Publicité
14 février 2025 20:33
Les États-Unis ont finalement suspendu pour un mois la mise en place de droits de douane de 25 % sur les produits mexicains et canadiens. C’est une actualité qui n’a pas manqué de susciter de vives réactions...
À peine revenu à la Maison-Blanche, Donald Trump déstabilise avec ses déclarations, ses décrets et ses actions. Car comme il l'avait annoncé durant sa campagne, le président américain a mis à exécution l’une de ses promesses électorales, avant de la suspendre pour un mois : imposer des droits de douane à l’encontre des trois pays.
En effet, deux semaines après son investiture, Trump avait annoncé que les importations en provenance du Canada et du Mexique allaient être frappées de droits de douane de 25 % et celles venant de Chine de 10 %, ce qui a suscité des inquiétudes pour le commerce international. Donald Trump devait lui-même reconnaître que ses concitoyens risquaient de «souffrir» par ricochet des lourds droits de douane en question, mais c'est selon lui le prix à payer pour un «nouvel âge d’or» aux États-Unis. «Ce sera le nouvel âge d'or pour les États-Unis ! Est-ce que cela va faire souffrir ? Oui, peut-être. Et peut-être pas. Mais nous allons rendre sa grandeur à l'Amérique et cela vaudra le prix qu'il faudra payer», devait-il souligner.
Du côté de la Chine, avec l’annonce que les États-Unis imposent depuis mardi, à minuit, 10 % de droits de douane aux produits chinois, le pays ciblé a annoncé des droits de douane de 15 % sur les importations de charbon et de gaz naturel liquéfié américaines. Les importations de véhicules seront aussi taxées. Cette menace de droits de douane, le président républicain l’a brandie plusieurs fois à l’encontre des trois pays qu’il accuse de ne pas lutter suffisamment contre le trafic de fentanyl et d’empêcher l’immigration illégale vers les États-Unis. Est-ce que Donald Trump est sérieux ? C’est une question que beaucoup se posent actuellement, suite aux nombreuses annonces du nouveau président des États-Unis. Il est à la tête de la plus grande puissance mondiale, mais plus que jamais, il est de plus en plus imprévisible. Pour certains observateurs politiques, menacer, intimider puis reculer, quand ceux avec qui ils négocient font des concessions, semble être une tactique du nouvel occupant de la Maison-Blanche alors que pour d’autres, ses retours en arrière feront dire de lui qu’on ne peut pas le prendre au sérieux.
En effet, ces derniers jours, les tarifs douaniers de 25 % décidés contre le Mexique et le Canada et qui devaient entrer en vigueur le mardi 4 février, n’ont toutefois pas été mis en œuvre, car ils ont été suspendus ce lundi 3 février pour au moins un mois, cela à la suite d’accords avec les dirigeants des voisins des États-Unis. Suivant la menace qui pesait, un premier accord avec le Mexique devait arriver. «Le Mexique renforcera immédiatement la frontière nord avec 10 000 membres de la garde nationale pour empêcher le trafic de drogue du Mexique vers les États-Unis, en particulier le fentanyl. Les États-Unis sont déterminés à œuvrer pour empêcher le trafic d’armes de grande puissance vers le Mexique. Les États-Unis suspendent les tarifs douaniers pendant un mois à partir de maintenant», a écrit, sur X, la présidente mexicaine Sheinbaum. Cet accord devait vite être confirmé par Donald Trump sur son réseau Truth Social : «Je me réjouis de participer à ces négociations avec la présidente Sheinbaum, alors que nous tentons de parvenir à un “accord” entre nos deux pays.»
Un sursis
Donald Trump accorde ainsi un sursis au Mexique, mais aussi au Canada. «Les droits de douane annoncés seront suspendus pendant une période de 30 jours afin de voir si un accord économique final avec le Canada peut être structuré», a aussi précisé Donald Trump sur son réseau Truth Social : «Le Canada a accepté de garantir que nous ayons une frontière nord sécurisée et de mettre enfin fin au fléau mortel de drogues comme le fentanyl qui se déverse dans notre pays.» Le premier ministre canadien Justin Trudeau s’est aussi prononcé sur le sujet. «On va nommer un Tsar responsable de la question du fentanyl, ajouter les cartels mexicains à la liste des entités terroristes (...) et lancer, avec les États-Unis, une force de frappe conjointe sur le crime organisé, le trafic de fentanyl et le blanchiment d’argent», a indiqué Justin Trudeau sur X. Cela représente un nouvel investissement de 200 millions de dollars canadiens, a-t-il précisé, et il a aussi parlé de la mise en œuvre d’un plan déjà annoncé depuis plusieurs semaines. Le pays doit consacrer 1,3 milliard de dollars pour renforcer la surveillance de sa frontière avec les États-Unis, notamment avec des hélicoptères.
Natacha Cangy, une Mauricienne installée au Canada, a, bien évidemment, suivi toute cette actualité. «L’annonce de Trump de l’imposition de 25% sur les droits de douane des produits canadiens le 1er février 2025 a été un coup de massue pour les Canadiens qui, pour beaucoup, l’ont vécu comme une grande trahison de la part de leur voisin des States. Les conséquences de cette imposition de 25% sur les produits d’exportation canadienne seraient une grave récession avec la perte de milliers d’emplois. Des liens très forts unissent les deux pays, qu’ils soient économiques, commerciaux ou politiques. Comme est inscrit sur le monument de l’arche de la paix à la frontière canadienne et américaine, "Children of a common mother", démontre bien l’ampleur de la relation qui unit ces deux immenses pays», nous confie notre compatriote qui insiste sur les liens historiques entre les deux pays.
«N’oublions pas également que le Canada est le premier allié des États-Unis et qu’ils ont fait deux guerres ensemble contre les Allemands. Et même si aujourd’hui les mesures de Trump ont été reportées d’un mois suite à l’engagement de Justin Trudeau de mettre en œuvre un plan frontalier d’envergure de 1,3 milliard pour contrer les cartels de drogue et le trafic de fentanyl, le mal est fait auprès des canadiens qui sont très amers», souligne Natacha Cangy en revenant sur ce sujet qui fait beaucoup de bruits. «Depuis que je suis au Canada, c’est la première fois que je vois l’hymne national américain être sifflé lors d’un match entre les Raptors de Toronto et les Los Angeles Clippers sur le sol canadien. Il y a des appels au boycott des produits américains dans les épiceries sur les réseaux sociaux et de nombreux Canadiens ont même annulé leurs vacances aux États-Unis. Cette guerre commerciale risque de laisser des séquelles sur les liens entre les deux pays, et cela, même peut-être après le départ de Trump dans quatre ans.»
Car en effet, à peine revenu à la Maison-Blanche, Donald Trump fait plus que jamais parler de lui avec ses déclarations, ses décrets et ses actions...
Publicité
Publicité
Publicité