion sa lepok-la. Kan gagn demann, ou bizin marye.» Avec Dorsamy, disparu en 1993, elle a eu six enfants – dont deux vivent aujourd’hui en Angleterre –, sept petits-enfants, sept arrière-petits-enfants et déjà deux arrière-arrière-petits-enfants.
Elle n’a jamais travaillé, mais a mené une vie active entre la couture, la cuisine, la prière et le kovil. «Mo ti kwi gran-gran manze pou bann fet dan kovil! Mo kontan masala bien for, mo rougay pwason sale, me mo pa manz laviann.» À l’écouter parler, on sent une mémoire vive, mais aussi une lucidité sur l’époque actuelle. «Beaucoup de vieux vivent seuls ou sont abandonnés. Lontan pa ti ena sa. Mo trouv dan zournal ki ena boukou vie dimounn ki pa kapav viv ar zot bann zanfan. Sa fleo ladrog-la, li fer per. Mo trouve ki pe pase dan pei. Mo dir momem… pa fasil pou sa bann fami-la. Ou pou dir zot pran kouraz osi, me li pa sifizan!» Elle a toujours suivi de près l’actualité et se souvient encore de la guerre de 1945, racontée dans les journaux de l’époque. Aujourd’hui, c’est, entre autres, à travers 5-Plus dimanche, dont elle est fan, qu’elle continue de s’informer : *«Tou le dimans, mo bizin mo zournal 5-Plus depi 7 er! Mo pran enn semenn pou lir tou. Mo kontan bann faits divers.» *
Durant notre visite, un appel permet à sa fille Kamla Pamben, installée en Angleterre depuis 1968, de se joindre à l’échange. Sa voix posée résonne dans le salon et fait sourire doucement Appaye, attentive à chaque mot. «Maman est une femme forte, droite, qui nous a élevés avec discipline et amour. Même si elle n’a pas fait beaucoup d’études, elle tenait à l’éducation. Elle ne mâchait pas ses mots quand quelque chose ne lui plaisait pas.» Kamla, qui revient chaque année à Maurice, n’a pas pu faire le déplacement cette fois-ci, mais elle a suivi l’anniversaire via la vidéo. «Ce que je souhaite à tous les enfants, c’est de respecter et soutenir leurs parents. Vieillir ne veut pas dire perdre sa valeur. Elle mérite d’être honorée. J’espère que maman vivra encore longtemps et surtout, qu’elle ne souffre pas. Elle a de la chance, toute sa famille vit autour d’elle.»
Quand on lui demande le secret de ses 100 ans, Nilatee reste simple. Elle tient à son autonomie, refuse d’être dépendante. «Mo pa kone si ena enn sekre. Mo ena enn lavi sinp. Mo demann Bondie toulezour pa fer mwa vinn enn fardo pou mo bann zanfan.» Et elle conclut, dans un sourire : «Viv bien ek tou zot fami !»
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