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Ébola : Sommes-nous bien préparés ?

25 août 2014

L’épidémiologiste Wilson Gachari faisant une présentation des équipements envoyés par l’OMS pour la protection du personnel médical mauricien au cas où le virus Ébola accèderait au sol mauricien.

Devant cette situation alarmante, c’est le monde entier qui est en alerte. Les États africains ferment leurs frontières les uns après les autres, la France crée un dispositif de crise, les États-Unis et d’autres pays aussi. Mais qu’en est-il de Maurice ? La population s’inquiète de la proximité de l’épidémie et se demande si nous sommes suffisamment préparés à affronter une éventuelle propagation de l’Ébola au niveau local.

Il semble que les autorités aient tout prévu pour empêcher ce mal de pénétrer sur le sol mauricien. Le ministre de la Santé, Lormus Bundhoo, a d’ailleurs exposé son plan de prévention (Draft National Preparedness Plan) au cours d’un atelier de travail à l’hôpital de Souillac le mardi 19 août. Il s’est exprimé en face des représentants de son ministère et d’experts de la santé, dont le Dr Wilson Gachari de l’Organisation mondiale de la Santé et épidémiologiste de renom. En sus des mesures déjà énumérées visant à empêcher l’arrivée du virus sur nos côtes, Lormus Bundhoo a parlé de la préparation de trois «scénarios catastrophe» en expliquant en détails ce qui sera fait si Maurice est touchée.

Dans les cas où un passager étranger malade arriverait à Maurice, la mise en quarantaine du cas suspect serait tout de suite appliquée. Le deuxième scénario envisagé serait une «mini épidémie» dans une région spécifique. Dans ce cas précis, l’entourage direct du malade serait également mis en isolement avec un «cordon sanitaire» délimitant la zone infectée. Finalement, en cas d’épidémie générale, les efforts seront concentrés sur le contrôle de l’évolution de la maladie en essayant de réduire le taux de mortalité tout en identifiant toutes les personnes qui ont été en contact avec des malades, même si ces derniers sont en bonne santé.

Néanmoins, toutes ces mesures sont théoriques et ont été pratiquées dans les pays les plus touchés par l’Ébola. Nous sommes allés à la rencontre du Dr Mike Sooknundun, spécialiste à la Clinique du Nord, pour savoir si en pratique, le plan du ministère de la Santé est fiable. Le médecin se veut rassurant quant à une arrivée du virus à Maurice : «Le virus ne devrait pas atterrir dans notre île vu qu’on a un cordon sanitaire costaud à l’aéroport comme au port.» Par ailleurs, selon le docteur, «l’index de suspicion de nos professionnels de santé, médecins et infirmiers, devrait être à son maximum. Si le personnel médical est bien équipé, il ne devrait pas pénétrer la terre mauricienne».

En effet, le Dr Sooknundun soutient que «le ministère agit énormément en faveur de la population car des mesures drastiques ont été prises». En effet, explique-t-il, même la température du passager est prise avant qu’il n’arrive au comptoir sanitaire.

Durant cette période, le personnel hospitalier est aussi au centre de toutes les attentions. Entre formation intensive et inquiétude, les infirmiers et docteurs sont tout autant préoccupés par cette épidémie en Afrique que les Mauriciens en général. Mais ils sont prêts à faire leur devoir : «C’est notre devoir de soigner tout être humain malade. De plus, nous devons aussi nous protéger pour ne pas contracter et propager aucun virus.» Les professionnels de la médecine et les autorités sont très conscients de la virulence de l’Ébola et de sa gravité : «Il est rare de guérir de l’Ébola car il n’existe aucun traitement jusqu’à présent pour cette maladie.»

Les chiffres communiqués sur le nombre exact de cas et de décès liés au virus Ébola sont encore flous – l’OMS a reconnu, le 17 août, avoir sous-estimé le nombre de cas rapportés et le nombre de morts –, mais il y a tout de même beaucoup de personnes qui y ont survécu. «Si la personne contractant l’Ébola est déjà atteinte de maladies chroniques telles que le diabète, le VIH, a les poumons infectés ou un cancer, ses défenses immunitaires sont très basses et elle est plus à risques. Si les défenses immunitaires d’une personne sont très fortes, elle a des chances de survivre», soutient le Dr Sooknundun.

En tout cas, la menace Ébola est bien réelle de par le monde en raison des fluctuations incessantes de passagers. Toutefois, le ministre Bundhoo a souligné que le gouvernement fera tout son possible pour tenir la maladie éloignée des côtes de Maurice. La population a également été invitée à éviter jusqu’à nouvel ordre tout déplacement vers des pays où sévit le virus, notamment en Guinée, en Sierra Leone, au Nigeria et au Liberia.

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