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Par Sabine Azémia
29 septembre 2014 12:21
Quoi de mieux que de travailler avec notre alter ego ; de pouvoir à n’importe quel moment échanger nos points de vue concernant le travail. Néanmoins, ce qui est normal pour beaucoup de couples peut s’avérer être impensable pour d’autres. Passer ses journées et ses soirées avec l’être aimé peut aussi être propice aux conflits réguliers. En effet, nous ne savons plus à quel moment le travail s’arrête pour laisser place à l’amour. Il faut donc une bonne dose d’organisation, de patience et de conscience professionnelle pour arriver à faire la part des choses et concilier ces deux domaines si proches et pourtant si éloignés.
Nous sommes allés à la rencontre de certains couples mauriciens, qui ont démarré leur propre business et qui arrivent à concilier vie familiale et vie privée. Pour certains, avoir son épouse à ses côtés est une question de choix, pour d’autres de confiance.
Pour Dan et Baby Boodhoo, gérants du magasin Black and White Boutik, à Rose-Hill, «c’est un choix» fait il y a 26 ans déjà et dont ils sont fiers. «Il y a 26 ans, nous étions deux à travailler dans le magasin de ma sœur. C’est là que j’ai eu le déclic. Je me suis dit pourquoi ne pas lancer mon propre business», relate Dan Boodhoo. Chez la famille Boodhoo, le fait de travailler ensemble est quelque chose d’unique. «Nous ne sommes sous le contrôle de personne, nous nous retrouvons en famille, le magasin est comme une seconde maison pour nous», explique Dan Boodhoo.
Dan et Baby Boodhoo, gérants du magasin Black and White Boutik, n’obligent pas leurs trois fils à prendre le relais.
Toutefois, le couple admet qu’une des difficultés qu’il rencontre, c’est de ne pas pouvoir faire à dîner, surtout la cuisine mauricienne, qui demande des heures de préparation. «Nous devons souvent nous contenter de fast- food», lance Dan Boodhoo. Dans cette famille, les responsabilités sont partagées. «Quand je suis absent, ma femme assume parfaitement les responsabilités, elle sait comment jongler entre vie familiale et vie professionnelle», poursuit-il. Au magasin comme à la maison, Dan est celui qui s’occupe des décisions majeures. «L’essentiel, c’est d’être heureux», dit-il. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’oblige pas ses trois fils, âgés de 26, 18 et 14 ans, à prendre le relais. «Ils sont libres de leur choix», laisse-t-il entendre. «La raison qui nous a poussés à travailler en famille, c’est la confiance que nous avons l’un en l’autre, même si nos goûts sont souvent très différents. Il existe un certain challenge entre nous.»
Qui dit goûts différents dit aussi conflits éventuels. Certaines situations délicates peuvent avoir lieu telles qu’une dispute conjugale au travail ou une divergence d’opinion sur un dossier brûlant pendant le dîner à la maison. Pour ces couples, il faut pouvoir scinder les deux sphères, vie professionnelle et privée, afin de pouvoir définir ses limites et priorités. L’art de jongler entre vie conjugale et vie professionnelle, Milord et Joëlle Duval, du côté de Beau-Bassin, gérants de la bijouterie Alliage, le maîtrisent à la perfection.
«C’est par circonstance que nous nous sommes mis à bosser ensemble car les responsabilités demandent beaucoup de confiance», explique Milord. Pour eux, l’aventure a commencé il y a sept ans. «Passionnés de bijoux, nous avons choisi de lancer notre affaire car nous nous sentons plus libres en famille, d’autant plus que nous pouvons nous organiser selon notre style de vie», enchaîne-t-il. Selon Joëlle, l’autre avantage, c’est «le fait que nous pouvons passer plus de temps en famille». Mais il n’y a pas que des avantages, nous fait remarquer Milord. «Un jour sur sept, il y a quelques petits conflits. Mais tout finit par s’arranger», confie Milord.
Pour les Duval, gérants de la bijouterie Alliage, tout est une question de confiance.
Joëlle, qui a travaillé dans la communication, a plus de contact avec les clients tandis que Milord, qui était designer et chef d’atelier chez Arémo, s’occupe de la fabrication et production des bijoux. À la maison, le chef, c’est Joëlle. Milord, lui, règne en maître au travail et s’occupe de l’éducation de leur petite fille Elora, âgée de dix ans. Pour le couple, c’est une question de confiance. «Quand je fais des voyages, je sais que le magasin est entre de bonnes mains», déclare Milord. Ils arrivent toutefois à séparer famille et travail durant les fêtes. «Là, on s’occupe des convives et on oublie le travail.» Leur projet est d’agrandir l’atelier pour l’exportation et de lancer une autre boutique dans l’île.
Ce besoin d’indépendance évoqué par Joëlle et Milord, Reaz et Rizwana Torabally le ressentent aussi. Ils sont aux commandes du magasin One o One, sis à Port-Louis. Ce jeune couple s’est lancé dans le business des multimédias il y a trois ans et demi. Parents de trois petites filles : Kenza, Miho et Meiko, pour eux, se mettre à leur compte était la seule solution «pour avoir plus d’indépendance et profiter des moments en famille». Mais ce choix comporte aussi d’autres avantages. «C’est dans cet univers-là que nous nous retrouvons, d’autant plus qu’on surmonte ensemble toutes les difficultés. Il y a des clashes qui surviennent au quotidien mais nous nous sommes habitués à cela, nous restons positifs avant tout», dit Reaz avec le sourire.
Leur équipe est constituée de trois employés qu’ils considèrent tout aussi bien comme leur famille. Les journées débutent souvent dans une atmosphère très soft, habituellement avec des blagues. Au travail comme à la maison, c’est Rizwana la chef. «Elle réfléchit deux fois avant de prendre une décision», explique Reaz, avant d’enchaîner : «Ma femme, je la respecte 24 heures sur 24. Je n’oublie pas que c’est mon épouse malgré le fait qu’on travaille ensemble. À la maison, cela nous arrive souvent de parler du boulot car c’est notre monde. On se retrouve dans ce milieu, on se partage des idées afin de pouvoir agrandir le business. Travailler avec mon épouse me permet de la comprendre car les jours où elle est fatiguée et qu’elle ne peut pas préparer à dîner, je m’en occupe. Notre travail n’est pas boring.»
Être en permanence en compagnie de l’autre et prendre des décisions conjugales plus vite en journée, avoir les mêmes vacances, mais aussi les mêmes responsabilités, réagir ensemble aux problèmes parentaux et des employés, avoir la même vision de la vie privée et professionnelle… Travailler en couple est un choix de vie avec ses avantages et ses inconvénients que ces couples ont pris… pour le meilleur et pour le pire.
Céline Dion et René Angélil, David et Victoria Beckham, Beyoncé et Jay-Z, Cathy et David Guetta ; tous ces couples ont un point en commun. Ils font partie du prestigieux palmarès des «couples in business» qui ont su allier travail et amour. Ils ne rechignent pas devant l’éventualité d’être contrôlés et «managés» par leur conjoint/e, tout en profitant de leur vie de couple et ils le font avec succès. Ces couples gèrent des fortunes estimées à des milliards de dollars avec une facilité déconcertante et ont fait de leur nom leur «marque de fabrique». Presque jamais vus l’un sans l’autre, ils préservent cette image de couple idéal comme un symbole de leur prospérité et se soutiennent mutuellement dans leurs carrières respectives.
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